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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice
Autoren: Andrea H. Japp
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soupçonné l’existence.
    Il venait de retrouver Marie, par-delà la mort. La mort, celle qu’il lui avait infligée, venait de libérer Marie. Jamais plus il ne la laisserait partir.
    Quittant sans un mot maîtresse Hase stupéfaite, il fonça vers l’auberge afin d’y ramasser ses affaires.

XLVI
    Citadelle du Louvre, Paris, novembre 1305
    L ’alarme le disputa à la surprise en Mgr Charles de Valois lorsque messire de Nogaret se fit annoncer, non pas en sa salle d’études mais en ses appartements privés, après le souper, à la nuit échue.
    D’une courtoisie de pure forme, leurs relations pouvaient en réalité se résumer à une constante défiance. Valois n’ignorait pas qu’il exaspérait Nogaret l’austère, aussi pingre des deniers de l’État que des siens. Mais, bah, lui était le frère du roi ! De plus, il avait à son actif quelques beaux succès militaires, quelques débâcles aussi, notamment après s’être taillé une réputation de vil pillard en Sicile au point d’être contraint de rentrer en Royaume de France la queue basse 1 . Nulle utilité à s’appesantir sur de fâcheux souvenirs ! Quoi qu’il en fût, Mgr de Valois se méfiait du triste mulot, méfiance qu’il savait réciproque. En dépit de son peu d’agilité politique, il n’ignorait pas non plus que Nogaret ferait un redoutable adversaire, le cas échéant. Aussi, ne comprenant pas les tenants et aboutissants de toutes les affaires, tous les complots que le conseiller de son frère tenait de main de maître, usait-il envers lui d’une extrême prudence, et surtout d’une bonhomie qu’il était loin de ressentir.
    Il avait immédiatement exigé de l’huissier qu’il fasse porter sitôt une collation, accompagnée d’un cruchon de bon vin.

    Il accueillit avec une jovialité forcée son visiteur tardif, lui serrant les deux mains en feinte cordialité.
    — Le bonheur et la surprise de vous voir céans, messire de Nogaret.
    — Le bonheur et l’honneur sont miens, monseigneur.
    — Assoyons-nous, de grâce. Je connais la préciosité 2 de votre temps et ne l’ignore pas compté au plus juste. Je me doute donc de l’importance de votre venue.
    Guillaume de Nogaret lui fut vaguement reconnaissant de cette entrée en matière qui lui épargnait des artifices de bienséance avant d’en venir au vif. Il attendit qu’un serviteur dépose devant eux deux verres à bord d’argent et un plateau de pâtes d’amande, de coing et de pomme avant de s’asseoir sur l’une des chaises que lui désignait le frère du roi, moins haute de pieds que celle sur laquelle ce dernier prit place. Avant que Nogaret ait pu prononcer une phrase, Valois avait déjà englouti deux pâtes de fruit et bu la moitié de son verre de vin. Nogaret, que cette voracité dégoûtait un peu, tout comme le faste dispendieux de la grande antichambre semée d’épais tapis d’admirable facture, tendue de dorsaux sylvestres d’une éblouissante finesse de point, resta de marbre, un vague sourire de circonstance flottant sur ses lèvres.
    — Tout d’abord, monseigneur, soyez certain que le décès prématuré du grand-père d’alliance de votre fille Isabelle m’a bouleversé le cœur. Quelle malemort !
    — En effet, j’en ai eu les intérieurs chamboulés de deux jours…
    Si tu te goinfrais moins, tes intérieurs seraient aussi paisibles que les miens, songea messire de Nogaret en hochant la tête d’un air de commisération, évitant d’imaginer un Valois se précipitant vers son restrait afin de ne pas être gagné par l’hilarité.
    —… Bah, Dieu prend ce qui Lui revient quand bon Lui semble.
    — Quelle justesse de propos. Et donc, Arthur, beau-père de votre fille bien-aimée…
    — Reprendra la couronne ducale de Bretagne.
    — Ne manque plus qu’Isabelle, future duchesse, vous offre un mâle magnifique, avança Nogaret.
    Valois fut encore plus sur ses gardes. Sa soudaine tension n’échappa pas au conseiller.
    — Hoir qu’elle produira bientôt. Elle n’a pas quatorze ans, souligna le frère du roi.
    — Si fait. On la dit un peu souffrante et affaiblie, insinua Nogaret.
    — Fichtre ! Qui a eu l’outrecuidance de répandre cette rumeur ? Ma fille est de belle et robuste constitution. Peut-être le décès prématuré de son grand-père d’alliance l’a-t-il affectée, mais je puis vous certifier qu’elle aura abondante progéniture 3 .
    — Oh, je n’en doute aucunement. Mon cœur saignerait
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