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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau
Autoren: Mireille Calmel
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s’affichant avec sa nouvelle favorite Anne de Pisseleu, dont Rudégonde façonnait les sous-vêtements. De fait, Rudégonde et Isabeau avaient contribué largement à la rançon royale et François I er porta en grande reconnaissance et estime celle que son défunt ami avait tant aimée. Il lui proposa de gagner la cour et d’y vivre, mais Isabeau s’y refusa. Elle avait acquis sa place par son labeur et avait conscience de posséder grâce à son art bien plus de pouvoir que ces dames frivoles qui ondulaient dans leurs longues robes. Dans la boutique, les langues se déliaient, les bruits de cour allaient et venaient, et les secrets les mieux gardés lui assuraient dans l’ombre davantage d’amitiés.
     
    On frappa à la porte. Isabeau ébroua ses souvenirs d’un geste las. La France, ce jour, était en paix et demain, grâce à son ouvrage pour ces épousailles royales, son nom serait sur toutes les lèvres. Ce nom que le destin lui avait façonné.
    À l’invitation de sa maîtresse, Bertille fit entrer une silhouette encapuchonnée. La porte refermée sur son visiteur, celui-ci se débarrassa de son mantel.
    —  Cruelle Isabelle, lança-t-il en guise de bonjour. Vous me condamnez à l’anonymat quand la France entière connaît et respecte mon patronyme.
    —  Clément Marot, vous êtes incorrigible, s’amusa Isabeau en lui tendant sa main à baiser.
    —  Et vous, si froide quand mon cœur brûle d’amour pour vous qui refusez jusqu’à mes vers.
    —  Vous en avez bien d’autres à briser, mon bon ami, de jeunes et jolies comtesses qui se pâment à vos pieds.
    —  En seriez-vous jalouse que vous me rendriez heureux…
    —  Non point. Mon âge, je le sais bien, messire, me met à l’abri d’un véritable désir. Laissez-moi goûter votre amitié. Elle m’est davantage précieuse, comme elle l’était à mon regretté amant.
    —  Paix à son âme.
    —  Paix à la mienne, messire, que vos assiduités sans fondement amusent et agacent à la fois.
    Il se fendit d’une révérence gracieuse assortie d’un sourire malicieux. Le poète dont les vers régalaient la cour de France savait aussi se taire.
    —  Vous souhaitiez me voir. Me voici.
    —  J’ai grand besoin de ce que vous savez et que les autres ignorent.
    —  Cela se fera dans huit jours. Le roi François lui-même veillera à ce que la statue de la Vierge martyre réintègre l’emplacement de la précédente, à l’angle de la rue des Deux-Siciles. Il serait bon que les enfants ne s’approchent pas de l’endroit, Isabelle.
    Elle opina du menton. Deux années auparavant, l’ancienne statue avait été mutilée et brisée. Paris avait été bouleversé et l’on avait accusé les « chiens maudits de Dieu », ces luthériens, ces hérétiques qui vérolaient le pays. François I er avait même promis mille écus d’or à qui lui ramènerait les coupables. Mais nul ne les avait livrés. Encore moins les rares mendiants qui avaient assisté à l’outrage.
    Forts des théories de Luther dans lesquelles ils baignaient depuis leur plus jeune âge, c’étaient Marie et Constant qui avaient perpétré le forfait. Et ces deux-là étaient sacrés à la cour des Miracles. Clément Marot le savait. Il faisait partie des leurs. En secret, car, dans les jours qui avaient suivi, des hérauts avaient proclamé que quiconque maugréerait ou renierait le nom de Dieu serait puni. Suivant le degré et la récidive, les peines pourraient aller de soixante sols d’amende au percement de la langue. L’année suivante, la loi avait durci encore. On ne tolérait désormais aucun forfait. Dès la seconde incartade, la peine de mort était prononcée. Isabeau déglutit avec peine. Elle n’osait imaginer ces enfants étranglés par la main du bourreau.
    —  Le prévôt a fait une mauvaise chute de cheval il y a quelques jours, Isabelle. Le roi a nommé un suppléant pour le remplacer durant sa convalescence. Il prendra ses fonctions à cette occasion.
    —  J’ai entendu dire que cet accident n’en était pas un ? demanda-t-elle, bien qu’elle s’attendît à la réponse.
    —  Je suppose que l’on s’est rendu compte de ses accointances avec les luthériens, tant il couvrait nombre de délits. Mais rien ne prouve la sanction.
    —  Certes. Connaît-on le nouveau visage de notre tourmenteur ? Sera-t-il facile à convaincre ? lança Isabeau qui ne doutait pas de pouvoir acheter le silence de celui-ci comme de ses
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