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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang
Autoren: Jacqueline Monsigny
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se pencha
pour embrasser Corisande.
    L'enfant était
superbe, drôle et mutine. Elle était déjà fort intelligente et vive. Ses
cheveux étaient du même or roux que ceux de sa mère. Une fois de plus, en les
caressant, Zéphyrine pensa à Luigi, ce petit garçon brun qu'elle n'avait connu
que six jours de sa vie..., qu'on lui avait volé au bout de six jours...
    Dans la nuque de
Corisande, les doigts de Zéphyrine caressèrent la petite tache rouge en forme
de fleur qui marquait sa peau tendre. Comme si le destin prévoyant avait choisi
de les désigner à jamais, son jumeau, Luigi, portait la même marque derrière
l'oreille... une rose de sang.

Chapitre II LES CALES DE LA « SAINTE-MARGUERITE »
     
     
    Pour la première
fois depuis longtemps, cette nuit-là, Zéphyrine, serrée à étouffer contre
Pluche, dormit très bien.
    Les cauchemars
affreux qui ne cessaient de la poursuivre, où Fulvio disparaissait dans les
flammes, et où l'horrible ombre de doña Hermina s'emparait de Luigi, firent
place à un rêve merveilleux :
    Zéphyrine se
promenait à cheval dans le parc du palais Farnello en Lombardie. Elle respirait
les effluves d'acanthe et de jasmin. Fière amazone, elle chevauchait, botte à
botte, contre Fulvio. Le prince lui posait une de ses chères questions
scientifiques prêtant entre eux à de longues discussions.
    —       Carissima mia...
Les dix premiers nombres ont des vertus merveilleuses, surtout le nombre dix ou décade. L'âme elle- même est un nombre
qui se meut ! Que dit ma femme chérie de ce principe de Pythagore?...
    Zéphyrine répondait
:
    —       Pythagore?
Je ne sais plus, mon amour... Imaginez que je suis devenue idiote...
    Loin d'en éprouver
du chagrin, cet état de choses la ravissait.
    « Idiote ! Idiote !
» Elle riait !
    Des cris de joie
retentissaient : « Maman... Papa... »
    Deux beaux enfants
de sept à huit ans les rattrapaient, chevauchant crânement des poneys au galop.
    —       Fulvio...
Voilà Corisande et Luigi. Luigi est revenu...!
    Zéphyrine se
réveilla en hurlant de joie. Il faisait grand soleil dans la chambre.
Demoiselle Pluche était incapable de se lever.
    Zéphyrine soigna sa
pauvre duègne du mieux qu'elle put. Elle bassina ses tempes avec de
l'esprit-de-vin et lui promit de chercher un remède auprès des membres de
l'équipage.
    Dans sa panière,
Corisande gazouillait, en attendant son premier repas.
    La Douceur revint
bientôt avec le lait de Rosalie. Comme elle aimait à le faire, Zéphyrine donna
à boire à sa fille, puis elle la changea, tandis qu'Emilia allait quérir le
liquide le plus rare sur un bateau, l'eau douce, qu'elle rapporta dans deux
pots d'étain.
    Zéphyrine fit
quelques ablutions. Aidée d'Emilia, elle passa une robe aussi simple que la
veille. Le corselet bien lacé, ses cheveux coiffés d'une raie au milieu,
laissant apparaître ses tresses d'or sous un touret [6] en forme de
cœur, Zéphyrine était ravissante.
    Ce fut l'avis d'Emilia
qui déclara :
    —       Madame
est comme une nonnette de dix-sept ans, ce matin...
    Accompagnée de Gros
Léon, qui voletait autour de sa coiffe, Zéphyrine descendit se promener sur le
pont arrière. Avant de faire quelques pas, elle eut un regard vers la mâture. Dans
le gréement gonflé par le vent, elle ne vit que des gabiers souriants, la
saluant avec cette simplicité amicale des gens de mer.
    Plusieurs fois,
Zéphyrine respira à pleins poumons. A l'inverse de Pluche, l'air marin la
faisait revivre. Elle s'habituait au roulis, aimait son mouvement. Avec
amusement, elle regardait un banc de « cochons de mer [7] » qui suivait le
navire. La voix du chevalier Volker résonna dans son dos.
    —       Votre
Altesse a-t-elle bien dormi ?
    —       Parfaitement,
messire Chevalier...
    —       Votre
Altesse a-t-elle besoin de quelque chose ?
    —       De
rien, Messire, juste un peu de paix devant cette immensité bleue, répliqua
Zéphyrine.
    La réponse était
désagréable. Sans se formaliser, le chevalier continua :
    —       Son
Eminence m'a ordonné de me mettre à votre service, Madame. Que désirez-vous?
    « Le calme, surtout
ne pas parler avec vous », faillit répondre Zéphyrine.
    Volker la regardait
avec une expression éblouie. Sous ce regard masculin, Zéphyrine retrouva
soudain son instinct féminin pour répondre :
    —       Eh
bien, donnez-moi votre bras, Messire, et faisons quelques pas au soleil.
    Le chevalier ne
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