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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan
Autoren: Jean-François Parot
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remettre à cette autorité suggérait qu’il y avait derrière cet apparent accident autre chose, indicible, qu’on ne saurait écarter. Un meurtre ? Il fallait raisonner à froid. Qui était exactement le vicomte de Trabard ? Il devait aussi se porter sur les lieux pour constater les circonstances de ce décès. Encore ne pouvait-on exclure que tout ait déjà été bousculé, au risque de troubler toute amorce sérieuse d’enquête. Qui dans la camarilla de Trianon avait intérêt à faire appel à la reine et pourquoi ? Cette influence inconnue serait-elle satisfaite que le marquis de Ranreuil se soit vu confié cette tâche ? Faire intervenir la force publique dans sa routine justifierait-il l’injustifiable ? Que le commissaire aux Affaires extraordinaires s’en mêlât, alors la donne s’en trouvait modifiée du tout au tout. Il lâcha enfin Sémillante qui bondit et partit comme une flèche en direction de Paris. Nicolas se vida l’esprit. Il savait ne rien fonder d’assuré sur une seule information et toute spéculation était inutile. Il se laissa emporter par l’ivresse de la course.
     
    À Paris, une surprise l’attendait à l’hôtel de police qu’il avait rejoint pour rencontrer le lieutenant général de police. Le Noir le reçut aussitôt.
    — Ah ! Nicolas. J’espérais votre venue et craignais que vous fussiez passé par le Grand Châtelet. Cela aurait retardé l’ouverture de votre enquête.
    — Mon enquête ?
    — À l’Hôtel de Trabard, dit Bourdeau, debout dans un retrait de croisée, que Nicolas n’avait pas vu en entrant.
    — Je constate que la grand’ville est déjà tout entière pénétrée de la nouvelle.
    — Point d’ironie, Nicolas, dit Le Noir. Il se trouve que l’écuyer cavalcadour, cet arrogant et trop obtus gentilhomme, m’avait lâché le morceau. Il semble qu’au château cette affaire fasse événement !
    — Bien plus que vous ne l’imaginez ! La reine m’a ordonné d’y jeter le flambeau éclairant de nos investigations.
    — A-t-elle justifié ce surprenant intérêt ?
    — Une personne qui lui est chère l’aurait engagée à y prêter attention.
    — Je n’aime guère ces approches serpentines. Et Sa Majesté dans tout cela ?
    — La reine impose qu’il soit laissé à l’écart de cette affaire.
    Le Noir ferma les yeux, hocha la tête et émit un petit rire sec.
    — Je ne suis enchaîné par aucune parole donnée. Il vaudra mieux pour vous, mon cher Nicolas, que le roi soit averti. Nous prendrons aussi nos assurances, car au bout du compte c’est sous mon autorité, monsieur le commissaire, que vous agissez.
    — Vous m’en voyez, monseigneur, à la fois heureux et rassuré. Où se trouve l’Hôtel de Trabard ?
    — Avant cela, il faut que vous preniez connaissance du contenu de ces petits papiers.
    Il agita une liasse, la posa sur son bureau et se mit à lire la première :
    Vicomte Louis, Harmand, Renaud de Trabard, né en 1740, fils de Jean de Trabard, maréchal de camp.Enseigne en 1759, lieutenant en 1765. Il sert pendant la guerre de Sept Ans au cours de laquelle il est blessé. On le répute jeune homme qui pourrait promettre, mais dont les qualités sont gâtées par un manque de volonté et un goût prononcé pour le divertissement et la licence. Je poursuis . A épousé une riche héritière, Marie, Sophie, Thérèse de Calanque, fille unique d’un président aux enquêtes du Parlement de Paris. Elle apporte à son époux une dot énorme et une fortune considérable qu’il s’empresse de dilapider. Il la trompe avec des filles d’Opéra qu’il affiche ostensiblement et plus secrètement avec des antiphysiques. On s’interroge sur le rôle d’un secrétaire espagnol réputé son Alcibiade et son recruteur.
    — Comment, s’écria Nicolas, un pareil personnage a-t-il pu s’introduire parmi les entours de la reine ?
    — Ce que j’aime chez Nicolas, commenta Le Noir, son bon visage plissé de plaisir, c’est qu’il conserve, en dépit de tout, une capacité de candeur et une vertu de scandale qu’on ne saurait lui reprocher.
    — Je vous sais gré, monseigneur, de votre aimable persiflage. Mais la question demeure.
    — J’entends bien, mais pour l’instant poursuivons, voici le signalement :
    Yeux bleus, teint pâle, cheveux fournis châtain terminés par une queue de ruban noir. Taille moyenne, mais haute de buste. Cicatrice sous l’épaule gauche, trace d’une blessure de guerre.
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