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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau
Autoren: Mireille Calmel
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grandi. À son sens, la guerre était gagnée et ses ennemis vaincus. Rien désormais ne l’empêcherait de reprendre et de conserver Milan une fois pour toutes.
    Faisant fi des conseils de La Palice qui sentait la fatigue des troupes, le 28 octobre 1524, il mit le siège devant Pavie, certain de son fait.
    Milieu novembre, Isabeau reçut une lettre de son amant qui apaisa son inquiétude :
     
    « Je suis cantonné avec les miens en bordure d’un ruisselet qui accueille notre vaisselle et nos ablutions. La région est belle, foisonnante, et je comprends en la voyant où se tient le cœur de mon roi, même si la froidure nous guette et si l’odeur de poudre gâte l’air. Brouillard et pluie se succèdent, mais notre moral est bon. De fait, malgré la rumeur que ses habitants font courir, nous savons qu’à Pavie ils en sont réduits à manger leurs chevaux. Songez à moi, mon aimée, autant que je songe à vous. »
    Puis une autre :
     
    « Ce 3 février 1525. Mon aimée.
    Le roi François a mauvaise grâce ce jour. À mes avertissements il reste sourd. Cet infâme Bourbon est arrivé avec trente mille hommes si j’en peux juger par leur bivouac. D’assiégeants, nous sommes devenus assiégés. J’estime qu’il conviendrait de se replier vers Milan où se tient encore une de nos garnisons. Ainsi nous pourrions mieux revenir et plus fortement. Je crains, ma mie, que froidure bien plus aigre ne nous guette, mais par Dieu, je suis soldat et mourrai de même, pour l’amour de mon roi.
    Votre fidèle amant. »
     
    La bataille fit rage sur les terres souillées de sang. La Palice se battit comme un diable, épuisé par le poids de son armure. Il finit par baisser l’épée et se rendre lorsqu’un coup de feu espagnol le faucha à bout portant. Quelques minutes plus tard, tous ses fidèles tombés, le roi était cerné.
    François I er fut capturé et la France pleura. Le cœur d’Isabeau s’habilla de deuil une nouvelle fois, comme bon nombre de veuves. La boutique elle-même, dont l’activité avait recommencé, prit l’allure d’un cimetière, tant broderies et dentelles noires se déroulaient par coudées jour après jour. Paris ferma la plupart de ses portes et l’on demanda aux enfants de ne plus chanter dans les rues.
    Pour ne pas attirer l’ennemi plus avant, Louise de Savoie, la mère du roi, se dressa au gouvernement d’une France meurtrie et apeurée par la perspective de l’invasion.
    Les palabres pour la libération du roi débutèrent. Cela dura des mois. François I er tournait et retournait dans sa geôle. Il tomba malade et manda sa sœur à son chevet, ainsi que Charles Quint qui refusait de le voir et de se laisser attendrir par son sort. Marguerite d’Angoulême s’en vint trouver Isabeau, qu’elle avait prise en affection durant les jours heureux en cour de France, lorsque La Palice la présentait à son bras. Elles étaient devenues amies et Marguerite lui donnait de fréquentes nouvelles du roi. Isabeau lui remit une fiole de poison qu’elle avait emportée de Montguerlhe.
    « Servez-vous-en contre l’empereur s’il s’obstine à refuser la liberté du roi », suggéra-t-elle.
    Mais Marguerite d’Angoulême revint avec l’assurance de sa libération s’il survivait à son mal. François I er se rétablit et l’empereur oublia sa promesse. Isabeau et la France entière furent prises de colère.
    À parole de fourbe, François répondit par la duperie. Le 17 mars 1526, il rachetait sa liberté contre un traité. Pour se garantir, Charles Quint exigea que le roi soit échangé contre ses deux fils, le dauphin François âgé de dix ans et son frère Henri. François accepta, contraint et forcé, pour la sauvegarde de son royaume. Il se sépara de ses enfants le cœur gros, regagna la France et se moucha dans ce traité signé sous la contrainte, n’offrant à l’empereur que ses épousailles avec sa sœur Eléonore et une forte rançon pour retrouver ses enfants.
    Il fallut pourtant trois années encore pour trouver un accord entre le roi et l’empereur. En 1530 enfin, les enfants royaux furent rendus à la France, et Eléonore, veuve du roi de Portugal, épousa François I er .
     
    Au long de ces années, Isabeau reçut le soutien et l’affection du roi autant que de sa sœur. La boutique de Rudégonde prospéra. François tenait cour en tous lieux de son royaume, s’étourdissant de fêtes, de chasses, de tout ce dont sa captivité l’avait privé,
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