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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau
Autoren: Mireille Calmel
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s’étalaient en parterre au milieu des lilas précoces taillés en buissons. Elle flâna le long de l’allée pavée, s’enivrant de leur parfum, avant de franchir le seuil de l’arrière de sa maison. Côté façade, celle-ci donnait dans la rue de la Bonneterie parallèle à la boutique. Le jardin commun aux deux bâtiments était protégé à droite par la halle aux Draps et à gauche par la halle aux Blés.
    Sitôt qu’elle poussa la porte, un mouvement joyeux emplit l’espace, fait de rires, de grognements et de bousculade. Intriguée, Isabeau s’avança jusqu’à la vaste pièce voûtée où trois personnes se pourchassaient à grand renfort de petits coussins qui survolaient l’espace en épargnant par miracle les bibelots disposés çà et là sur consoles et étagères.
    —  En voilà un chahut ! hurla-t-elle pour être entendue en rattrapant un projectile au vol.
    —  Oh, c’est toi ma tante ! s’exclama une jouvencelle de quinze ans avant d’être plaquée sur le tapis persan par un jouvenceau ébouriffé.
    —  Là, je te tiens. À moi, mère !
    Aussitôt Bertille se précipita et, tandis que le garçon emprisonnait fermement les mains de sa captive dans le dos, juché à califourchon sur son derrière gesticulant, elle entreprit de la chatouiller aux aisselles en maugréant.
    —  Je t’y prendrai, moi, à me réveiller de même !
    —  Aidez-moi, ma tante, oh ! Ma tante, implora la demoiselle en riant aux éclats.
    Isabeau ne put que s’esclaffer à son tour. Elle s’avança et, glissant ses bras sous ceux de la naine, la souleva au-dessus du sol.
    —  Je proteste ! Tempêta Bertille tandis qu’Isabeau la reposait à terre.
    —  Voyons, Bertille, ce ne sont plus des jeux de ton âge. Allez, vaurien, lâche-la. Elle a eu sa part, je crois.
    Il s’exécuta, mais non sans avoir à son tour taquiné de quelques chatouilles supplémentaires les côtés de sa compagne de jeux. Marie se retourna et s’assit sur le tapis en frottant ses poignets. Des larmes joyeuses brillaient dans ses yeux gris.
    —  Palsambleu, tu es plus lourd qu’une pierre. Tu me paieras ça, Constant !
    —  Ta, ta, ta ! Vous êtes deux mauvaises graines, et pendablement vous chicanez pour le plaisir d’une farce. Si vous aviez brisé le moindre de ces vases, je vous aurais arraché les yeux !
    —  Oh ! Pardon, ma tante, mais c’est lui qui a commencé.
    —  Ah ça ! Tu ne manques pas de toupet ! Ragea Constant en plaquant ses poings sur ses hanches.
    Ils s’affrontèrent du regard un instant, puis éclatèrent d’un même rire.
    « Comme ils sont complices ! » songea Isabeau, en se tournant vers Bertille que l’âge avait alourdie encore :
    —  Me diras-tu le fin mot de cette histoire ?
    —  La vérité, c’est qu’elle dormait sur son ouvrage, voilà, lâcha Marie. Comme cela, ajouta-t-elle en imitant un ronflement spasmodique.
    Bertille en rougit jusqu’aux oreilles.
    —  Veux-tu bien…
    —  Toujours aussi chatouilleuse ! S’amusa Isabeau en piquant un doigt sous les omoplates de la naine, qui fit un bond de côté.
    —  Oh ! Non, pas toi, Isabelle ! Je suis de fort mauvaise humeur quand on me réveille en sursaut. Cette chipie a failli me faire mourir. Constant, qui était aux latrines, m’a entendue crier et s’est précipité sans prendre le temps de boutonner ses braies. Il s’est pris les pieds dans son ourlet et s’est étalé sans façon.
    Marie pouffa au souvenir de la scène. Constant lui décocha un œil noir.
    —  De me voir en pareille posture, cette chipie s’est précipitée, a relevé ma chemise et, le croirez-vous marraine, m’a souffleté le postérieur avant de partir en courant.
    —  Je le crois sans peine. Allons, Marie, sont-ce là des manières de jeune fille ?
    Marie haussa les épaules, mutine :
    —  La surprise de sa figure valait bien mon effronterie, ma tante ! Il était rougeaud comme, comme, comme… comme son postérieur, voilà, lâcha-t-elle, hilare.
    —  Bougre de bougre de bougre, grogna Constant en s’échauffant. Je vais attendrir le tien avant longtemps !
    Marie se retrancha derrière Isabeau.
    —  Protégez-moi, ma tante. On en veut à ma vertu…
    —  Tu t’es bien souciée de la mienne ! Ragea Constant en tentant de la déloger sans pour autant manquer de respect à sa marraine.
    —  Allons, vous deux, cela suffit. Vous réglerez vos comptes ailleurs. J’ai à faire et besoin de calme. Où
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