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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan
Autoren: Jean-François Parot
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premier. Faut voir ses tenues. Ce n’est pas le produit de son embauche qui engendre ces nippes-là !
    — Allons, Pierre, ne te mets pas martel en tête. Souviens-toi de Louis quand il s’était enfui du collège de Juilly. Il faut le laisser jeter sa gourme, que diable !
    Bourdeau jeta un regard peu convaincu sur Nicolas et retomba dans son silence. Ils avaient franchi la Seine et approchaient de leur destination.
    — Sais-tu, Nicolas, dit Bourdeau qui sembla émerger de sa rumination, qu’il y a encore une autre raison qui justifie que Trabard se soit installé dans ce quartier ?
    Nicolas saisit la perche tendue, heureux de retrouver son ami sorti de sa hantise.
    — Je t’écoute.
    — Qui se rassemble à la barrière d’Enfer, selon toi ?
    — Des charrettes en nombre, deux fois par semaine.
    — Parfait ! Et que contiennent ces charrettes ?
    — Du foin, je crois.
    — Du foin, des fourrages en quantité. Tous ceux qui le convoient sont les pourvoyeurs de toutes les maisons à équipage de la ville. Intendants, intermédiaires et palefreniers se précipitent y faire leursachats. Ils flairent, fouillent, triturent et mâchent même, car tous redoutent la tromperie si fréquente.
    — La tromperie ?
    — Oui ! Au milieu de la botte de fourrage, le farci de bourre des champs. Des mauvaises herbes qui font volume et poids.
    — Te voilà bien savant !
    — Comme un inspecteur qui erre dans Paris depuis trente ans ! Mais aussi pour avoir démêlé une affaire de bottes truquées. L’intendant d’une grande famille avait partie liée avec des fourrageurs de cette clique de faussaires. La dépense croissait à l’avenant. Je signalai la chose à qui de droit. Que crois-tu qu’il arriva ?
    — L’intendant fut innocenté et tu te fis taper sur les doigts.
    — Tu sais ta police par cœur. Il est vrai que c’était avant l’arrivée de Sartine, qui sut remettre de l’ordre dans la maison.
    — Et pourtant, soupira Nicolas, il arrive encore que bien des coupables échappent au châtiment. Et sais-tu, à ton tour, pourquoi ce nom d’Enfer ?
    — Sartine avait dû te l’apprendre. Il connaissait Paris sur le bout des doigts.
    — Les Chartreux s’installèrent à Paris sous le règne de saint Louis au faubourg Saint-Jacques. Ils faisaient face au château de Vauvert bâti jadis par le roi Robert. Il était inhabité car infesté de démons et de spectres et, notamment, par un monstre vert moitié homme, moitié serpent. Tous poussaient la nuit d’affreux hurlements. Montée sur un chariot de feu, dès ténèbres, cette horreur patrouillait et attaquait des passants. Le peuple l’appelait le diable de Vauvert.
    — Sans doute, dit Bourdeau incrédule, quelque bande de malfaisants qui avaient trouvé cet ingénieux moyen pour éloigner les curieux.
    — Il paraît que c’étaient des faux-monnayeurs. Bref, les Chartreux, sans doute éclairés sur la réalité de la chose et peu effrayés par ces diableries, demandent le manoir à saint Louis qui le leur accorde avec ses dépendances. Tout cessa et les bons pères y établirent un verger d’où résulta un fructueux commerce d’arbres fruitiers.
    — M’est avis, s’esclaffa Bourdeau, qu’il n’y a pas que les troncs d’église qui rapportent.
    Nicolas fut heureux de voir son ami recouvrer sa belle humeur.
     
    Entouré d’un haut mur, le domaine de Trabard s’apparentait, vu de la rue, davantage à une ferme cossue qu’à une résidence aristocratique. Passée la grille, une allée sablée bordée d’arbres conduisait vers l’hôtel. Tout au long de ce chemin, s’étendaient des prairies fermées de clôtures dans lesquelles s’ébrouaient des troupes de chevaux curieux du passage des visiteurs. Le bâtiment d’habitation aux lignes simplifiées évoquait ce nouveau classicisme qui l’emportait désormais et auquel la nouvelle salle de la Comédie-Française avait offert son sévère modèle. De part et d’autre, séparées par des plates-bandes fleuries, se développaient deux lignes d’écuries. À gauche, on distinguait au bout de la propriété une carrière de sable blanc servant de manège. Il semblait que la maisonnée les attendît car, en bas des degrés, un petit groupe les regardait approcher. Ce détail frappa Nicolas ; il n’en tira sur le moment aucune conclusion. Restait que cette affaire ne cessait de revêtir dans ses origines de bien curieux aspects.
    Un jeune homme au catogan de
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