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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang
Autoren: Jacqueline Monsigny
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malheureusement Zéphyrine n'avait pu la décider à
quitter l'île.
    C'était La Douceur
qui avait eu l'idée de la chèvre, prétendant « bousus, foutus, couillus, qu'il
n'y avait pas meilleur lait au monde, qu'il avait été élevé comme ça ; que,
cornes de cocus, mam'zelle Zéphy pouvait voir le résultat ! »
    Tout en espérant
que le lait de chèvre ne donnerait pas le langage du géant à la petite
princesse, demoiselle Pluche confectionna un récipient de bois dont le goulot
était obturé de linges ne laissant passer le lait que goutte à goutte.
Corisande s'y était très bien habituée et tétait avec appétit.
    —       Oui-da,
Madame, moi je crois que notre petite chérie n'apprécie pas les éléments
liquides si douloureux pour le cœur ! larmoya Arthémise Pluche.
    Au moindre coup de
roulis, la brave duègne pâlissait, verdissait.
    Avec une réelle
affection, Zéphyrine la réconforta du mieux qu'elle put en lui conseillant de
se coucher le plus vite possible.
    —       Hélas!
Debout mes jambes se dérobent, couchée mes pieds montent... Quelle diablerie,
cette eau... ! soupira la pauvre Pluche.
    Elle se laissa tout
de même tomber sur le lit.
    —       Votre
Altesse a-t-elle faim ?
    Emilia avait
installé un garde-manger rudimentaire dans un coffre vidé des vêtements.
    —       Non,
merci...
    Zéphyrine n'avait
plus jamais faim.
    —       Faut
vous « renforcer », mon p'tit. Si qu' vous voulez lui faire les cornes au
foutu, tordu, d'faux couillu de Quint Cul !
    Assis sur une
caisse, La Douceur astiquait sa rapière.
    Sans lâcher
Corisande, ronronnant maintenant de plaisir, Zéphyrine s'allongea aussi sur le
lit à baldaquin. De l'autre côté, Arthémise Pluche ne bougeait pas plus qu'une
morte. Tous ces braves gens s'installaient dans la chambre de leur maîtresse. «
A la mer comme à la mer ! » avait déclaré Zéphyrine.
    II avait été décidé
que l'ineffable Pluche dormirait au centre du seul lit, serrée entre Emilia,
côté ruelle, et Zéphyrine, près du panier d'osier de sa fille.
    La Douceur, ce
vieux géant, héros de Marignan, prendrait un oreiller et la descente de lit.
Piccolo, le jeune écuyer, devrait se contenter soit d'une couverture dans le
couloir, soit de descendre dormir dans l'entrepont avec les marins dans un
curieux lit suspendu, rapporté par messire Christophe Colomb des Indes
espagnoles : le hamac des indigènes. Les équipages des pays civilisés venaient
d'adopter ce moyen de repos sur les vaisseaux.
    Piccolo, horrifié,
préféra le corridor à cette balançoire de Satan.
    Quant à Gros Léon,
il avait bien sûr son perchoir près du lit de sa maîtresse, en l'occurrence un
vertugadin renversé. Pour cette première nuit le choucas préféra sortir.
Méfiant, il ne dormait que d'un œil. Niché dans les haubans, il marmonnait :
    —        Saumon
! Saumâtre !
     
    Depuis l'arrivée à
Malte, Zéphyrine n'avait pour toutes ressources que quelques bijoux emportés au
dernier instant. Elle n'avait plus payé de gages à ses gens.
    Aucun d'eux
n'aurait voulu ennuyer la princesse avec la moindre récrimination. Quant à
quitter la jeune veuve avec son enfant, ils n'y songeaient même pas.
    Chacun se sentait
investi d'une mission sacrée : en 1' « absence » du prince Farnello, défendre
sa femme et... essayer par tous les moyens de retrouver le petit Luigi,
ignominieusement enlevé, car pour Fulvio ils n'avaient pas l'espoir de
Zéphyrine. Ils avaient vu le palais en flammes et le fidèle Paolo disparaître
avec son maître.
    Seule de tous les
serviteurs Carlotta avait trouvé l'âme sœur à Malte en la personne d'un
tailleur de pierres. Son cœur n'avait pas résisté à ses assauts. Avec la
bénédiction de Zéphyrine, heureuse de son bonheur, Carlotta était donc restée
sur l'île.
    Juste avant de
partir, Zéphyrine avait pu vendre une de ses bagues, un gros saphir serti de
diamants, d'une grande valeur.
    C'était un cadeau
de Fulvio, mais Zéphyrine ne voulait pas être à la charge du grand maître.
    Munie des 10000
sequins de la vente, Zéphyrine, rassurée quant au proche avenir, ne ressortit
pas de la chambre ce soir-là. La Douceur était allé prendre le frais sur le
pont. Zéphyrine en profita pour ôter son « corps » baleiné, le jupon cerclé et
les basquines de toile rigide pour ne garder que sa chemise d'épomine [5] .
    Tandis qu'Emilia
brossait sa chevelure restée somptueuse malgré la fièvre, Zéphyrine
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