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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau
Autoren: Mireille Calmel
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vraiment. Elle appuya sa tête pesante contre le dossier du fauteuil.
    Tout était allé si vite. Elle se revoyait fuyant l’Auvergne, fuyant la mort évidente de Loraline, fuyant François de Chazeron une nouvelle fois. À son retour, elle avait tout révélé à Rudégonde, comme si ce passé lui était devenu définitivement insupportable, au travers de cette poignante évidence : elle avait perdu sa fille. Sa fille. Elle avait passé des années à se convaincre qu’elle la haïssait pour mieux se venger de Chazeron. Elle avait ruminé contre son cœur, contre son ventre, mais la loi du sang l’avait rattrapée. Insidieusement.
    Son nouveau bonheur avait amenuisé la haine, avait révélé ce qu’elle taisait en elle : sa maternité déchue. Elle était revenue à Thiers pour Loraline. Elle n’avait pas eu le temps de lui dire combien elle l’aimait, de lui demander pardon.
    Jacques de Chabannes était rentré à son tour à Paris dans le sillage du roi. Il avait écouté son histoire, la colère marquée sur son beau visage. Elle avait achevé son récit par ces simples mots :
    —  Je ne désire plus vengeance, messire, mais commencer une vie nouvelle et oublier. Oublier le mal qui fut fait. La vengeance m’a rendue criminelle de mon propre sang. Si vous ne me haïssez pas pour ce fait, et si vous voulez encore de moi pour votre amante dévouée, je jure de ne vous préférer jamais aucun autre.
    —  Je tuerai ce François de Chazeron moi-même, avait rugi Jacques en portant la main à son épée.
    —  Non. Qu’il aille au diable ! Dieu le punira. Je refuse que son sang soit mêlé au vôtre.
    —  En ce cas, que jamais il ne se mette en travers de ma route ou de la vôtre, Isabelle.
    Ils s’étaient étreints fiévreusement, puis il l’avait entraînée à la cour. Là, il l’avait présentée au roi. François I er séduit avait ajouté à sa bénédiction sa protection si le malheur devait atteindre le plus fidèle de ses sujets. Isabeau était donc officiellement devenue la maîtresse en titre du seigneur de La Palice. Et il passa avec elle plus de temps qu’il n’en consacra à son épouse légitime, cette épouse que la raison lui avait imposée.
     
    Jusqu’en 1521, le bonheur régna, simple et tranquille, sur la maison d’Isabeau, puis le 16 juin elle vit débarquer dans la boutique une petite fille de cinq ans, escortée d’une louve grise et de sa sœur dont elle était restée sans nouvelles.
    Elles avaient triste mine et Rudégonde les accueillit de grand cœur, malgré la crainte que lui inspirait Ma. Isabeau les avait conduites chez elle, étonnée de cet équipage. Elle avait entendu l’histoire d’Albérie sans sourciller : elle avait eu une fille avec Huc, cette petite Marie ici présente, à laquelle elle avait enseigné le langage des loups puisque, comme celles de leur race, Marie portait la marque. L’enfant était née en même temps que Ma, dont Cythar était le père. Elles étaient inséparables. Hélas, leur amitié avait fini par attirer l’œil de François de Chazeron et elles avaient fui pour que l’histoire ne puisse recommencer.
    Isabeau avait ouvert ses bras et les avait bercées avec tendresse. Jacques était absent alors. Elle les avait hébergées, sous le regard de Ma qui la mettait mal à l’aise, au point qu’elle avait fini par demander à Albérie de s’en séparer.
    —  On ne peut pas la garder au cœur de Paris. Elle effraie les gens. Ils finiront par s’en plaindre au prévôt et elle sera abattue. Sa vie est dans la forêt. Elle n’a hélas pas sa place dans une maison respectable. Jacques sera d’accord avec moi.
    L’animal s’était mis à grogner et Marie instinctivement avait noué ses petits bras autour d’elle. Isabeau s’était agenouillée devant elles :
    —  Je veux seulement te protéger, Ma. J’ignore pourquoi tu me hais, mais je ne pourrais supporter qu’il t’arrive malheur. Je sais que tu me comprends. Tu es la seule personne qui me rattache à Cythar, le compagnon de ma fille, et en cela, la seule qui me rattache à Loraline. Tu ne l’as pas connue mais elle me manque et je dois à sa mémoire et son pardon de préserver son passé. Tu en fais partie.
    Les yeux de la louve s’étaient adoucis. Elle avait glissé une langue râpeuse sur la main baguée et Albérie avait senti son cœur se nouer. Un instant, elle avait failli révéler la vérité à sa sœur, mais elle s’était tue. Rien ne pouvait
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