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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan
Autoren: Jean-François Parot
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mais régulier : tous les ordres monastiques de notre ville s’y sont jetés à corps perdu. Capucins, Bénédictins, Augustiniens, Carmes déchaux, Dominicains, Minimes, Génovéfains, Récollets, Prémontrés, et j’en passe.
    — Des sangsues, marmonna Bourdeau, des bénéfices, des sinécures… Un jour il faudra leur faire rendre gorge.
    — Et l’autre raison, s’empressa de demander Nicolas, dont vous parliez, qui nous met l’eau à la bouche et dont je présume que vous allez nous régaler ?
    — Certes ! Pour un homme dont la situation de fortune est incertaine, un terrain à prix coûtant bien inférieur à celui exigé dans d’autres quartiers de Paris constitue une impérieuse raison. Enfin, notre homme est amateur de chevaux, pour la monte,pour ses équipages, mais aussi pour les courses mises à la mode par le duc de Chartres. Il lui fallait bâtir des écuries, un manège et un terrain où il puisse s’exercer, car il lui arrive de monter ses champions en course.
    — De quelle manière est-il mort, le savez-vous ? lança Nicolas.
    — Pas encore, dit Le Noir, agacé de ne point tout connaître, ce qu’il estimait, comme Sartine autrefois, être le propre essentiel de sa fonction.
    — Piétiné par un de ses étalons.
    Un long silence suivit cette annonce.
    — Le voilà puni par ce qui était la moins blâmable de ses fantaisies. Cela redouble d’ailleurs l’interrogation. S’il s’agit d’un accident, qu’avait-on besoin du commissaire Le Floch ?
    — Justement, monseigneur. Tout est là !
    — Je verrai Sa Majesté, dit Le Noir à voix basse comme s’il se parlait à lui-même. J’essaierai de lui insinuer la chose dont il est normal, et je dirais obligatoire, que j’eusse été informé, mais je gazerai le plus possible l’intérêt de la reine dans cette affaire. Il sera toujours temps si…
    Nicolas constatait avec satisfaction que le lieutenant général de police manifestait chaque jour davantage une sereine autorité que la si longue influence de Sartine avait jusqu’alors par trop écrasée. Il est vrai que l’ancien ministre, empêtré dans les fils multiples des intrigues suscitées par les négociations du prochain traité de paix avec l’Angleterre, prêtait de moins en moins d’attention aux affaires courantes et quotidiennes de la police. Libéré de cette sujétion et jouissant de la confiance amicale du roi, Le Noir assumait désormais ses fonctions avec une tranquille assurance.
    Sémillante ayant été confiée à un garçon d’écurie qui la ramènerait rue Montmartre, Nicolas se concerta avec Bourdeau. Il convenait de gagner au plus vite le faubourg Saint-Jacques au-delà du boulevard afin de rejoindre l’Hôtel de Trabard, rue d’Enfer. Un fiacre fut arrêté place Vendôme où ils étaient toujours nombreux à attendre l’usager. Rue Saint-Honoré, ils furent ralentis par des valets qui tempéraient la vitesse des équipages. Du fumier et de la paille étaient répandus sur la chaussée devant un hôtel de riche apparence.
    — Nicolas, rassure-moi, toi qui fus élevé par un chanoine, ne sommes-nous pas tous égaux devant la mort ?
    — Pourquoi cette question ?
    — Je me la pose constatant qu’on s’évertue à tempérer les bruits de la rue, pour ne point troubler l’agonie d’un puissant. Que fait-on pour un pauvre qui crève dans sa soupente ?
    — Je comprends ton sentiment, mais, vois-tu, c’est l’usage. Et rien en France n’est plus malaisé que de le rompre. Cela serait souhaitable en effet.
    Bourdeau retomba dans un silence morose. Nicolas pressentait que cette mauvaise humeur ne pouvait être que la conséquence d’un souci qu’il ruminait. Peut-être devait-il lancer une perche secourable ?
    — Comment se porte Mme Bourdeau ?
    Il n’obtint pour toute réponse qu’un grommellement.
    — Et les enfants ?
    — Parlons-en !
    Allait-il se débonder ?
    — … Richard, l’aîné, me fait peine. Il s’est amouraché d’une gueuse, fille de boutique chez une modiste.
    Voilà donc où le bât blessait l’inspecteur.
    — Il étudie toujours le droit ?
    — Ah ! Voilà bien le pire, il veut tout arrêter et tout sacrifier à son caprice. La guenipe a déjà dû lui faire accroire qu’elle lui avait accordé son principal. Elle le tient ! Mme Bourdeau s’en tourne les sangs.
    — C’est peut-être une gentille fille.
    — Tiens, oui ! J’ai pris mes informations. Richard n’est point le
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