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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan
Autoren: Jean-François Parot
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de Marie-Thérèse rencontrée jadis à Vienne. Le visage désormais plus plein accentuait la ressemblance.
    — Je veux, entendez bien, je veux que vous fassiez le jour sur cet accident. Le rapport me sera présenté. À moi seule.
    Elle porta sa tasse à ses lèvres. Était-ce du thé, du café, du chocolat ? Il ne parvenait pas à le déterminer, mais ce qu’il distinguait fort bien, c’était l’œil froid et scrutateur qui le fixait.
    — Dois-je en rendre compte à Sa Majesté ?
    — Faut-il que je me répète ? À moi seule. Entendez-vous ?
    Elle s’irritait et il semblait qu’elle s’empourprât sous le fard léger du grand négligé du matin.
    — Si fait, Madame, j’ai bien noté votre volonté. Mais vous savez mon habitude de ne rien celer au roi.
    Elle le regarda, moqueuse.
    — Sauf, monsieur, quand vous vous précipitez pour m’informer des projets insensés de ma belle-sœur Élisabeth qui s’était mis en tête de rejoindre le Carmel.
    — Madame, les bons serviteurs souvent épargnent à leur maître les soucis inutiles. Mais j’accepte l’argument. J’ai mérité qu’on me le serve.
    Elle rit.
    — On m’assure que vous obtempériez sans barguigner à tout ce que vous demandait Mme de Pompadour.
    — Si c’est une question, je suggérerais à Votre Majesté de s’en remettre à de meilleurs informateurs. Elle était une rude jouteuse et quand elle a quitté ce monde, j’en savais trop pour qu’elle me considérât comme un ami.
    — Bien, bien, n’en parlons plus. Autre chose, vous souvenez-vous du canard de Vaucanson dont vous aviez su si habilement me démonter le mécanisme, celui de l’extraordinaire digestion des grains qu’on lui tendait à manger ? Je vous en ai gardé le secret.
    — J’en remercie Sa Majesté. M. de Vaucanson méritait qu’on préservât sa mémoire.
    — Je souhaiterais que vous tentiez, pour moi seule, d’éclairer la nature de cet automate qui, en figure de Turc, joue aux échecs. Apprenez qu’en 1769 à Vienne, un certain Kempelen, conseiller aulique, prétendit à ma bonne mère être capable de faire une machine qui soit, pour l’esprit et pour les yeux, ce qu’est pour l’oreille le Joueur de flûte de M. de Vaucanson. Il tint parole, mais je n’eus pas l’occasion de le voir, ayant déjà gagné le royaume pour mon mariage. On dit qu’il battit le bonhomme Franklin, l’envoyé des Américains.
    Bonhomme Franklin  ? C’était vite dit ; on voyait que la reine ne l’avait pas pratiqué.
    — Madame, je vous promets de m’y évertuer et de, si mystère il y a, l’éclaircir.
    La reine lui tendit la main à baiser. Il s’inclina sous le regard empreint d’une bienveillance sans restriction de la souveraine.
    À sa sortie du Belvédère, Nicolas fut ébloui par le soleil qui montait et enivré par les parfums qu’exhalaient plantes et fleurs qui encerclaient le monticule. Son goût le portait vers le jardin à la française, tout d’ordre et d’harmonie, mais il se laissait parfois séduire par les formes anglaises désormais à la mode. La reine avait reçu le conseil du prince de Ligne et ce détail aussitôt connu et colporté ajoutait encore à l’acrimonie de ses détracteurs. Cette influence autrichienne redoublait l’éloignement à l’égard d’une reine étrangère qui, disait-on, appelait Trianon et son domaine le Petit Vienne .
    On lui ramena Sémillante qui avait été bouchonnée et abreuvée. Il récompensa le garçon que sa monture paraissait apprécier et partit au petit trot, faisant le point de ce qu’il venait d’entendre et réfléchissant à la mission confiée par la reine. Il dut contenir Sémillante qui encensait et tira sur son mors. Voulait-elle distraire son maître ou était-elle impatiente de partir au galop ? Que la reine intervînt dans une question particulière, cela ne laissait pas de susciter chez lui un malaise dont les raisons étaient multiples. L’une était d’agir en dissimulant un fait de cette gravité au roi. Il décida, considérant qu’aucun propos échangé ne lui interdisait de le faire, d’en avertir M. Le Noir et peut-être aussi Sartine. Tous deux seraient de bon conseil. L’autre raison tenait à la nature de la requête. Un proche du cercle de la reine était mort piétiné par un cheval. En quoi cela, nonobstant le regret de la perte d’un entour, conduisait-il Marie-Antoinette à recourir à ce qu’il représentait, la police ? S’en
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