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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour
Autoren: Robert Merle
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arme !
    — Sans
arme, Margot ! dis-je, mon œil charmé se déclosant sur elle tout à plein.
    — Sans
arme, Monsieur.
    — Vramy,
Margot ! répétai-je en riant, et l’attirant à moi des deux mains je la
couchai sur moi contre ma poitrine et poutounai son cou mollet. Sans arme,
dis-tu ? Et cela que je baise ne vaut-il pas épieu et dague sur mon tant
faible cœur ? Ne sais-tu pas, Mignonne, que quelqu’une qui est belle,
ainsi passe fer et feu ?
    — Voire
mais ! dit Margot, la voix aiguë et l’œil sourcillant, plaise à vous,
Monsieur, de me lâcher ! Je ne suis point de ces dévergognées ribaudes que
M. de Montpezat baille le lundi à ses Gascons.
    — Quoi !
Margot ! dis-je, serais-tu donc pucelle ?
    — Oui-da,
Monsieur, et le veux rester ! Que m’oyent la Benoîte Vierge et tous les
saints !
    — Que
donc ils te protègent ! dis-je en la lâchant. Margot, point de rancune !
Accepte ces deux sols pour aiser ta conscience de ces baisers volés, lesquels n’étaient
que demi-jeu en mon demi-sommeil. Et la grand merci à toi pour avoir offert à
mon réveil ta face fraîchelette ! Un renard prend plaisir à voir passer
poulette, même s’il ne peut l’attraper.
    — Monsieur,
dit-elle, rosissant et l’œil suspicionneux, deux sols, c’est prou ! Et
plus que ce que je gagne à labourer céans tout le jour. Deux sols pour deux
minutes en vos bras ! Monsieur, attentez-vous de me tenter ?
    — Nenni,
nenni, gentille mignote ! dis-je en riant, d’ores en avant je serai avec
toi manchot. Seuls mes yeux, qui sont irréfrénables, te diront mon appétit.
    — Voire
mais ! dit-elle, cramoisie et se tortillant sur un pied, les deux mains
dans les plis de son vertugadin. Votre œil, c’est quasiment une main, tant il
me caresse et me flatte.
    — Qu’y
peux-je, Margot ? Ensauve-toi !
    — C’est
que j’ai message pour vous. Sans cela, vous aurais-je désommeillé ? Un
gentilhomme dans la salle commune requiert de vous voir, lequel a le chapeau
sur l’œil et le menton dans son manteau. Il se dit des amis de Monsieur votre
père.
    — Comment
est-il ?
    — Homme
de bon lieu. Beau assez. À peine trente ans, à ce que je cuide.
    — L’œil ?
    — Bleu.
Le nez droit et bien fait, la pommette large. Épée et dague, et pistolet, à ce
que je gage, sous la cape. Quelque hautesse en la mine et l’air à ne pas se
laisser morguer, mais franc comme écu non rogné, et comme vous, Monsieur, sans
chicheté ni méchantise.
    — Voilà
qui est gentiment dit ! Si je ne me voulais manchot, je te donnerais une
forte brassée ! Va, Margot, et m’amène céans le gautier !
    Ce qu’elle fit
en un battement de cil et mon visiteur, dedans ma chambre, referma l’huis sur
nous, l’œil en fleur et la lèvre amicale.
    — Monsieur,
dit le baron de Rosny [1] en s’ôtant son chapeau de dessus l’œil, et découvrant un grand front où, en
dépit de ses vertes années, le cheveu blond devenait rare, je connais mieux le
baron de Mespech que votre personne. Mais sachant que vous servez le roi tant
fidèlement que moi-même le roi de Navarre – j’aurai quelque affaire à
vous, si vous consentez à m’ouïr.
    À quoi je lui
dis courtoisement de s’asseoir et s’aiser, que je savais par mon père ses
immenses mérites et que mon maître et souverain le roi Henri Troisième le
tenait, bien qu’il fût à Navarre, pour grandement affectionné au bien de
l’État.
    Je lui fis
part de tout ceci dans la langue du Louvre qui veut qu’on dise à longueur ce
qui se peut dire en bref, et cependant que je parlais, l’envisageai fort
curieusement, ne l’ayant qu’entr’aperçu jusque-là, et trouvai que Margot avait
dit vrai et qu’il y avait quelque hautesse en sa contenance. Mais à la
différence du duc d’Épernon, de qui elle était d’autant insufférable qu’elle
s’accompagnait du déprisement de tout le genre humain, celle de M. de Rosny
faisait bon ménage avec une sorte de bénignité virile et bon enfant. Ni son bel
œil bleu, ni son ample front, ni ses pommettes fortes et rieuses n’y
contredisaient, non plus que sa lèvre friande. C’était là à ce qu’on m’avait
dit, un huguenot de beaucoup d’esprit, propre à donner de bons coups d’épée au
combat et aussi à mener des négociations délicates en les brouilleries de nos
affaires. J’observais qu’il lapait comme chat mes compliments de cour, ayant de
lui-même une tant haute idée qu’aucune
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