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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang
Autoren: Jacqueline Monsigny
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pouvons parler ici... Venez... au bout du parc de Bagatelle
sur la route de Chambord... cet après-midi... Mon mari se rend au jeu de paume
entre trois et cinq heures... Je vous attendrai près d'une petite chapelle au
troisième coup de l'heure.
    —       J'y serai, affirma don
Ramon.
    Dans
le carroche conduit par La Douceur qui les ramenait au château, Zéphyrine
fermait les paupières.
    —       Tu es « vraiment »
souffrante ? s'inquiéta Fulvio.
    —       Un peu...
    —       J'avais l'impression qu'il
s'agissait d'une maladie diplomatique visant à m'éloigner ! dit Fulvio en
étirant ses longues jambes gainées de bas gris perle.
    —       Que vas-tu imaginer, mon
amour, soupira Zéphyrine. Il n'y a rien au monde que je ne puisse te raconter.
    Sa
duplicité l'épouvanta. Elle était prête à tout avouer à Fulvio, sachant qu'il
ne pourrait comprendre et qu'un drame horrible éclaterait.
    —       Qui est cet homme ?
interrogea Fulvio. J'ai l'impression de l'avoir déjà vu.
    Réprimant
ses envies de franchise, Zéphyrine s'entendit répondre d'un air négligent :
    —       Don Ramon? Le favori de
Charles Quint! c'est lui, d'une certaine façon, qui m'a permis, par des
renseignements, de retrouver ta trace et surtout celle de Luigi... C'est un
homme courtois, qui m'a rendu service à Madrid, je lui en suis reconnaissante.
    Se
contentant de cette explication plausible, Fulvio n'insista pas.
    A
la demie de deux heures, il partit, accompagné de Paolo et de La Douceur, au
jeu de paume.
    Laissant
les jumeaux jouer avec demoiselle Pluche et Emilia, Zéphyrine se glissa hors du
jardin.
    —       Scélérate ! Sardine !
croassait Gros Léon.
    Enervée,
elle lui donna une tape sur l'aile.
    Son
cheval attaché à une haie, don Ramon attendait à côté de la chapelle. Il ôta
son chapeau à plume pour la saluer.
    —       Faisons quelques pas,
voulez-vous? proposa la jeune femme.
    Don
Ramon arrondit le bras. Zéphyrine y posa ses doigts. Elle se lança :
    —       Vous... avez fait bon
voyage?
    —       Excellent !
    —       Vous veniez d'Espagne ?
    —       Non, d'Italie !
    —       Avec Sa Majesté Charles
Quint ? s'étonna Zéphyrine.
    —       Oui, après les combats, Sa Majesté fait de
la diplomatie et elle visite... Pavie [167] ,
entre autres villes... Elle se fait expliquer la bataille !
    —       Aaah ! et... vous, vous
allez bien, Ramon ?
    —       Si vous voulez parler de
ma santé...
    —       Santé ! croassa Gros Léon,
perché sur une branche.
    Don
Ramon arrêta sa marche. Saisissant Zéphyrine par les bras, il plongea son regard
dans les magnifiques yeux verts qui ne se dérobaient pas.
    —       Je savais qu'un jour je
vous retrouverais, dans ce monde ou dans l'autre. Pourquoi... pourquoi
m'avez-vous fui de cette façon ? Pourquoi ne pas m'avoir fait parvenir un mot ?
Je vous croyais morte... ou que sais-je... Vous vous êtes évaporée. N'avez-vous
pas songé à mon inquiétude et mon chagrin ? J'ai envoyé des sbires partout à
votre recherche, sans résultat. Aviez- vous tellement peur ou de dégoût pour
moi pour me fuir ainsi ? Je pensais que vous aviez quelque affection pour
moi... je vous ai prouvé ma tendresse... Si votre époux est en vie, c'est grâce
à- moi... Je le regrette, oui, aujourd'hui je le regrette ! acheva-t-il d'un
air sombre.
    —       Ne parlez pas ainsi,
Ramon. Il faut me pardonner. Je vous en supplie, je vous en prie...
    Elle
cherchait ses mots, sachant qu'elle devait assumer ses erreurs. Elle ne pouvait
laisser derrière elle un ennemi de la taille de don Ramon.
    —       Je vous en veux surtout,
Zéphyrine, de m'avoir fait croire à votre amour, alors que vous n'y avez vu que
votre intérêt.
    —       Mais je vous ai aimé,
Ramon, vraiment, sincèrement, vous m'avez terriblement troublée, et j'en
éprouve aujourd'hui des remords.
    Don
Ramon semblait soulagé.
    —       Vous m'avez réellement
aimé ?
    —       Oui, je le jure... Vous
avez été mon premier et... seul amant..., affirma-t-elle en priant le ciel
qu'il ne rencontre jamais Cortés.
    Cette
deuxième révélation parut ôter un poids des sombres pensées de don Ramon. Il
voulut serrer Zéphyrine dans ses bras.
    —       Zéphyrine, divine Zéphyrine...,
tu m'as tellement manqué... Recommençons, tout est encore possible.
Abandonne-le, viens avec moi... Tu seras
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