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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang
Autoren: Jacqueline Monsigny
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gorge.
    Villiers
de L'Isle-Adam considéra avec bonté cette jeune femme de vingt ans, si belle et
courageuse. Sur son délicat visage, il lisait les épreuves dramatiques : après
la défaite de Pavie, un mariage imposé par son père avec le prince italien,
Fulvio Farnello, 1' « orgueilleux borgne lombard », dit « le Léopard ».
    Dieu
qu'elle l'avait haï, ce mari, jusqu'à le fuir 1 , puis le défiant, le
narguant, se refusant à lui, pour enfin découvrir que c'était lui l'inconnu du
Camp du Drap d'or... et s'avouer vaincue ! Elle était devenue une vraie femme
entre ses bras, dans leur domaine de Sicile où ils avaient dû, après le sac de
Rome, se cacher de la colère de Charles Quint.
    Oubliant
la guerre et les luttes partisanes, le prince et la princesse Farnello avaient
eu une courte année de bonheur.
    Zéphyrine
attendait un enfant. Elle ne pouvait jamais rien faire comme tout le monde.
Deux jumeaux étaient nés : Corisande et Luigi.
    Le
prince Farnello était fou d'orgueil et de bonheur.
    Six
jours après la naissance des enfants, les armées de Charles Quint attaquaient
le palais Farnello pour soumettre le prince rebelle qui avait osé, en soutenant
la Sainte Ligue du pape et de François I er , se révolter contre l'empereur. Pendant la bataille, une explosion de l'Etna
avait mis les Espagnols en déroute et obligé les assiégés à fuir par la mer.
    C'était
là que le vrai drame avait éclaté.
    L uigi
avait disparu de son berceau !
    Parti
à sa recherche, le prince Fulvio n'était jamais revenu. Le magma de lave
approchait du palais sicilien. Serrant sur son cœur sa fille Corisande,
Zéphyrine avait été embarquée de force par ses écuyers.
    Recueillie
à Malte par les chevaliers hospitaliers (qui venaient eux-mêmes de quitter
Rhodes après une terrible bataille contre l'empereur Soliman, et cherchaient un
refuge dans le « lac arabe » qu'était la Méditerranée), Zéphyrine avait eu la
chance de trouver en Villiers un allié ayant encore un certain pouvoir.
    Dans
son délire, elle ne savait que gémir :
    —       Fulvio... Luigi...
    Dans
les années 1524, en Italie, le grand maître avait connu le prince Fulvio
Farnello. C'était avant le mariage de ce dernier avec Zéphyrine. Séduit par le
charme, le courage et l'esprit aussi original qu'érudit du prince Farnello,
Philippe Villiers de L'Isle- Adam en avait gardé un souvenir exceptionnel.
    Attendri
par sa jeune « veuve » et troublé de l'entendre sans cesse répéter : « Ils sont
vivants... Je le sens... Je le sais... Mon mari est vivant..., mon fils aussi,
il a été enlevé », Villiers protestait :
    —       Mais, chère Princesse, il faut vous rendre à l'évidence... Il
ne reste rien en Sicile. De Syracuse à Catane, le volcan a tout dévasté.
    —       Ils sont vivants... je le sens dans ma chair...
    Ne
tenant pas debout, Zéphyrine voulait repartir en Sicile à la recherche d'une
trace. Pour calmer sa fièvre, le grand maître avait envoyé des chevaliers
enquêter discrètement. Une lune plus tard, ceux-ci étaient revenus. Ils
n'avaient aucun fait précis, juste deux faibles pistes : une femme voilée de
noir, suivie d'un nain, avait été vue embarquant sur une galéasse espagnole
dans le port miraculeusement épargné de Messine.
    —       Doña Hermina de San Salvador... Ma
belle-mère... C'est elle avec Karolus, avait gémit Zéphyrine. Avait-elle un
nouveau- né dans les bras ?
    Sur
ce point précis, les chevaliers ne savaient malheureusement pas. Ils tenaient,
en revanche, une autre information, d'un homme de la Maffia (cette société secrète de bandits d'honneur, luttant
contre les Espagnols). Le maffioso possédait une cabane dans une crique. Il
affirmait avoir été réveillé par une rixe entre un homme grand et désarmé,
luttant à mains nues contre douze soldats de Charles Quint. Ceux-ci avaient
réussi à grand-peine à le maîtriser et à le jeter ligoté dans une barque. Le
maffioso pensait qu'une carabo a vela [4] , à faible tirant d'eau, attendait la « livraison », de l'autre côté de l'anse,
car il avait aperçu trois mâts qui se balançaient au clair de lune.
    II
avait couru chercher du renfort, mais au petit jour la mer était calme et
déserte, sans aucune voile à l'horizon.
     
    Un
goéland égaré vint frapper de son aile le sabord de la chambre.
    Zéphyrine
sursauta nerveusement. Villiers de L'Isle-Adam, qui avait respecté son silence
et ses pensées, reprit avec
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