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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford
Autoren: Ron Hansen
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s’exila pas à
l’étranger, il ne chercha pas à s’évanouir dans la nature. Au contraire, il se
mura dans son rôle de réprouvé et de scélérat, affectant d’être apprécié par
beaucoup et professant qu’il savait exactement quand et comment il mourrait, si
bien qu’il n’avait aucune crainte.
    Le 5 juin au soir, des
inconnus (peut-être à l’instigation de Soapy Smith) déversèrent du pétrole tout
autour de l’Exchange Club, puis y jetèrent une allumette. Les flammes
grimpèrent comme du lierre le long des murs en bois et gagnèrent la salle de jeu,
où elles attaquèrent les tentures par la base, firent éclater le verre et
distordirent l’acier jusqu’à ce qu’elles ressortent et se propagent aux
constructions alentour. Le feu se mua très vite en un énorme incendie qui
dévora non seulement l’établissement de Bob, mais tous les bâtiments en toile, en
planches ou en pin de la vallée, ravageant une bonne partie de Creede et
générant une telle chaleur que les hommes renoncèrent à jeter sur le brasier
leurs seaux d’eau puisés dans Willow Creek pour asperger plutôt la robe fumante
de leurs animaux paniqués afin de les rafraîchir.
    Bob ne parvint à sauver que quelques caisses d’alcool
et son piano droit, mais il persista avec l’incorrigible acharnement qui le
caractérisa toute sa vie. Il prospecta les zones épargnées de la vallée et
acheta à Jimtown une grande tente en toile pourvue d’un long plancher et dont
le plafond, soutenu par des poteaux en bois, culminait à cinq mètres et demi de
hauteur, tente qui avait par le passé servi d’auberge entre le Leadville Headquarters,
un bureau minier, et le Café, un chalet qui abritait une cantine. Puis Bob
sauva des décombres un grand segment de son bar Eastlake et, à l’aide d’un
attelage de mules, le remorqua le long de Rio Grande Avenue jusqu’à sa tente, dont
il consacra l’essentiel de la surface à la danse, seule activité que ne
proposaient ni l’Orleans Club, ni le Gunnison Club and Exchange.
    Bob baptisa son cinquième saloon l’Omaha Club
et l’inaugura en fanfare le mardi 7 juin. Il engagea deux violonistes en sus de
son pianiste et factura à ses clients empressés et émoustillés un dollar pour
cinq minutes de mazurka, de scottish ou de valse avec les jolies filles qu’ils
n’avaient jusqu’alors pu que lorgner avec des yeux avides. Chaque morceau était
suivi d’un entracte durant lequel les danseuses étaient encouragées à entraîner
leurs partenaires jusqu’au bar ou à se retirer avec eux sous des tentes privées,
à la suite de quoi elles partageaient les recettes de chaque entreprise avec
Bob. Vers huit heures du soir, tant d’hommes aguichés se pressaient dans le
saloon que bon nombre des couples dansaient dans les rues et Bob et ses filles
semblaient si bien partis pour devenir riches que Nellie Russell alla trouver Mr Ford
et lui assura qu’elle accepterait n’importe quelle place à l’Omaha Club, y
compris en tant que prostituée.
    Ils remontèrent Rio Grande Avenue ensemble et
Bob la soumit à l’interrogatoire d’usage. Il apprit ainsi que Miss Russell
avait grandi à St Joseph, Missouri, qu’elle devait avoir dix ans à l’époque
où Bob avait séjourné dans le pavillon de Lafayette Street. Elle lui raconta
que la nuit, les enfants avaient coutume de s’accroupir près des fenêtres du
séjour pour s’effrayer en essayant d’entrevoir le fantôme de Jesse. Elle-même
ne l’avait jamais vu, mais un de ses camarades jurait que l’apparition l’avait
un jour surpris en se matérialisant près d’un miroir, pareil à un nuage de
vapeur au-dessus d’une théière – à l’exception de ses yeux bleus, sévères et
perçants. Vivre dans cette maison avait été une expérience si traumatisante
pour tous les occupants qui s’y étaient succédé que, au cours des dix années
qui s’étaient enfuies, les quatorze dollars par mois de loyer que payait Thomas
Howard étaient descendus à huit, une affaire, dont pourtant nul ne voulait. Le
bâtiment était en passe d’être vendu pour des motifs fiscaux lorsque Nellie
avait émigré vers l’Ouest.
    Bob en profita pour changer de sujet de
conversation et demanda à la jeune femme pourquoi elle avait choisi Creede. Nellie
haussa les épaules.
    « Partout en Amérique, on voit des
panneaux à propos de tous ces gens qui font fortune à Creede. Je trouvais ça
doux à mon oreille – le nom, je veux dire :
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