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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang
Autoren: Jacqueline Monsigny
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douceur :
    —       Vous êtes courageuse, princesse Farnello. Si telle est votre
volonté, sans l'approuver, je veux essayer de vous aider... Voyons, mon petit,
comment comptez-vous approcher l'empereur?
    Zéphyrine
passa une main amaigrie sur son front. Depuis sa maladie, elle avait des maux
de tête, des défaillances.
    Elle
qui avait été au dire de Fulvio « la femme la plus instruite et la plus
intelligente de sa génération » se sentait maintenant devenue stupide.
    —       Je pense que..., commença Zéphyrine avec effort, j'irai à la
cour demander audience à Sa Majesté et... je plaiderai ma cause...
    —       Tsst, tsst (Villiers de L'Isle-Adam se leva pour aller et venir sous le crucifix), Charles
V est à Tolède, à Ségovie, à Valladolid... Toujours en voyage, seul avec une
petite escorte, mon enfant. C'est que Sa Majesté Catholique ne se déplace pas
comme un roi avec toute la cour, meubles et vaisselle...
    Le
grand maître des chevaliers de Jérusalem, après un regard pour le crucifix,
marqua une pause, puis il reprit :
    —       Moi-même, je vais trouver l'empereur, pour lui demander un
asile définitif à Malte. Lui seul a le pouvoir de l'accorder à notre ordre.
    —       Votre éminence m'emmènerait avec elle jusqu'à Charles Quint ?
demanda Zéphyrine pleine d'espoir.
    Villiers
de L'Isle-Adam arrêta sa marche pour secouer la tête.
    —       Je vous rappelle, ma fille, que l'ordre des Frères
hospitaliers prononce le triple vœu d'obéissance, pauvreté et chasteté...
    A
ce dernier mot, Zéphyrine ne put s'empêcher de rosir. Philippe Villiers de
L'Isle-Adam émit un petit rire amusé de voir la gêne de son interlocutrice.
    —       Nous sommes avant tout, chère Princesse, des moines, soldats
du Christ, et je doute fort que l'empereur, très rigoureux sur toutes questions
religieuses, apprécie de me voir débarquer accompagné d'une femme si jeune et
belle...
    L'embarras
de Zéphyrine s'accentua. Le grand maître reprit son va-et-vient devant le
sabord. Dans le bleu de la mer, Zéphyrine apercevait le sillage d'écume blanche.
    —       Non, je crois que j'ai pour vous une meilleure idée, mon
enfant. Vous ne vous êtes pas demandé pourquoi nous avons baptisé ce bateau la Sainte-Marguerite...
    Villiers
de L'Isle-Adam baissa la voix :
    —       Nous avons une sorte de rendez-vous avec Madame Marguerite...
    Zéphyrine
écarquilla les yeux.
    —       Votre Eminence veut dire que... la duchesse d'Alençon... la
propre sœur du roi...
    —       Oui, princesse Farnello, je vous livre un secret d'Etat.
Marguerite d'Angoulême, bientôt reine de Navarre, la « Marguerite des
Marguerites », la perle des perles... La princesse Marguerite, fierté des
Valois, a dû embarquer à Aigues-Mortes. Elle fait voile en ce moment même pour
l'Espagne. Son Altesse Royale veut intercéder auprès de l'empereur Charles pour
obtenir la grâce de son frère !
    Le
malheur est égoïste. Dans le sien, Zéphyrine avait complètement oublié que son
roi François I er était toujours prisonnier de Charles Quint à l'Alcazar
de Madrid !

PREMIÈRE PARTIE LA TOISON D'OR

Chapitre premier
LA ROSE DE SANG
     
     
    Zéphyrine,
songeuse, regagna la chambre qui lui était assignée. Les hurlements de
Corisande retentissaient jusque dans le corridor.
    La jeune mère
pénétra en trombe dans la pièce. Emilia et demoiselle Pluche se repassaient le
bébé pour tenter de le calmer.
    —       Soupons
! Sauvage ! croassait Gros Léon, afin de bien montrer son opinion sur cette
enfant gâtée.
    —       Est-elle
malade ? s'inquiéta Zéphyrine en la prenant dans ses bras.
    —       Dame
non, mam'zelle Zéphy, 1' a d'la volonté la sacrée grenouille, sabre de bois,
tout comme vous à son âge ! déclara le géant La Douceur.
    Il avait élevé la
princesse Farnello et n'avait jamais pu se décider à l'appeler autrement que «
mam'zelle Zéphy ».
    Au contact de sa
mère, Corisande s'apaisait.
    —       A-t-elle
bien mangé ? reprit Zéphyrine.
    —       Pour
ça oui, Madame... J'ai été traire Rosalie dans la cale et notre petite
princesse a tout bu, affirma Emilia.
    « La chèvre !
Rosalie !... » Zéphyrine soupira. Avec sa fièvre, elle avait dû cesser de
nourrir son enfant. Son lait étant devenu dangereux pour la petite, une grosse
Maltaise avait pris sa suite.
    Cette brave femme
réussissait à Corisande,
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