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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau
Autoren: Mireille Calmel
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para avec vigueur. L’occasion était trop belle de venger ces années de couardise.
    Tandis qu’en carnassiers, les deux animaux s’attaquaient aux mollets des gardes, au mépris des coups de lame qu’elles évitaient d’un bond, Huc ferraillait avec ténacité, à deux contre un.
    — Haro sur l’autre ! hurla-t-il, certain que la louve au collier saurait le comprendre.
    Aussitôt les loups prirent le même élan et plaquèrent au sol Etienne de Fouquet. L’épée échappa au triste sire, il eut beau se couvrir le visage, lutter de ses poings tandis que Huc entraînait son camarade vers l’autre extrémité de la grotte, les morsures lui écharpèrent la chair. Il hurla, se retourna tant qu’il put, rampa jusqu’à sa rapière pour se défendre encore tandis que les crocs lui fourrageaient les omoplates et la nuque, parvint à empoigner l’épée de ses doigts sanguinolents avant de se faire piétiner et lacérer le visage et les yeux. Sa main armée partit en tous sens, atteignit une cible devenue invisible, mais ne parvint pas à lui faire lâcher prise. Il lutta tant qu’il put, puis abandonna.
    Lorsqu’ils s’avisèrent qu’il était hors d’état de nuire, les loups s’en furent prêter main-forte à Huc que la jeunesse de Frédéric de Montjoie mettait à mal. Un coup lui avait déchiré l’épaule, un autre la cuisse, mais il se battait plus que jamais, au nom d’un honneur perdu.
    L’énergie des bêtes furieuses renforça la sienne. Lorsque Montjoie s’écroula enfin, n’ayant pu parer la feinte meurtrière de Huc pour laquelle Cythar avait fait diversion, Huc les laissa s’acharner sur lui avec un plaisir certain. Ces deux marauds venaient de lui racheter une conscience.
    Malgré la douleur qui déchirait ses membres atteints par les coups du capitaine, Huc s’avança en claudiquant jusqu’à Albérie. Son épouse avait plaqué l’enfant effrayée contre son jupon pour lui cacher la scène. Albérie était livide pourtant et, au regard qu’elle porta sur lui, Huc comprit que c’était pour lui qu’elle avait tremblé.
    Il la rassura d’un sourire, comprimant de sa main droite son épaule gauche pour ralentir le flot de sang.
    — Tout va bien, affirma-t-il. Rien qui ne soit raccommodable.
    C’est alors que retentit un hurlement qui fit se détacher Marie d’Albérie.
    — Ma ! Cria la fillette à son tour.
    La femelle s’était assise sur ses pattes arrière devant le corps secoué de spasmes de Cythar. Albérie ne put retenir l’enfant plus longuement. Telle une anguille, elle se précipita. Albérie et Huc lui emboîtèrent le pas. Marie avait spontanément entouré de ses petits bras la belle tête de la louve et la consolait malgré ses propres larmes :
    — Pleure pas, Ma, pleure pas. Il va guérir. Tu vas voir, il va guérir.
    Huc se pencha au-dessus de Cythar. La lame avait touché les entrailles. Il se demanda comment il avait pu se battre encore et encore malgré pareille blessure. Cythar ne s’était écroulé qu’une fois leurs adversaires vaincus.
    Albérie caressa d’une main émue l’encolure souillée de sang, de bave et de poussière, tandis que le souffle s’amenuisait et que les yeux devenaient vitreux. Aucun d’eux ne trouva les mots. Seule Ma hurlait sa tristesse.
    Ensuite seulement, lorsque le dernier souffle de vie eut franchi les narines de son vieil ami, elle se dégagea doucement de l’étreinte de la petite fille et se pencha au-dessus de lui. D’une langue râpeuse sur ses paupières, elle les referma puis s’éloigna. Aussitôt Marie trottina sur ses traces.
    — Attends, Ma ! Attends-moi.
    La louve s’arrêta. Elles reprirent leurs pas ensemble, la petite main de Marie posée sur son échine.
    — Ne vous éloignez pas ! Conseilla Albérie, accrochant un écho aux parois rocheuses.
    Puis, contournant la dépouille de Cythar, elle vint nicher son front contre la poitrine de son époux.
    — Je te laisse les défunts. Je regrette. J’aurais tant voulu te donner une autre vie, Huc.
    — Elle est celle que j’ai choisie, affirma-t-il. Tu n’as rien à te reprocher. La mort de ces hommes, celle de ce loup, autant que mes blessures, me fourniront hélas matière à écarter de vous toute menace. Protège Marie. Protège-toi. Où irez-vous ? demanda-t-il encore.
    — À Paris. J’y ai quelque famille qui nous accueillera.
    — As-tu assez d’argent ? Je pourrais te verser une rente sur ma solde. Tu en auras
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