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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood
Autoren: Paul C. Doherty
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propriétaires, l’air pâle et effrayé à la lueur des torches, étaient assis en une longue file près du feu. Ils avaient perdu toute velléité de se battre et paraissaient terrifiés par la cruauté impassible dont ils venaient d’être témoins.
    Le chef des brigands vint s’accroupir en face de Willoughby. Il fourra un morceau de venaison rôtie dans sa main valide et plaça un gobelet d’épais vin rouge près de lui. Le clerc détourna les yeux. L’odeur de la viande lui mettait l’eau à la bouche et il se rendit compte qu’il n’avait rien mangé depuis la veille au soir.
    — Je suis désolé, murmura Robin des Bois, le visage toujours dissimulé sous son masque, mais je n’avais pas le choix. Regardez-les, Messire ! Ce sont des gibiers de potence, des hommes sans foi ni loi. Si je les laissais faire, ils vous massacreraient tous tant que vous êtes. Ils vous haïssent et n’ont aucun respect pour le roi, votre maître. Pour eux, l’argent de ces coffres leur revient de droit. Allez, venez vous asseoir avec nous, mais veillez à rabattre votre caquet !
    Il aida le collecteur à se relever. Ce dernier n’offrit aucune résistance et traversa la clairière, entraîné par le bandit qui lui fit une place près du feu. Il observa les truands qui découpaient d’énormes tranches de viande dégoulinantes de graisse. Bravant les flammes, chacun se taillait un morceau qu’il enfournait en mâchant vigoureusement jusqu’à ce que le jus lui coulât sur le menton. Malgré sa souffrance, Willoughby grignota un peu de viande et but quelques rasades de vin. Avaient-ils l’intention de le tuer ? se demanda-t-il. Y aurait-il des survivants ? Le chef, à ses côtés, gardait le silence.
    Celui qui parlait, surtout, c’était un colosse que ses compagnons appelaient Petit Jean. De toute évidence, c’était le lieutenant du chef et il n’avait pas participé à l’attaque du convoi. Lui aussi portait un masque ainsi que la femme assise à sa droite. Cette dernière était vêtue d’une robe en drap vert de Lincoln, dont l’ourlet effleurait ses hautes bottes de cavalière et dont le corsage enserrait étroitement le buste. Elle ne montrait aucune gêne, seule au milieu de tous ces hommes, remarqua le clerc. Conversations et discussions allaient bon train, certains chantaient, même. Le collecteur d’impôts sentit ses yeux se fermer, sa main lui faisait de plus en plus mal. Il s’empressa d’avaler une rasade de vin pour endormir la douleur. Puis il se laissa gagner par la torpeur et, malgré les railleries des brigands, se croisa les bras et s’étendit sur l’herbe, en se moquant éperdument de la suite des événements.
    Il se réveilla le lendemain matin, transi par le froid humide et en proie à d’horribles élancements dans sa main blessée. Le feu n’était que cendres fumantes. Il parcourut la clairière du regard : personne ! Il se mit péniblement debout et alla jusqu’aux grottes où il remarqua des litières rudimentaires, confectionnées avec des branches et des fougères. Il jeta un autre coup d’oeil à la ronde en poussant un gémissement, car la douleur s’était avivée.
    — Seigneur Jésus, prends pitié ! implora-t-il. Il ne reste plus rien !
    Oh, bien sûr, il y avait des reliefs de nourriture par terre et les oiseaux dans les arbres piaillaient avec colère en se voyant privés de butin. Willoughby avait l’estomac retourné par la souffrance et le mauvais vin. Il tomba à genoux et demeura un moment à sangloter, à reprendre son souffle et à vomir à cause du goût amer au fond de sa gorge. Tout d’un coup, il entendit craquer une brindille et leva les yeux.
    — Qui va là ? cria-t-il.
    Seul le silence lui répondit. Il distingua une tache de couleur dans les frondaisons, mais ses yeux étaient embués de larmes après ses violentes nausées. Il s’accroupit sur le sol, les vêtements souillés, le sang lui battant les tempes et la douleur irradiant dans tout son corps. Aucun signe des brigands. Aucune trace du festin sauvage de la veille, à part des reliefs de repas et des cendres fumantes.
    Il resta un moment pelotonné sur lui-même. Il aperçut à nouveau, du coin de l’oeil, une tache de couleur, mais son esprit était en déroute et son corps à bout de forces. Il n’osa pas se concentrer. Un cercle de douleur emprisonnait sa main. Il avait la fièvre et regrettait presque de ne pas avoir succombé à une mort rapide. Une énorme pie,
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