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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford
Autoren: Ron Hansen
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Creede, creed, croyance… Vous
n’êtes pas d’accord ? »
    Bob se rit de son ingénuité.
    « Ce n’est même pas le vrai nom de ce
type ! En fait, il s’appelait William Harvey ! Et la seule raison de
son départ pour l’Ouest, c’est parce que sa bonne amie l’a plaqué pour épouser
son frère aîné. Pas de quoi entrer en religion !
    — Même. Ça suggère de bonnes choses.
    — Pas toujours », objecta-t-il.
    Les parois et les buttes de la vallée
dressaient autour d’eux leurs remparts d’un noir profond qui se détachait sur
le bleu tout aussi profond du ciel. L’incendie avait dévasté quantité d’habitations
et les déracinés avaient été transplantés à Jimtown, où ils dormaient à même le
sol, comme des indigènes des îles, comme des serfs. Bob apercevait la lumière
des feux de camp et des cigarettes sur les contreforts et, tandis que Nellie et
lui poursuivaient leur conversation pratique en marchant, il entendait le
joyeux tumulte de l’Omaha Club, où les musiciens entamaient « Pop goes the
weasel », mais il discernait également, plus bas, les discussions pleines
d’espoir des marchands, des prospecteurs, des ouvriers et des commis qui
avaient perdu le peu qu’ils possédaient.
    Nellie pencha la tête pour le détailler.
    « Je vous aurais reconnu n’importe où. Vous
êtes comme en photographie. »
    Bob lui décocha un coup d’œil un chouïa agacé.
    « Pourtant, je ne suis plus le même gamin.
J’ai vieilli.
    — À mes yeux, vous étiez si courageux, si
romantique. Pour moi, vous étiez l’homme le plus séduisant du monde.
    — Je m’entends bien avec les fillettes de
dix ans, mais dès qu’elles en atteignent onze ou douze, je suis fichu. »
    Elle rit, puis se fit taciturne, comme si
quelque chose la tourmentait, son regard gris se fondit au loin dans la nuit et
elle serra sur sa poitrine les pans de son châle dans son poing pâle. Deux
minutes s’écoulèrent, puis elle se sentit embarrassée par son propre silence.
    « Un ange passe », murmura-t-elle.
    Bob s’abstint de tout commentaire.
    « Les montagnes sont si escarpées tout
autour de nous ! s’extasia-t-elle. On se croirait au fond d’une enveloppe ! »
    Bob contempla le profil de Nellie et son
sourire, des plus jolis.
    « Vous allez me questionner sur Jesse, devina-t-il.
    — Comment le savez-vous ?
    — Tout le monde me questionne sur Jesse. »
    Bob prit doucement Miss Russell par le coude
afin de la raccompagner jusqu’à l’Omaha Club, puis laissa sa main droite
glisser jusqu’au bas du dos de la jeune femme afin de palper le grain de sa
peau à travers sa robe glacée.
    « Il était plus grand que vous ne pouvez
vous l’imaginer et il était affamé en permanence. Il n’était jamais rassasié. Il
avalait d’abord toute la nourriture dans la salle à manger, puis toutes les
assiettes, puis tous les verres et jusqu’à la flamme des chandelles ; il
engloutissait jusqu’à l’air dans vos poumons, jusqu’à la dernière pensée dans
votre cervelle. Vous alliez le voir par désir d’être avec lui, par désir d’être
comme lui et quand vous repartiez, il vous manquait toujours quelque chose. »
Bob considéra avec colère la jeune femme qui, bien entendu, le dévisageait avec
une expression interdite. « Maintenant, vous comprenez pourquoi je l’ai
tué. »
    Miss Russell inspecta un instant le sol tandis
qu’ils continuaient à avancer et quand elle reprit la parole, ce fut avec de l’amertume
dans la voix.
    « Mon père nous lisait les articles sur
vous dans les journaux qu’il achetait. Il nous disait que nous vivions un
moment important dans l’Histoire. Il estimait que vous aviez rendu un grand
service au monde entier.
    — Sur votre droite, vous avez le
Leadville Headquarters, lâcha Bob. Là, c’est l’atelier du forgeron. On ne les
voit pas d’ici, mais derrière le saloon, j’ai quatre tentes vertes dont des
hommes entrent et sortent toute la nuit.
    — Vous me faites de la peine », articula
Nellie.
    Il voyait à ses yeux scintillants qu’elle
pleurait.
    « Vous feriez mieux de rentrer chez vous »,
lui conseilla Bob.
    Elle protesta de la tête, mais demeura
silencieuse.
    « Ne travaillez pas pour moi, lui
enjoignit Bob.
    — Non ?
    — Vous avez encore votre dignité. Ne la
bradez pas contre de l’argent. »
    Il y eut une nouvelle pause entre deux danses.
Des hommes pomponnés accoutrés de hideux vêtements marron
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