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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan
Autoren: Jean-François Parot
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Rien n’annonce chez lui le goût qu’on lui prête et sa licence. Ses propos sont délicats et il joint la politesse à la grâce de ses manières .
    Autre note :
    Le vicomte de Trabard, ancien officier, ce 4 mars 1782 s’est présenté chez la Liebaud, rue du Ponceau, et a demandé une chambre, ayant, a-t-il prétendu, avoir à traiter d’une affaire avec un visiteur. Un jeune homme de dix-neuf ans, chevau-léger de la garde, l’a rejoint peu après. Ils ont fait monter une fille, Julie Gros dit Rosette, sans doute pour donner le change, qu’ils ont renvoyée assez vite. Ils y sont demeurés jusqu’à une heure avancée de la nuit.
    Bel exemple en vérité ! Je hais cette débauche dont le goût infecte même Versailles. Le roi, qui partage mon sentiment, écarte pourtant lorsqu’il s’agit de porteurs de noms illustres l’éclat des châtiments juridiques. Il craint de déshonorer beaucoup de grandes maisons et que la publicité ainsi donnée excite l’opinion, dans ce domaine…
    Il semblait que Bourdeau murmurait quelque chose, d’où ressortaient les mots d’égalité et de privilégiés.
    — Que dites-vous, monsieur l’inspecteur ?
    — Je m’indignais comme vous, monseigneur.
    — Bien, bien ! Il est vrai que cela devient une mode et qu’il n’est point aujourd’hui d’ordre de l’État, depuis les ducs jusqu’aux laquais, qui n’en soit infecté. Heureusement la police a fini par s’éveiller et va fournir à la réflexion de l’opinion un exemple éclatant. On brûlera sans doute un coupable nommé Chabanne, que l’on dit capucin et prêtre. Il sera rompu vif et brûlé pour avoir lardé de dix-sept coups de couteau un petit Savoyard qui lui résistait 1 . Mais nous nous égarons. Vous m’avez posé une question. Ce que je viens de vousapprendre, glané par notre police – la meilleure de l’Europe –, ne signifie nullement que ces révélations aient transpiré à Versailles. La cour est à ce propos souvent loin de Paris ou, pire, veut tout ignorer de ceux qu’elle protège… Enfin… Nous sommes entre nous. Le vicomte de Trabard est un client des Polignac et c’est par eux qu’il a pénétré le cercle étroit de la reine. Son allure et ses bonnes manières ont fait le reste. À vous maintenant de démêler le vrai de ces apparences. Car, je le pressens, nous avons affaire à un crime. Pourtant je ne sais ce qui fonde cette impression. La question est de savoir si l’on fait appel à nous pour le découvrir ou pour le dissimuler.
    — Vous n’exigez rien de moi.
    — Vous ai-je jamais imposé quelque chose contraire à l’honneur et la sincérité ?
    — Où se trouve l’Hôtel de Trabard ?
    — Faubourg Saint-Jacques, entre la barrière d’Enfer et le couvent des Carmélites.
    — Quel curieux endroit pour un homme de cour !
    — Il y a une bonne raison pour que M. de Trabard ait choisi d’y faire bâtir son hôtel. Vous savez mieux que moi, Nicolas, pour en avoir naguère constaté les dégâts, que tout ce quartier porte sur de profondes carrières. Et tant dangereuses…
    — Qu’à plusieurs reprises elles se sont effondrées. Et précisément des remises rue d’Enfer, près du Luxembourg, s’enfoncèrent d’un coup à plus de dix toises de profondeur.
    — Et rien n’a été tenté pour prévenir ces risques terribles ?
    Le Noir broncha, fixant Bourdeau avec sévérité.
    — Comment cela, monsieur l’inspecteur, à quoi croyez-vous donc que je serve ? J’ai pris les mesuresnécessaires. Nous avons multiplié les coups de feu destinés à détruire par explosion les piliers qui soutiennent les carrières. On a vu des collines faire la révérence ! Ensuite les creux causés par les effondrements et affaissements ont été comblés par des remplissages. Et tout cela explique que M. de Trabard ait choisi de construire à cet emplacement-là. Cette raison et une autre que je vous expliquerai.
    Nicolas et Bourdeau s’entreregardèrent, indécis sur ce qu’il fallait penser du propos sibyllin du lieutenant général dont ils peinaient à suivre la déambulatoire logique.
    — Ah ! Mes amis, vous figurez là de plaisantes physionomies. Ce que je veux dire, c’est que les surfaces gagnées par les comblements ont été vendues à bon marché. Tout le quartier est la proie d’une spéculation insensée. Acheter à bas prix des terrains incertains ou dangereux et bâtir aussitôt des immeubles modestes d’un rapport médiocre
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