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Le Brasier de Justice

Le Brasier de Justice

Titel: Le Brasier de Justice
Autoren: Andrea H. Japp
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Nogent-le-Rotrou.
    M ADELEINE F ROMENTIN , ÉLOI T ALON , A LPHONSE F ORTIN , A DÈLE B AUBETTE née Sarpin : serviteurs ou anciens serviteurs de Garin et Muriette Lafoi.
     
    B ÉATRICE DE V IGONRIN  : baronne mère.
    M AHAUT DE V IGONRIN  : sa belle-fille, baronne.
    A GNÈS DE M ALEGNEUX  : fille de Béatrice.
    E USTACHE DE M ALEGNEUX  : mari d’Agnès.
     
    Personnages historiques :
    P HILIPPE LE B EL, C LÉMENT V , G UILLAUME DE N OGARET, C ATHERINE DE C OURTENAY, I SABELLE DE V ALOIS, C HARLES DE V ALOIS, J EAN II DE B RETAGNE.

V
    Alentours de Mortagne-au-Perche, septembre 1305
    L orsque Hardouin cadet-Venelle se réveilla, le soleil était déjà haut. Il mit quelques instants à comprendre ce qu’il faisait dans la cuisine, avachi sur la table. Puis l’effarante transe de la nuit lui revint. Il détailla ses avant-bras meurtris. Une multitude de fines griffures traçait un réseau rougeâtre sur sa peau, évoquant des griffes de chat. Pourtant, il n’éprouvait nulle gêne, nulle douleur.
    En dépit de son affreux cauchemar, il se sentait bien, revigoré, fort. Il lui sembla même que son esprit avait gagné en acuité, en clarté.
    Il sut sans ambiguïté qu’une irréparable fêlure s’était installée en lui. Un infranchissable précipice séparait maintenant sa vie d’avant de celle d’après, même s’il n’avait pas la moindre idée de ce que serait la seconde.
    Une révélation s’imposa : un meurtre de trop, car il s’agissait d’un meurtre, avait métamorphosé son existence, sa perception des êtres, de la mort et surtout de Dieu. Le meurtre de Marie de Salvin.
    Une conviction, déroutante au point de le faire sourire, lui vint : son esprit savait ce que lui ignorait encore.

    Il héla Bernadine, qui apparut presque aussitôt, preuve qu’elle se tenait tout près, attendant son éveil.
    — J’ai faim, ma bonne. Une faim de loup.
    — Que voilà réjouissante nouvelle. J’me hâte et vous remplis la panse.
    Hardouin dévora, avec un appétit qu’il ne s’était jamais connu. Bernadine le couvait du regard. Elle ne posa aucune question, sachant que les réponses de son maître fluctueraient dans les heures à venir.
    Au potage au lait d’amandes et au pain trempé fit suite une généreuse part de gravé de petits oiseaux 1 servie sur un tranchoir 2 , qu’accompagnait une purée de févettes. Hardouin engloutit ensuite du fromage frais, puis attaqua le taillis aux fruits secs 3 . Il arrosa le tout d’un verre 4 de vin fin. Son repas terminé, il pria Bernadine de se joindre à lui. Elle se servit avec précaution de crainte d’ébrécher le précieux verre et s’installa face à lui, contente de cette marque d’affection et d’estime.
    — Célébrons, proposa-t-il.
    — Quoi donc ?
    — Je ne sais. Néanmoins, il y a matière à célébration, j’en suis certain.
    Ils trinquèrent avec délicatesse et burent en silence. Une sourde inquiétude rongeait Bernadine depuis la nuit précédente. Où l’esprit de son maître s’était-il égaré ? Dans quelles malfaisantes contrées ? Était-il revenu indemne de ce voyage dont elle avait déjà été témoin une fois, et dont elle était convaincue qu’il avait tué son époux à petit feu ? Car Gilles ne s’était jamais remis d’une nuit semblable. Il avait ensuite vivoté, refusant de parler, d’évoquer les terribles visions qui l’avaient agité, pantelant, suant, gémissant toute une nuit, sans qu’elle parvienne à l’éveiller. Il s’était peu à peu éteint, sans raison apparente, telle une flamme de bougie. La vie aspirée par une sombre force que Bernadine était incapable de définir.
    — Tu es bien silencieuse.
    — J’attends vot’ bon vouloir.
    — Je doute qu’il s’agisse de vouloir, bon ou mauvais, et peu importe.
    — Je n’vous comprends point, mon maître.
    — Moi non plus. J’attends. J’attends ce qui doit survenir. Demande, veux-tu, que l’on selle Fringant. J’ai besoin de sortir, de prendre le vent.
    Elle acquiesça d’un signe de tête. La peur s’était lovée en elle.

    Dès qu’Hardouin fut en selle, le bel étalon noir, son complice depuis des années, s’agita, levant nerveusement la tête, hennissant, donnant de la crinière. Hardouin lui flatta le col, lui parla avec douceur. Les mots qui sortirent de sa bouche le figèrent, tant ils résumaient ce qu’il sentait au plus profond de lui, sans même l’avoir pensé :
    — Je suis toujours ton
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