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La Traque des Bannis

La Traque des Bannis

Titel: La Traque des Bannis
Autoren: John Flanagan
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payer ces renseignements, reprit Will d’un ton qu’il espérait posé.
    — Avec un écu d’or, peut-être ? Comme celui que tu as donné à Ryan en passant près du comptoir ? demanda le contrebandier en lançant un regard courroucé au tavernier.
    Celui-ci, qui les observait depuis un moment avec intérêt, détourna les yeux.
    — Nous en reparlerons plus tard, Ryan, ajouta O’Malley.
    Will fut pris de court. Il avait pourtant été persuadé qu’O’Malley ne l’avait pas vu glisser la moitié de pièce au tenancier.
    — Peu de choses vous échappent, pas vrai ? dit-il en laissant percer une note d’admiration dans sa voix.
    Il n’y avait aucun mal à flatter le contrebandier, songea Will. Mais O’Malley n’était pas aussi naïf.
    — Rien ne m’échappe, gamin, rétorqua-t-il en rivant ses yeux irrités à ceux de Will, comme pour sous-entendre qu’il était inutile de l’adoucir avec des paroles mielleuses.
    Le Rôdeur s’agita sur son tabouret. Il perdait le contrôle de la conversation, pensa-t-il ; en réalité, c’était O’Malley qui la menait depuis le début et, jusqu’à présent, Will s’était contenté de réagir, sans réussir à s’imposer. Il fit une nouvelle tentative.
    — Je suis prêt à te payer, répéta-t-il.
    — J’ai déjà été payé, répliqua le contrebandier.
    Au moins, il admettait avoir embarqué Tennyson et ses partisans.
    — Je vous en offre le double. Il me semble que c’est un marché avantageux, déclara le jeune Rôdeur d’un ton raisonnable.
    — Tu trouves ? Laisse-moi un peu t’expliquer ce que sont les affaires. Sache d’abord que je te trancherais volontiers la gorge si l’envie me prenait de m’emparer de ta bourse. Ensuite, je n’ai pas particulièrement de respect pour ce Tennyson dont tu parles. Si j’en avais eu l’occasion, je l’aurais tué avant de le jeter par-dessus bord, et tu serais bien avancé. Seulement, ses amis aux capes mauves n’ont pas cessé de me surveiller. Si je te raconte tout ça, c’est pour te prouver que la confiance qu’on peut m’accorder ne m’est d’aucune espèce d’importance.
    — Alors… commença Will.
    O’Malley le coupa d’un geste.
    — Voici comment marchent les affaires, gamin : j’ai pris l’argent de cet homme pour l’emmener loin de Clonmel. C’est ainsi que je gagne ma vie. Cependant, si j’accepte, au vu et au su de tous ici, l’argent que m’offre un homme pour lui révéler où j’ai conduit un autre homme, crois-tu que cela sera profitable à mon petit commerce ? Les gens viennent me trouver pour une raison précise : ils savent que je peux tenir ma langue.
    Will, embarrassé, se demandait quoi répondre.
    — Je ne crois pas en l’honnêteté, reprit O’Malley, ni en la confiance. Ni même en la loyauté. Mais uniquement en ce qui est rentable ou non. Et si je veux que mes affaires le soient, je me tais quand il le faut.
    Sans prévenir, il parcourut la salle du regard. Les clients dont les yeux étaient braqués sur lui se hâtèrent de les baisser.
    — Et tout le monde dans cette taverne ferait mieux de prendre exemple sur moi, ajouta-t-il en haussant le ton.
    Will écarta les bras, incapable de renverser la situation. Soudain, il regretta l’absence de Halt. Son ancien maître aurait su quoi faire, lui. Une pensée qui lui fit prendre conscience de sa propre impuissance.
    — Eh bien, il ne me reste plus qu’à m’en aller, annonça-t-il en faisant mine de se lever.
    — Une minute ! lança O’Malley en frappant la table du plat de la main. Tu ne m’as pas payé.
    Will laissa échapper un petit rire incrédule.
    — Te payer, alors que tu n’as pas répondu à ma question ?
    — Si, je l’ai fait. Simplement, ce n’était pas la réponse que tu attendais. À présent, donne-moi ce que tu me dois.
    Le Rôdeur jeta un coup d’œil autour de lui. La plupart des habitués qui observaient la scène affichaient de larges sourires. Le contrebandier était peut-être craint et détesté, mais Will était un étranger dans cette ville et ces hommes semblaient se réjouir de sa déconfiture. Le jeune Rôdeur comprit qu’O’Malley avait provoqué cette confrontation pour affermir sa réputation. Ce n’était pas tant l’argent qui l’intéressait que l’opportunité de montrer à tous qu’il menait le jeu. S’efforçant de cacher sa rage, Will sortit une pièce d’or de sa bourse. Ces recherches commençaient à lui revenir cher, songea-t-il, et il
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