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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau
Autoren: Mireille Calmel
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rire.
    — Elle s’amuse de vous, comme à son habitude. De plus, elle aime cet endroit et y connaît mille cachettes. Il n’y a point là de quoi pleurer. Qu’Albérie lui fasse la leçon et elle sortira bien vite de sa cache, comme il se doit.
    — Nous y avons songé, ma dame, et c’est là tout mon chagrin. Dame Albérie a disparu, elle aussi, de même que les jouets préférés d’Antoinette-Marie et la petite malle qui contenait ses changes pour le voyage.
    Antoinette déglutit. Sa main s’était soudain faite glacée. La jouvencelle avait débité cela d’un seul souffle, comme si le temps lui pressait de se débarrasser de la nouvelle. Antoinette recula et dut s’appuyer à un coffre sur lequel brosses et onguents tenaient en divers paniers d’osier.
    — Cela n’a pas de sens, voyons. Pas de sens, répéta-t-elle. Les a-t-on vues sortir du château ?
    — Non, dame Antoinette. J’ai interrogé les guetteurs, vous pensez bien.
    — En ce cas, c’est une mauvaise farce, bien sûr. Cette polissonne d’Antoinette-Marie n’aime pas les voyages. Elle se plaît à me mettre en souci, voilà tout, et aura su convaincre sa nourrice de partager ce jeu avec elle. Retrouvez-les ! Elles seront punies pareillement.
    — Vous pensez bien, dame Antoinette, que nous avons cherché déjà.
    — Cherchez encore et encore ! Mille recoins, mille cachettes ! Que la garnison entière les cherche. Je veux quitter Vollore sitôt l’office de sexte.
    — Bien, ma dame.
    — Qu’on envoie aussi quatre gardes dans les bois. Les loups sont proches. Je les entends souvent hurler depuis la fenêtre, la nuit.
    — Bien, ma dame.
    — Où se tient notre prévôt ?
    Il y eut un silence embarrassé.
    — Ne me dis pas qu’il a disparu de même ! Tempêta Antoinette exaspérée.
    — Oh ! Non point, pas lui ! affirma Blanche. Il ne le pourrait pas !
    — Ce qui signifie ?
    — Qu’il est ivre, dame Antoinette, et ronfle sous le blason de la salle commune.
    Antoinette sentit une vague de colère déferler en elle.
    — Qu’on le dessoûle d’un baquet d’eau fraîche ! Je veux le voir ici dans moins d’un sablier ! Et cesse de pleurnicher, tu m’incommodes à la fin ! Cela n’est qu’un jeu, un jeu, entends-tu ?
    — Oui, dame Antoinette.
    Et Blanche s’effaça en reniflant pour retourner la maisonnée. Antoinette tremblait à présent. Elle se répétait à voix haute : « Un jeu, un simple jeu… » Pour tenter de s’en convaincre. Jamais Albérie n’aurait abandonné son époux. Jamais. Jamais.
    Pourtant, lorsque Huc parut au terme de longues minutes, à entendre la maison s’agiter en tous sens et une poignée de gens d’armes courir vers les bois qui jouxtaient le jardin, cette certitude accusa un doute poignant. Mal rasé, le regard encore hébété, les cheveux en bataille et la mise froissée, le prévôt avait piètre allure, et son haleine chargée de relents de vinasse n’ajoutait rien d’agréable à ce triste portrait.
    — Vous m’avez fait mander, grommela-t-il.
    Elle l’avait aimé, comme nul autre. Ce jourd’hui, il l’écœurait.
    — Albérie et Antoinette-Marie ont disparu, lâcha-t-elle.
    Huc se sentit dessoûlé sur l’instant.
    — Disparu ! répéta-t-il.
    — De fait ! Et si vous étiez moins imprégné de beuveries, vous auriez pris part aux recherches, comme il sied à votre charge.
    — Pardonnez-moi, bredouilla Huc.
    Comme il se sentait las soudain.
    — Je vous ai connu vert, messire, vous voilà bouffi, ivrogne, quelle couche pouvez-vous encore honorer qui retienne une amante ? Que vous est-il arrivé, mon bon Huc, pour dépérir ainsi ?
    Elle s’apitoya un instant sur lui, puis revint sur elle. Elle refusait d’admettre l’évidence.
    — Croyez-vous Albérie capable d’enlèvement ?
    Huc ballotta la tête.
    Depuis combien de temps avait-il cessé d’être un époux ? Depuis combien de siècles avait-il failli ? Ils avaient été heureux. C’était si loin. Et puis il y avait eu la mort de Loraline, la naissance de Marie. Il s’était reproché une fois encore de n’avoir pas su, de n’avoir rien fait. L’histoire s’était répétée. Il avait voulu protéger son épouse. Il s’était attaché à la petiote comme elle, jusqu’au jour où il avait découvert la marque des louves sur la nuque fragile, en redressant la fillette tombée à terre. Elle venait d’avoir trois ans. C’était au moment où Chazeron
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