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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford
Autoren: Ron Hansen
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ajouta-t-elle.
    Bob quitta la pièce sans lui dire au revoir.
    En 1900, Dorothy Evans devait épouser un
dénommé James Feeney, de Durango, Colorado, et adopter deux filles (dont une
presque sourde) que, d’après la rumeur, elle maltraitait. Son mariage ne fut
pas plus heureux que son concubinage et Mr Feeney finit par l’abandonner
pour devenir bookmaker sur les champs de course de Trinidad et de Pueblo.
« Mon mari est parti, je suis en piètre santé, j’ai hypothéqué tous nos
meubles et il n’y a presque plus rien qui nous appartienne », se
plaignit-elle auprès d’un voisin en juin 1902. Le vendredi 13, elle envoya une
de ses filles au drugstore avec un mot pour que celle-ci lui rapportât pour cinquante
cents de chloroforme. Puis, le dimanche matin, elle revêtit sa robe de mariée
en soie verte et prévint ses filles qu’elle allait faire une sieste. Après quoi,
elle imbiba de chloroforme un linge qu’elle se plaqua sur le nez jusqu’à ce qu’elle
fut si profondément endormie qu’elle ne s’éveilla plus jamais.
    Bob tria son courrier, puis emporta les
journaux auxquels il était abonné et se rendit sur sa jument au bord de la Rio
Grande River pour les parcourir. Il suspendit son veston à une branche et s’assit
sur le manchon de papier brun dans lequel son quotidien de Denver était expédié.
Des taches d’ombre jouaient sur lui ; l’herbe bruissait. Le soleil
étincelait sur la rivière encore froide à cause de la neige. Des gamins avec
des cannes à pêche se tenaient près de l’eau et y trempaient des hameçons
garnis de grains de maïs jaunes. La Convention nationale républicaine se
réunissait à Minneapolis. Selon toute vraisemblance, le président Benjamin
Harrison allait à nouveau être désigné comme candidat. La bande des Dalton
avait dévalisé un train de la Santa Fe à Red Rock, dans les territoires indiens
et une chasse à l’homme était en cours. Bob sourit. « Bonne chance »,
leur souhaita-t-il à voix haute. Il extirpa de la poche de son veston une pomme
qu’il mangea tout en tournant les pages. Il vit un bâton faisant office de
flotteur tournoyer sur la rivière, puis couler et il releva la tête pour
observer l’un des enfants ramener sa prise vers la rive, mais le poisson bondit
hors de l’eau, se débattit dans des gerbes d’éclaboussures et se libéra tout à
coup. Tandis que le garçon pestait, Bob remit son veston, offrit son trognon de
pomme à sa jument, puis regagna Jimtown.
    Le shérif adjoint Edward O. Kelly descendit de
Bachelor vers une heure de l’après-midi. Il n’avait nul plan magistral, nulle
stratégie, nul pacte avec des autorités supérieures – rien hormis un vague
appétit de gloire et une soif de revanche généralisée à l’encontre de Robert
Ford. Il déjeuna d’un sandwich et d’une soupe au restaurant de Newman Vidal où
un Québécois du nom de « French » Joe Duval se joignit à lui. Duval
soutint plus tard que Kelly lui avait affirmé avoir reçu un message. « Je
ne vais pas laisser à ce sale lâche l’occasion de me flinguer comme son cousin
Jesse James », aurait conclu Kelly. Ils agirent donc en connaissance de
cause. Ils pénétrèrent dans l’atelier d’un mécanicien, où ils scièrent un tuyau
en plomb en tronçons de trois millimètres que French Joe recoupa en deux avec
un burin. Duval avait sur lui un fusil de chasse de calibre dix à deux canons. Kelly
ôta les cartouches, en découpa le sommet en papier, vida les plombs sur le sol
et leur substitua une charge de poudre supplémentaire, puis referma les
munitions et rechargea l’arme. Il confectionna ensuite un entonnoir en papier, au
moyen duquel il versa les copeaux de tuyau dans le canon droit, puis le gauche.
Enfin, Duval referma son long manteau sur le fusil et s’éloigna, la crosse en
noyer contre la tige de sa botte droite.
    Edward O. Kelly se verrait condamné à une
peine de prison à perpétuité dans un pénitencier du Colorado, pour homicide
volontaire sans préméditation, et French Joe Duval, son complice, à deux ans de
réclusion. Une pétition en faveur de la libération de Kelly recueillit
cependant plus de sept mille signatures et, en 1902, le gouverneur James B. Orman
le gracia. Kelly écrivit plusieurs lettres affreuses à l’ancienne compagne de
Bob Ford à Durango, mais en dehors de cela, il se borna à se faire arrêter pour
vagabondage et mendicité dans diverses petites villes. Il implora
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