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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour
Autoren: Robert Merle
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hyperbole ne lui semblait imméritée.
Mais quand je le connus mieux, j’entendis qu’à la différence d’Épernon, qui,
notre bon maître mort, ne voulut plus qu’avancer soi et asseoir sa fortune sur
la ruine et le démembrement de l’État, Rosny, lui, ne s’était jamais donné pour
but que la conservation du royaume, la réunion des Français et l’universelle
paix.
    — Monsieur,
dit-il, quand j’eus mon discours conclu, j’ai pu, grâce à M. de Rambouillet,
parler au roi, lequel me témoigna de se vouloir réconcilier secrètement à
Navarre, la Ligue le pressant, et me commanda d’aller lui faire entendre son
intention, mais sans cependant me vouloir bailler passeport, de peur que le duc
de Nevers ne le sût, Nevers étant royaliste fidèle, mais tant papiste de cœur
qu’il ne voudrait pas d’une alliance d’Henri Troisième avec un hérétique et
excommunié. Raison pour quoi, commandant les armées du roi, il ne se ferait pas
faute de m’arrêter, ou pis peut-être, s’il me trouvait à Blois, ou m’encontrait
sur le chemin.
    — Ha !
Monsieur ! dis-je, entendant à la parfin où tendait ce discours, n’est-ce
pas pitié que le roi se doive méfier d’un serviteur fidèle, le pape mettant
toujours le doigt entre ses sujets et lui ?
    — C’est
pitié, dit M. de Rosny et se tut, m’interrogeant de son œil bleu tant incisif
qu’attentif. Ce qui me donna à penser qu’il savait jà – se peut par M. de
Rambouillet – que le roi me dépêchait à Navarre, porteur de la bague du
Guise et d’une proposition de paix.
    — Monsieur
de Rosny, dis-je avec un sourire, je vous entends et je puis bien vous dire ce
que, le roi y consentant, vous désirez ouïr de moi : À savoir que si mon
maître m’envoie à Navarre, et s’il est connivent que je vous prenne avec moi,
mon passeport vous tiendra lieu de celui qu’il ne peut, à cause de Nevers, vous
bailler. La seule condition que je mettrai, quant à moi, à cet arrangement,
c’est que je sois partie à votre entretien avec le roi de Navarre, votre
ambassade doublant la mienne, mais ne la pouvant supprimer.
    À cela je vis
bien qu’en son for, Rosny tordait quelque peu le nez, aspirant sans doute à
porter seul la gloire du raccommodement de Navarre avec le roi de France.
    — Monsieur,
repris-je, le voyant dans ce sentiment, je n’ignore pas que depuis deux ans
vous avez plus qu’aucun autre labouré à la réconciliation des deux rois et que
vous avez traversé maints périls pour passer d’un camp à l’autre, afin
d’entretenir mon maître des bonnes dispositions du vôtre, alors même que la
guerre entre eux était attisée, sous le couvert de la religion, par le Guise,
la Ligue et les barricadeux de Paris. Aussi n’ai-je pas le propos de vous
disputer le moindrement du monde la palme qui vous doit légitimement échoir du
succès de vos entreprises. Pour moi, combien que je sois de dix ans votre aîné,
je ne suis qu’un cadet du Périgord que le roi a eu la bonté de faire baron en
raison des quelques petits services que je lui ai rendus dans sa lutte secrète
contre les brouilleries de la Ligue. Et en cette présente mission, je voudrais,
Monsieur, qu’il soit clair que je me considère comme votre sauvegarde sur le
chemin et votre garant auprès de Navarre de l’amitié de mon maître. Rien de
plus. Si une trêve ou une paix doit être arrêtée entre les deux rois, les
termes en seront discutés par votre truchement. Et l’honneur, comme il en est
légitime, en reviendra à vous seul.
    — Ha !
Baron ! s’écria Rosny en se levant avec pétulance et marchant à moi les
bras tendus, vous avez parlé franc et clair, à la soldate. Je croyais ouïr
Monsieur votre père, lequel j’aime et j’estime au-delà de tous les serviteurs
de mon roi.
    Sur quoi, il
me serra les deux mains dans les siennes, mais sans me donner la forte brassée
que j’attendais, les huguenots de Navarre étant plus économes dans leurs
embrassements que nos bons muguets de Cour. Et moi, atendrézi assez qu’il eût
parlé de mon père en termes si affectionnés, j’osais alors lui en demander des
nouvelles.
    — Ha !
dit-il, le baron de Mespech est un miracle de la nature ! Les travaux et
les jours passent sur lui sans émousser sa vitalité infinie. Il est le premier
à l’assaut et, le combat fini, le second à courre le cotillon.
    — Et quel
est le premier ?
    — Navarre,
hélas !
    — Hélas ?
dis-je en riant.
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