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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang
Autoren: Jacqueline Monsigny
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Messire...
    Sa
pâleur inquiéta le jeune homme.
    —       Etes-vous incommodée, Madame, la Méditerranée est cruelle
pour celui qui n'est pas habitué à ses sautes d'humeur...
    —       Je vais parfaitement bien, Chevalier. Ne faisons pas attendre
Son Eminence ! répliqua-t-elle d'un ton sec.
    Le
chevalier s'inclina et reprit son rôle de guide vers la « citadelle » du
gaillard.
    —       La princesse Farnello ! chuchota-t-il à l'oreille d'un
servant d'armes qui gardait, dans le corridor, une porte de bois sculpté.
    —       Je vais voir si Son Eminence a terminé ses prières !
    Le
sergent pénétra dans la pièce. Il revint presque aussitôt tandis qu'une voix
tonique retentissait :
    —       Venez, ma fille !...
    Suivie
du chevalier, Zéphyrine, princesse Farnello, entra dans la chambre la plus
spacieuse du vaisseau.
    Un
lit à baldaquin occupait le côté droit. Au centre, sur un tapis d'Orient,
reposait une lourde table couverte de parchemins et de cartes maritimes. A
gauche, sous un crucifix, un fauteuil de bois noir et un prie-Dieu.
    A
l'entrée de Zéphyrine, un homme d'une soixantaine d'années, les cheveux ras, la
barbe grisonnante, le visage sévère, mais éclairé pour sa visiteuse d'un
sourire, se redressa du prie-Dieu où il faisait ses oraisons.
    C'était
Philippe Villiers de L'Isle-Adam, grand maître de l'ordre de
Saint-Jean-de-Jérusalem [1] .
    —       Etes-vous satisfaite de votre installation, chère Princesse ?
interrogea Villiers de L'Isle-Adam, tout en faisant signe au chevalier et au
servant d'armes de se retirer.
    D'une
révérence, Zéphyrine remercia le grand maître.
    —       Grâce à Votre Excellence, mon enfant, mes gens et moi sommes
des privilégiés fort bien installés dans une excellente chambre... « Pas aussi
luxueuse que celle-ci », faillit ajouter Zéphyrine, qui retrouvait parfois les
lueurs d'insolence ayant fait son charme et sa réputation.
    —       C'est bien. Si vous manquez de quoi que ce soit, prévenez
aussitôt Volker, le frère chevalier que j'ai envoyé à votre recherche. C'est un
bon garçon, de la famille des Hosertaupfen à seize quartiers de noblesse comme
la règle l'exige pour entrer dans l'ordre...
    Tout
en soliloquant, Villiers de L'Isle-Adam faisait signe à la princesse Farnello
de prendre place sur une chaise à haut dossier, tandis que lui-même s'asseyait
dans le fauteuil sous le crucifix.
    Vêtu
de la robe noire des chevaliers de Jérusalem, portant la cotte d'armes rouge
ornée sur le côté d'une croix blanche à huit pointes et fleurs de lis, le
maître de l'ordre avait grand air.
    Zéphyrine
regardait avec reconnaissance cet homme qui, après la terrible catastrophe de
l'Etna [2] l'avait recueillie à Malte et fait soigner avec sa fille, la petite Corisande,
par des frères médecins, de la fièvre putride qui aurait dû toutes deux les
tuer.
    —       Si Dieu le veut, nous atteindrons les côtes de l'Espagne dans
une trentaine de jours, dit Villiers de L'Isle-Adam. Les vents capricieux en
Méditerranée semblent bons pour nous. Quatre galères nous entourent et assurent
notre garde, je pense que les Infidèles n'oseront pas nous attaquer...
    Le
grand maître se gratta la gorge, Zéphyrine comprit qu'on était parvenu au but
de sa convocation.
    —       Que comptez-vous faire en arrivant à Valencia, ma fille ?
Vous avez toujours des intérêts en France. Pourquoi ne pas vous y rendre ? Je
suis prêt à vous faire aborder à Marseille ; même à vous adjoindre quelques
chevaliers qui vous escorteraient jusqu'en Touraine...
    Zéphyrine
se mordit les lèvres pour ne pas hurler. La France... Le Val de Loire... La
victoire de Marignan, François I er ... Les tournois, le Camp du Drap
d'or [3] ... Sa vie
de jeune fille choyée par son père le marquis Roger de Bagatelle et haïe de sa
belle-mère doña Hermina de San Salvador... Tous ces événements lui paraissaient
si lointains et proches en même temps.
    Sa
terrible maladie — délirante, brûlante de fièvre, inconsciente pendant deux
longs mois à Malte — avait rendu Zéphyrine fragile.
    Les
larmes remontèrent à ses yeux. Elle essaya de se dominer :
    —       Rentrer veuve en France, Eminence..., porter le deuil de mon
époux comme une vieille femme et accepter aussi la disparition de mon fils...
Non... Je veux aller demander justice au roi d'Espagne.
    L'émotion
était trop forte. Un sanglot mourut dans sa
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