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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang
Autoren: Jacqueline Monsigny
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dévastés
ou désertés, mais les princes ne voyaient nulle part les armées d'occupation
espagnoles.
    —       Madame, nous y voilà !
    Demoiselle
Pluche montrait du doigt le palais Farnello. Très émus, les jeunes princes
firent arrêter un moment le convoi. La gorge nouée, ils regardaient le fleuve
couleur d'acier bleuté qui coulait au pied de la colline. Sur ce mamelon se
dressaient le village et le château.
    De
loin, tout semblait intact : les trois tours, les donjons, les colonnades et
corniches scuptées donnaient toujours à l'édifice un charme puissant et une
élégance souveraine.
    Pourtant,
au fur et à mesure qu'ils avançaient, ils se rendaient compte des dégâts.
    —       Bousus ! Cocus d'cornus !
    La
Douceur, consterné, découvrait avec ses maîtres les statues de marbre brisées,
les superbes cyprès noirs abattus, les fontaines saccagées. Les gens du village
avaient déserté leurs maisons.
    —       Fulvio, oh ! Fulvio !
    Les
larmes aux yeux, Zéphyrine retrouvait cet endroit dévasté où elle était venue retrouver
l'ogre Fulvio.
    Au-dessus
des piliers qui encadraient la porte monumentale saillait le blason à demi
brisé des princes Farnello. Un léopard à gueule d'or sur fond d'azur, avec,
inscrite dessous en lettres d'or, la fière devise : Je veux !
    Prenant
Zéphyrine par le cou, Fulvio la força à lever la tête. Il déclara :
    —       Je crois que je vais changer la devise de
mes ancêtres pour inscrire : Ce que femme veut
!
    —       Fulvio..., murmura
Zéphyrine, émue.
    Des
collines environnantes où ils s'étaient cachés, les paysans rassurés
accouraient. Ils formaient une haie d'honneur aux princes, heureux d'avoir
retrouvé le souverain de leurs petits Etats.
    Fulvio
et Zéphyrine les saluaient, leur montraient les enfants. Dans cette atmosphère
de liesse, ils arrivèrent sur l'esplanade de marbre.
    Saladin
dans ses bras, Zéphyrine mit pied à terre devant le palais princier. Une armée
de vandales était passée par là. Le monumental escalier de marbre rose pilonné
par des bombardes avait éclaté. Des boulets restaient encore parmi les herbes
folles.
    Enjambant
les trous et les orties, Fulvio traça un chemin pour sa femme et leurs
compagnons.
    A
l'intérieur, c'était pis. Les portes et boiseries dorées étaient arrachées, les
meubles admirables, tables, consoles, sièges recouverts de coussins, brûlés
dans les hautes cheminées, les miroirs brisés, les tableaux de maîtres
modernes, tels que Michelangelo ou Raffaelo, lacérés...
    Tout,
absolument tout avait été saccagé, brûlé, cassé, pillé, l'argenterie volée, des
pans de murs écroulés, la toiture effondrée. Il ne restait rien. Pas un lit,
pas une paillasse pour dormir.
    Fulvio,
le prince courageux, le jouteur, l'homme d'armes qui ne craignait rien,
l'invincible Léopard de Pavie, se laissa aller, accablé, sur une marche
d'escalier branlante pour contempler le désastre.
    Les
jumeaux, Luigi et Corisande, percevant la tragique ambiance, hurlaient à qui
mieux mieux dans les bras de demoiselle Pluche et d'Emilia.
    —       Dieu du ciel, gémissait
Pluche. Jamais le roi Artus ne vit pareille calamité !
    —       Spadassins ! Saccager !
croassait Gros Léon, dégoûté.
    Paolo,
La Douceur et Piccolo, ces vaillants écuyers, n'avaient plus de courage.
    Après
si longtemps, après avoir tant souffert, tant marché, tant espéré, arriver au
but et trouver ce carnage...
    Ils
baissaient les bras, terrassés par l'adversité.
    Zéphyrine,
navrée, contemplait, elle aussi, cette ruine. Sou dain, elle se retourna vers
ses compagnons, et Fulvio, qu'elle regarda avec amour. Un éclair passa dans ses
admirables yeux verts.
    Retroussant
les manches pagodes de sa robe, elle déclara
    —       Eh
bien,... au travail!
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