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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood
Autoren: Paul C. Doherty
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couvert.
    C’était la première fois que Willoughby se trouvait dans une forêt aussi dense : les fûts étaient si serrés qu’ils occultaient la lumière du soleil. Il ne pouvait que suivre ses ravisseurs, le désespoir dans l’âme, et cheminer péniblement sur la sente dérobée qui serpentait entre les taillis. Ils ne firent halte qu’une seule fois, pour étancher leur soif à un ru avant de poursuivre leur marche forcée. L’un des conducteurs de chariot, qui avait bravement claudiqué en dépit d’une tête de flèche fichée dans sa cuisse, finit par s’affaisser dans l’herbe. Le chef de la troupe lui susurra quelque chose. Le soldat grimaça un sourire sarcastique et le bandit passa derrière lui. Willoughby vit l’éclair du couteau et entendit le sifflement de l’acier ; le blessé eut un dernier soubresaut tandis que son sang s’écoulait avec sa vie.
    La journée passa ; la nuit vint, mais ils continuèrent à marcher. Ils traversaient parfois une clairière. En levant les yeux, Willoughby vit la pleine lune et le ciel constellé d’étoiles. Le sous-bois s’anima et se mit à bruire au passage de petits animaux. De temps à autre, une chouette s’abattait sans bruit sur sa proie dont le cri terrifié brisait alors le silence.
    Enfin, au moment où Willoughby pensait que ses forces allaient l’abandonner, les arbres s’espacèrent et la troupe pénétra dans une vaste clairière, éclairée par la lune et des torches de poix fixées à des poteaux enfoncés dans le sol. Le collecteur d’impôts jeta un regard circulaire. Au fond de la clairière s’élevait un impressionnant escarpement rocheux qui abritait, à sa base, les grottes servant de quartiers d’habitation aux hors-la-loi. Non loin de là, des brigands, qui s’affairaient à allumer un énorme feu de camp en y mettant des bûches, accueillirent leurs compagnons avec des acclamations et les prisonniers avec des quolibets.
    — Des invités pour notre festin ! beugla l’un d’eux qui, le visage maculé de boue, s’approcha de Willoughby et le toisa. Nous allons faire bonne chère ! marmonna-t-il. Avec le gibier du roi ! Regardez !
    Il désigna le ruisseau tout proche près duquel on avait dépecé et dépouillé un beau dix-cors avant de l’embrocher.
    Le chef des bandits se dirigea vers Willoughby :
    — Nous donnerons ce banquet en votre honneur, Messire !
    — Je ne mangerai pas avec vous !
    Des flèches furent, immédiatement, encochées sur les arcs.
    — Vous n’avez pas le choix, lança le brigand sur un ton de défi.
    — Comment vous appelez-vous ? demanda le collecteur d’impôts.
    — Oh. allons, Messire ! Vous n’ignorez ni mon nom ni mes titres. Je suis Robin des Bois, Robin de Sherwood, le Maître Archer, le fameux proscrit !
    — Vous n’êtes qu’un misérable coupe-jarret ! rétorqua Willoughby. Et un menteur, qui plus est ! Vous avez accepté l’amnistie du roi. Quand on vous arrêtera, on vous pendra haut et court !
    Le brigand s’avança et lui saisit le poignet. Willoughby eut un mouvement de recul en lisant la haine dans les yeux du visage masqué.
    — Voici mon palais, poursuivit le bandit. Ma cathédrale. Je suis roi de Sherwood et vous, Messire, êtes mon serviteur. Il va falloir apprendre le respect que vous me devez ! Vous autres, maintenez-lui la main !
    Trois hommes se précipitèrent et lui plaquèrent la main sur un tronc d’arbre, doigts écartés, avant même qu’il pût résister. Leur chef, chantonnant à mi-voix, dégaina son poignard et d’un coup net, lui trancha le bout des doigts. Willoughby hurla de douleur et s’écroula dans l’herbe. Le sang giclait de ses blessures, piquetant son habit de petites taches rouge vif.
    Le hors-la-loi s’éloigna à grands pas et revint en tenant un bol rempli de goudron. On empoigna derechef la main de Willoughby et l’individu qui se faisait appeler Robin des Bois lui enduisit les doigts du liquide brûlant.
    Le collecteur d’impôts n’eut pas la force d’en supporter davantage. Il ferma les yeux en criant jusqu’à s’évanouir. Lorsqu’il reprit connaissance, la souffrance avait fait place à une douleur lancinante. Serrant la main mutilée contre sa poitrine, il contempla la clairière : les pillards avaient vidé les coffres et les jetaient dans le feu qui ronflait. Les chevaux avaient disparu. Willoughby aperçut les armes de ses soldats empilées sous un arbre tandis que leurs
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