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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau
Autoren: Mireille Calmel
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se tient ta mère, Marie ?
    Marie haussa les épaules tout en se cantonnant prudemment près d’Isabeau.
    —  Je l’ignore, ma tante. Je crois qu’elle avait affaire avec l’abbé Boussart.
    —  Assez, Constant ! Gronda gentiment Isabeau comme celui-ci avançait une main pour saisir l’effrontée qui continuait à se servir d’elle comme d’un paravent. Quant à toi, Marie, ne rentre pas avant deux heures. J’attends une visite importante et, par tous les saints, ne souffrirai pas semblable vacarme au plus fort de mes négoces. Si en chemin tu croises ta mère, demande-lui de me rejoindre au plus tôt. Allez donc, garnements !
    Aussitôt, démarrant en une course légère, Marie s’échappa.
    —  Attends un peu ! Ragea Constant sur ses traces.
    L’instant d’après, la porte donnant sur la rue de la Bonneterie claquait dans une envolée de carillons, laissant le silence retomber sur la pièce. Bertille soupira :
    —  Ces deux-là n’ont de cesse d’inventer de nouvelles taquineries. Ce ne sont plus des enfants, pourtant.
    Isabeau s’en attendrit :
    —  Laissons-leur encore cette part d’insouciance.
    Ensuite, ma foi, nous les marierons.
    Bertille ouvrit des yeux ronds.
    − Les marier ? Tu n’y penses pas, Isabelle…
    − Et pourquoi non ?
    —  Tu es une grande dame à présent et Constant n’a ni titre ni fortune à offrir à Marie.
    —  Marie a grandi à la cour des Miracles, Bertille, et nous savons toi et moi que je n’ai de titre et de fortune hors cette boutique. Point de naissance, point d’illustre géniteur pour me donner des prétentions ridicules.
    Marie est ma nièce et la fille d’un prévôt. C’est bien suffisant pour le fils d’un roi.
    —  Le roi des mendiants, se défendit encore Bertille.
    —  Eh donc, n’en es-tu point fière, Bertille ? Il vaut tous les autres et il est mon filleul. Si ces deux se plaisent, nous les marierons. Et aucune ombre ne voilera leur bonheur si, en son temps, cela devient une évidence pour eux autant que pour moi.
    Bertille élargit son sourire. Au fond, elle en avait toujours rêvé, de cette union-là. Isabeau s’abaissa et embrassa le front étroit sur lequel dansait une petite perle, détail du chaperon qui retenait un chignon blanchi.
    —  À présent, guette mon visiteur et fais en sorte que rien ne nous dérange.
    Bertille approuva d’un signe de tête. Isabeau se débarrassa de sa cape de soie et grimpa l’escalier qui menait à son bureau en relevant sa jupe brodée de feuilles d’or.
    De la large baie vitrée qui éclairait la pièce aux vastes proportions, elle pouvait admirer, non sans quelque fierté, le ballet des ouvrières en face, dans la boutique.
    Malgré les rideaux d’étamine qui rendaient floues les silhouettes, elle savait les reconnaître et prêter à chacune des gestes qu’elle leur avait enseignés avec patience et amour. Elles n’étaient pas moins de vingt à présent, sous la responsabilité des trois lingères qui l’avaient accueillie avec Rudégonde à Paris : Ameline, Blanche et Françoise. Avec Lilvia la gitane et Bertille, elles étaient ses seules amies. Fidèles, sûres. Elles savaient toutes désormais la vérité sur son histoire. Aucune, elle en était sûre, ne la trahirait jamais. Pour cette amitié sans faille, elle avait donné sa confiance. Elle en était sortie grandie.
    Aujourd’hui, Ameline, Blanche et Françoise tenaient leur place en boutique. Le testament de Rudégonde insistait pour qu’Isabeau les associât aux bénéfices. Cela faisait longtemps quant à elle qu’elle y songeait, même si leurs émoluments déjà les mettaient à l’abri du besoin. Elle avait décidé de leur annoncer la nouvelle après le sacre de la reine. Ainsi, sa victoire deviendrait la leur dans la continuité de celle de Rudégonde.
    Isabeau se laissa choir dans un fauteuil ouvragé après avoir pris soin de tirer à son tour les rideaux devant les vitres. Face à elle, sur le manteau de la cheminée, trônait le portrait de son amant défunt, Jacques de Chabannes, seigneur de La Palice. Il était tombé devant Pavie le 24 février 1525, comme d’autres, hélas ! Elle était restée seule une seconde fois après huit années de bonheur. Elle l’avait pleuré à la mesure de ce qu’elle l’avait aimé. Longtemps.
     
    Les images se bousculaient dans sa tête. Peut-être la mort de Rudégonde en était-elle la cause. Il y avait si longtemps qu’elle n’avait pas pleuré
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