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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice
Autoren: Andrea H. Japp
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tueries.
    — Et savez-vous…
    — Non pas. Je pourrais certes finir par découvrir son identité afin de le livrer à la justice royale, mais moult affaires de France occupent la moindre de mes minutes.
    — Bien plus urgentes, approuva Monseigneur de Valois de plus en plus mal à l’aise parce qu’il venait de comprendre que ces meurtres qui l’arrangeaient tant n’avaient jamais été fortuits.
    Une houle d’appréhension l’envahit lorsqu’il perçut enfin toutes les implications du sous-entendu de Nogaret. Maudit Adelin d’Estrevers ! Coquin, vaurien, maudit ! D’autant qu’il parlerait, inventerait même sous la Question que ne manquerait pas d’exiger Nogaret. Certes, Charles avait demandé à son grand bailli d’épée de trouver ou de créer de toutes pièces bon prétexte pour acculer Guy de Trais, c’est-à-dire Jean II de Bretagne, afin de récupérer l’opulente Nogent-le-Rotrou. Mais jamais, au grand jamais, il n’avait soupçonné que son homme organiserait les tortures et les meurtres d’enfants ! Le soupçon ne l’avait même pas effleuré lorsque les premiers petits cadavres avaient été découverts, même si la nouvelle l’arrangeait fort. Doux Agneau ! Dieu le jugerait-il complice d’une telle monstruosité ? Ah, que nenni ! Il lui fallait réparer, demander humble pardon à son Créateur pour une terrible faute qu’il n’avait pas commise mais qui n’aurait jamais existé sans lui.
    Et Arnaud de Tisans, dont Estrevers avait requis l’aide ? Qu’en faire, de celui-là ? Et que savait-il au juste ? Et ce Maître de Haute Justice de Mortagne ? Une sueur de crainte perla au front du frère du roi. Comme s’il avait lu dans ses pensées, messire de Nogaret, qui connaissait l’âme des hommes, et notamment celle des puissants aussi bien que la paume de sa main, déclara :
    — J’avoue que l’histoire était fort embrouillée, au point que je ne m’étonne guère que vous n’en ayez pas eu vent, rusa le conseiller. Ainsi, ma grande oreille eût été dans l’incapacité d’y voir clair sans la sagacité d’un exécuteur des hautes œuvres de Mortagne, un certain… comment se nomme-t-il, déjà ? Peu importe. Bref, M. Justice de Mortagne. Malheureusement, l’homme, quoique fin et pugnace, n’a pu découvrir l’identité bien mystérieuse du commanditaire. Uniquement celle du vil assassin. Qui a rendu son âme immonde au diable, ainsi que je vous l’ai dit.
    Le soupir de soulagement du frère du roi fut perceptible. Nogaret réprima un sourire. Ce cadet-Venelle l’avait aidé sans en exiger contrepartie. Nogaret lui renvoyait la politesse, ne doutant pas de la suite.

    Il aimait bien Charles de Valois ce soir, son inhabituelle affection tenant beaucoup au fait qu’il l’avait manipulé sans difficulté et amené où il le souhaitait. Une issue rondement acquise, du moins le serait-elle sous peu. Soudain de bonne humeur, il décida d’offrir un présent au frère du roi, d’autant que la stabilité du duché de Bretagne et son inclination pour la France étaient cruciales. Se levant afin de prendre congé, il déclara d’une voix un peu peinée :
    — Monseigneur, vous n’ignorez pas que je vous ai en belle estime. Bah, que sont quelques différends au sujet de piécettes ?
    Des dizaines de milliers de livres prélevées d’un Trésor exsangue, rectifia Nogaret pour lui-même avant de poursuivre :
    — Vous connaissez mon goût pour les comptes d’apothicaire 7  ! Je le déplore parfois, je vous l’avoue. Quoi qu’il en soit, des… rumeurs… s’échappent de gens de votre service, concernant notamment la bonne santé de femme de votre chère fille, mentit-il. De fâcheuses déductions pourraient en être tirées à la hâte. Imaginez… une répudiation ! L’Anglois pousserait aussitôt ses pions. Mon cœur se fendrait de chagrin si le duché de Bretagne ne revenait pas dans le preux giron des Valois. Je vous souhaite la belle nuit et demeure votre respectueux obligé.

    Charles de Valois fulminait : Chappe, Émile Chappe, vil serpent dont il se défiait depuis quelque temps !
    Joli coup, songea messire de Nogaret en s’inclinant devant le frère du roi. Chappe appartenait à la race des traîtres qui se cherchent bonne figure. Nogaret ne lui avait jamais fait confiance, même s’il l’avait bien servi, certain que le jeune secrétaire se retournerait contre lui si plus lucrative et plus honorifique proposition lui était
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