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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan
Autoren: Jean-François Parot
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voulue par elle pour contempler son domaine. Au milieu des buissons de roses, de jasmin et de myrte apparaissait un pavillon octogonal à quatre portes et quatre fenêtres.
    Traversant le jardin anglais, il croisa Richard, le jardinier, qui le salua. Un curieux incident les avaitjadis rapprochés. Deux étranges figures avaient été croisées sans qu’on pût déterminer au vu de leur curieuse vêture leur origine et la raison de leur présence à Trianon. L’enquête n’avait pas abouti. On craignait alors le jeu d’espions anglais. On avait décidé de renforcer les consignes destinées à assurer la sûreté de la famille royale. Alors qu’il s’approchait du Belvédère, un personnage qui en sortait lui parut se détourner pour l’éviter. Le mouvement n’avait cependant pas été si rapide qu’il n’eût le temps de reconnaître M. de Vaudreuil. Cet écart le surprit car ses rapports avec le chevalier servant de Diane de Polignac, belle-sœur de la favorite, ne s’étaient jamais départis d’une exacte courtoisie. Nicolas souhaita pour l’instant mettre cette impolitesse au compte d’une discrétion excessive.
     
    Il s’arrêta un moment pour admirer le bâtiment, ses allégories des quatre saisons et les huit sphinx à tête de femme accroupis sur les marches. Une des femmes de la reine l’accueillit, l’invitant à entrer sans l’interroger comme si son approche avait été annoncée. Au milieu du pavillon, Marie-Antoinette était assise devant une table aux pieds de bronze doré. De là elle pouvait admirer son domaine, distinguer le rocher et sa grotte, la chute d’eau et le pont tremblant, le lac, ses ports et sa galère fleurdelisée, enfin le temple de l’amour et la rotonde. Nicolas s’arrêta un instant, contemplant, ému, la scène. Son cœur lui battait devant cette femme simplement vêtue de linon blanc, une capeline inclinée sur le visage, d’une main tenant une tasse, l’autre abandonnée au long du fauteuil. La splendeur du lieu, le bruit joyeux de la nature, le chant des oiseaux, les parfums qui montaient des parterres,tout concourait à faire du moment un entracte précieux dont il se souviendrait. La reine, soudain, se retourna l’air inquiet. Sans doute avait-elle senti une présence derrière elle. Elle sourit en reconnaissant Nicolas qui s’inclina.
    — Que je suis aise de vous voir.
    Un long silence s’installa, que le commissaire se garda de rompre. Il en profita pour admirer la splendeur des stucs peuplés d’animaux, de bouquets, de carquois, de chalumeaux et de trompettes. Les yeux fermés, la reine portait la tasse à ses lèvres. Il eut l’impression qu’elle cherchait ses mots et comment aborder les raisons de sa convocation.
    — Comment trouvez-vous le paysage ? Je vous sais homme de goût.
    — Sans égal, Madame, et digne de Votre Majesté.
    De nouveau ce silence. Il n’y avait pas de raison de lui faciliter la chose. Il savait par expérience que le mutisme était la meilleure manière de susciter la parole. Il s’en voulut d’employer avec la reine des procédés de basse police.
    — Monsieur le marquis. Il m’a été rendu compte d’un… incident survenu cette nuit à Paris. Connaissez-vous le vicomte de Trabard ?
    — Je l’ai croisé à Trianon.
    — Hélas ! Il est mort. Et dans d’étranges conditions.
    — Lesquelles ? Si Votre Majesté veut bien me les confier.
    — J’en ignore le détail. Il a été découvert tôt ce matin en tenue de nuit, piétiné par un des chevaux de ses écuries.
    — Veuillez, Madame, pardonner la brutalité du policier. Mais pouvez-vous me dire comment vous avez été informée aussi précisément de ces faits ?
    Il lui sembla que la reine se mordait les lèvres et que l’ombre d’un agacement ou d’un regret passait sur son visage. Déplorait-elle déjà d’avoir souhaité s’en remettre à lui ?
    — Il n’est pas d’usage, ni d’étiquette, monsieur le cavalier de Compiègne , d’interroger la reine. Mais s’agissant de vous répondre à vous que je considère non seulement comme un fidèle serviteur mais comme un ami…
    Voilà bien, songea Nicolas, une de ces paroles gratuites, eau bénite de cour, qui cherchent à gazer le principal au profit de l’accessoire.
    — … je vous dirai qu’une personne qui m’est chère m’a rapporté la chose. Ne comptez pas sur moi pour en conter davantage.
    Elle releva la tête en majesté et en un éclair Nicolas revit la figure
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