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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood
Autoren: Paul C. Doherty
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verdure, traversé par le chemin poussiéreux.
    — Au moins, il n’y a personne ! constata Willoughby d’une voix grinçante.
    Spencer se retourna vers le convoi :
    — Croyez-vous que nous soyons hors de danger ?
    — Je l’espère ! Il le faut ! Le roi a besoin de cet argent. Les fonds doivent parvenir à l’Échiquier avant la semaine prochaine et à Douvres à la fin du mois.
    Ils flattèrent l’encolure de leurs montures baignées d’écume, sans attendre que les chariots les rejoignent. Spencer se dressa sur ses étriers.
    — Nous allons faire une halte...
    Le reste de sa phrase se perdit. Une longue flèche empennée, jaillie des taillis, s’était fichée droit dans sa gorge. Il tomba de cheval, s’étouffant dans son sang.
    Willoughby jeta des regards horrifiés à la ronde. Trois soldats de l’escorte gisaient déjà à terre ; deux conducteurs de chariots, figés sur leur siège, tête renversée, poitrine ou ventre transpercé par des traits barbelés, n’étaient plus que corps ensanglantés. Il y eut une seconde volée de flèches. Quelques cavaliers cédèrent à la panique tandis que les archers tombaient comme des mouches avant même d’avoir pu bander leurs arcs.
    — Ne bougez plus ! ordonna une voix de stentor partant du couvert des arbres. Messire le collecteur d’impôts, dites à vos hommes de déposer les armes ! Et donnez-leur l’exemple !
    L’un des cavaliers, plus brave ou plus stupide que les autres, dégaina son épée et éperonna son cheval. Deux flèches l’atteignirent en pleine poitrine et il roula dans la poussière. Un soldat sortit une flèche de son carquois et voulut s’abriter derrière un chariot, mais il n’en eut pas le temps : un dard d’acier, long d’une coudée, lui transperça les joues de part en part. Le malheureux bondit, tourna sur lui-même, émettant de petits cris étranglés et soulevant de légers nuages de poussière blanche sur le chemin.
    — Assez ! cria Willoughby, désespéré. Jetez vos armes !
    Il lâcha le pommeau de son épée, luisant de sueur, au moment où un groupe d’hommes armés, vêtus de capuchons et de justaucorps en drap vert de Lincoln, le visage caché sous un masque de cuir noir, débouchaient du couvert. Ils se déplaçaient sans bruit, comme des esprits ou comme les feux follets des marais ; ils avançaient dans un silence si terrifiant que Willoughby les prit pour les démons de la meute de Herne, le Chasseur Maudit. Mais ce n’était pas des spectres. C’étaient des hommes de guerre portant épées, poignards, rondaches, arcs et carquois, passés en bandoulière ou attachés au côté. D’autres surgirent de derrière les halliers. Willoughby parcourut la lisière du regard : quarante, voire cinquante assaillants, compta-t-il, le coeur empli d’angoisse. Et Dieu sait combien d’autres étaient tapis dans l’ombre des arbres. Le collecteur d’impôts se mordilla nerveusement les lèvres. De combien d’hommes disposait-il, lui ? Il contempla le sentier : au moins sept morts, treize survivants seulement. L’archer à la face transpercée hurlait toujours. Se précipitant vers lui, un hors-la-loi lui empoigna les cheveux et lui trancha vivement la gorge.
    — Oh, Sainte Vierge ! murmura Willoughby. Ne tuez plus ! s’écria-t-il.
    Un brigand s’avança. L’un des gardes de l’escorte sortit soudain un poignard de sa manche. Willoughby distingua les silhouettes dans la pénombre verte et avant qu’il eût pu protester, des cordes vibrèrent et l’infortuné soldat s’écroula, mortellement atteint, la bouche emplie de sang. Le chef des bandits s’approcha.
    — Descendez de cheval, Messire ! ordonna-t-il d’une voix sourde. Ne faites pas de bêtises ! Ne tentez rien ! La vie de vos hommes – du moins ceux qui vous restent – est entre vos mains.
    Willoughby s’épongea le front.
    — Faites ce qu’il dit ! hurla-t-il. Pas d’imprudences !
    Il observa attentivement le chef des brigands, mais ne décela rien, si ce n’est qu’il était grand et parlait avec un fort accent du Nord. Le capuchon et le masque dissimulaient entièrement son visage.
    — Suivez-nous ! beugla le hors-la-loi. Ceux qui désobéiront seront exécutés !
    Le convoi fit demi-tour et rebroussa chemin. Au bout de quelque temps, les chevaux furent dételés, les coffres descendus des chariots et la longue file des voleurs, des prisonniers et de l’or s’enfonça dans l’obscurité du
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