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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour
Autoren: Robert Merle
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de
l’excommunication ».
    Laquelle
hyperbolique expression, si le lecteur me permet de l’en ramentevoir, était de
l’oncle de Navarre, le cardinal de Bourbon – le Gros Sottard, comme disait
Chicot – lequel en sa folie, et combien qu’il fût de la branche cadette
des Bourbons, aspirait à la succession d’Henri III, pour la seule raison
qu’il était catholique, et son neveu, hérétique. Prétention risible même pour
les ligueux qui la soutenaient, et d’autant que le vieil homme, qui avait à
peine de cervelle assez pour cuire un œuf, se trouvait ès mains de mon maître à
Tours, ayant été par lui saisi et serré en geôle dorée après l’exécution du
Guise et de son frère. Or, pour la male heure de mon pauvre bien-aimé
souverain, ce frère – qui pis même que le Guisard, ne rêvait que sang et
ne ronflait que massacre – était hélas ! cardinal, raison pour quoi
le pape, après son exécution, menaçait d’excommunier tout de gob le roi de France.
Ce que celui-ci qui était, comme on sait, fort dévot, ressentait comme une âpre
et profonde navrure.
    Je le dis à
Navarre lequel hocha la tête, haussa les épaules et dit :
    — Ha
bah ! Il n’y a qu’à bien battre la Ligue et être les plus forts ! Et
vous verrez ce qu’il en sera de ces excommunications ! Mais, reprit-il,
Monsieur de Siorac, dites-vous bien que le roi m’aime ? Le fait est-il
constant ? En êtes-vous bien assuré ?
    — Ha !
Sire ! À n’en pas douter ! Tout ce qui fut fait contre vous par la
Cour le fut à l’instigation et sous la pression de la Ligue et du Guise, et le
plus mollement du monde. Vous l’avez bien vu vous-même, Sire : le roi n’a
jamais voulu conduire une armée contre votre personne.
    — Aussi
n’y ai-je pas moi-même consenti, dit Navarre. Même après ma victoire de
Coutras. Quant à moi, ajouta-t-il, je suis content que le roi m’aime. Si lui
suis-je aussi très affectionné. C’est un bon prince. C’est le siècle qui est
mauvais.
    Quoi dit, il
fit quelques pas derechef dans la tente et revint se planter devant son
aperture, l’œil fiché sur les murs de Châtellerault et la mine songearde.
    — Je ne
sais pourtant, dit-il. Vais-je aller à la Cour du roi ? Et si j’y vais,
quelle forme de vivre y tiendrai-je ? Et quelle confiance aurai-je lieu
d’y nourrir, y ayant là tant d’ennemis de moi et de ma foi ? Messieurs,
qu’en êtes-vous apensé ?
    Chacun alors
des officiers qui étaient là dans la tente royale en dit sa râtelée, les uns
pour, les autres contre, lesquels le roi de Navarre écouta fort attentivement,
son œil vif allant de l’un à l’autre et se fichant à la fin sur Rosny qui
branlait du chef durant ces discours, mais sans ouvrir le bec.
    — Hé
bien, Monsieur de Rosny ! dit Navarre, que vous en semble ? Vous ne
dites mot !
    — Sire,
il me semble que quelques précautions que vous puissiez prendre, le roi sera
toujours le plus fort à la Cour, comme il l’a bien montré à Blois. Adonc, qui
craint que l’on ait sur lui quelque dessein n’y doit pas aller !
    — Ce
serait à craindre, dit Navarre, les hommes étant ce qu’ils sont.
    — Mais de
toutes manières, Sire, reprit Rosny, en un cas semblable à celui-ci, il faut
jeter beaucoup de choses au hasard. Sans cela, rien ne se ferait jamais.
    — C’est
raison, dit Navarre. Allons ! N’en parlons plus ! La résolution est
prise !
    Ayant dit, il
revint se planter devant l’aperture de la tente, l’œil fiché sur les murs de
Châtellerault. Et se grattant derechef la tête, comme il avait déjà fait, il
dit sur le ton goguenard et gaussant qu’il affectionnait :
    — Si le
roi traite de bonne foi avec moi, je ne veux plus lui prendre ses villes.
Celle-ci sera donc la dernière.
    À quoi nous
rîmes, tant c’était prononcé avec bonne grâce et bonhomie et quelque petite
malice aussi saupoudrant cette viande.
    — Siorac,
dit M. de Rosny, quand Navarre nous ayant présenté la main, nous eûmes pris
congé de lui, mon page va vous mener à votre tente où je gage que vous serez
bien aise de prendre quelque repos, ayant la fesse lasse de notre grande
chevauchée.
    Là-dessus, il
me quitta avec un petit brillement amical de l’œil, mais sans brassée ni
poutoune, n’étant pas l’homme des discours et des mignonneries, et me laissant,
de reste, désappointé assez, n’ayant pas eu le temps de quérir de lui si mon
père se trouvait dedans l’une des
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