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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice
Autoren: Andrea H. Japp
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faite. Le prévisible et emporté Charles penserait que le bon Émile avait clabaudé sur la fertilité de sa fille, épargnant du même coup la ventrière qui renseignait Guillaume de Nogaret. Un joli coup, en vérité. À bien peu de frais.
    1 - 1301-1302.

    2 - Dans le sens initial du terme, « chose précieuse », et non pas dans son sens d’« affecté » qui date du XVII e siècle.

    3 - Isabelle de Valois, première épouse de Jean de Bretagne, décéda en 1309, à l’âge de dix-sept ans, sans descendant, et trois ans avant que son époux, le futur Jean III, ne devienne duc de Bretagne, en 1312.

    4 - La maille était la pièce de plus faible valeur ; en d’autres termes, on ne pouvait pas la partager (départir), sous-entendant un désaccord. L’expression a donné « maille à partir ».

    5 - De colmare (combler).

    6 - Il s’agissait des sages-femmes qui entouraient les dames de qualité, les aidant à concevoir, surveillant la grossesse, l’accouchement et les premiers mois du nouveau-né.

    7 - L’expression n’était pas péjorative à l’époque, contrairement à aujourd’hui, où elle indique une personne pinailleuse. Elle venait du fait que les apothicaires devaient préparer de minuscules quantités de substances, parfois très toxiques, en s’aidant de balances et de poids peu fiables et peu précis. En d’autres termes, ils devaient faire preuve d’une grande méticulosité.

XLVII
    Paris, novembre 1305
    A ssez satisfait de la façon dont il avait avancé, Émile Chappe sortit en sifflotant de la grosse tour du Louvre. Une nuit sombre estompait le contour des maisons et un désagréable crachin glacial tombait. Mais rien ne pouvait altérer sa bonne humeur. Son existence s’annonçait rayonnante aux côtés de messire de Nogaret. Peut-être un jour aurait-il l’insigne honneur d’approcher le roi ? Il frissonna de convoitise à cette perspective. Ah, quel magnifique et prospère futur s’offrait enfin à lui.
    Il remonta vers la porte Saint-Honoré à pas allègres. Une silhouette se détacha d’un porche de maison. Aussitôt sur ses gardes, Émile frôla le pommeau de sa dague de ceinture. Un rire léger fusa :
    — Holà, mon tout beau. Certes, ta bourse m’intéresse, mais j’imagine moyens plus aimables d’en obtenir une fraction, pouffa une jeune fille ravissante, aux longs cheveux noirs frisés.
    Elle semblait saine, de belle peau, d’haleine fraîche, bref sans ces maladies de Vénus qui défiguraient parfois les puterelles de rues ou de maisons lupanardes. De plus, elle était de langue assez élégante. Pas une fillette 1 de bas étage.
    — Je ne sais si je me sens d’humeur, rétorqua-t-il lorsqu’elle s’approcha de lui en souriant.
    — L’humeur ? Mais la belle humeur des hommes est mon art.
    — Combien ?
    — Pour toi ? Oh, rien ou presque. Ta vie, quoi d’autre ?

    Émile Chappe ne comprit pas. Une effroyable douleur explosa dans sa poitrine, du côté gauche. Il baissa la tête, se demandant vaguement ce qu’était ce manche recouvert de cuir noir qui dépassait de son mantel. Il aspira l’air qui se refusait à lui, ouvrant grande la bouche. Une vague tiède, douceâtre et métallique lui noya la gorge. Il dégorgea son sang en s’écroulant sur les pavés trempés. Il tenta d’agripper de sa main le bas de la cotte rouge de la fille qui sauta de côté. Il tenta de la maudire. Son bras retomba. Il gargouilla :
    — Qui… qui…
    — Quelle importance ? Un bon payeur. Que demander de plus ?
    Il était mort lorsque la fille tira son coutelas de ses chairs et essuya la lame sanglante sur son mantel. Elle jeta un regard indifférent aux yeux grands ouverts qui s’opacifiaient, au visage trempé de pluie, et disparut dans la nuit.
    1 - Prostituée.

XLVIII
    Alentours de Malétable, novembre 1305
    L ’étalon bai de messire Adelin d’Estrevers déboula en galopant dans la rue principale de Malétable, le col maculé d’une écume d’effort et le regard fou comme s’il avait tous les diables de l’enfer à ses trousses. Trois hommes durent unir leurs forces afin de l’immobiliser par les rênes et de l’apaiser.
    En dépit du peu d’enthousiasme des villageois, qui ne souhaitaient pas se mêler d’une affaire concernant le sinistre grand bailli d’épée, une battue dans les bois et champs voisins fut décidée, ou plutôt exigée, par le prêtre du village, qui redoutait que messire d’Estrevers ait été jeté à
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