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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang
Autoren: Jacqueline Monsigny
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chapeau à la main, le Normand vint prévenir les princes qu'il les
quittait.
    Avec
sa part de pierreries, il partait acheter :
    —       Un « biau » lopin d'
prairies ben grasses avec douze vaches, un gros taureau, trois cochons, des
p'tits viaux et d'la poule, du côté d'Bayeux !
    Fulvio
et Zéphyrine se séparèrent avec tristesse de cet ami fidèle.
    —       Gardez-vous, m'dam Zéphy !
Vous aussi, capitaine. Qu'on s'reverra p't' êt' ben un jour qu' si c'est qu'
vous passez du côté d' ma ferme ! fit le Normand en enfourchant son cheval.
    Zéphyrine
rentra, les larmes aux yeux, dans le manoir de Varengeville. Du geste émouvant
des femmes enceintes, elle toucha son ventre. L'enfant remuait.
     
    En
grand équipage avec un carroche, des chariots et chevaux offerts par Jean Ango,
les princes Farnello quittèrent Varengeville.
    —       Je ne sais ce qui nous
attend, messire Ango, je ne puis donc vous inviter chez nous en remerciement de
toutes vos bontés ! dit Fulvio en prenant congé de l'armateur.
    —       Bonne chance, prince
Farnello... Que Dieu vous garde avec la princesse Zéphyrine, vous avez illuminé
mes vieux jours.
    Les
jeunes princes allaient entrer dans Paris quand un messager de l'armateur les
rattrapa. Il apportait un coffret d'ébène. Zéphyrine l'ouvrit. Sur un lit de
satin, une grosse émeraude était accompagnée de ces mots : « En souvenir de
Jean Fleury, votre Jean Ango. »
    Par
ce geste délicat, l'armateur voulait montrer aux princes, outre sa
reconnaissance, le fait qu'il avait trouvé les cassettes de Montezuma.
    Sur
les bords de la Seine, Zéphyrine osa seulement raconter à Fulvio la façon dont
elle avait « vendu » Jean Fleury. Fulvio la rassura.
    —       Cessez de vous torturer,
mon amour. N'advient que ce qui doit arriver.
    —       Mais, Fulvio, j'ai...
    Il
lui cloua les lèvres d'un baiser.
    —       Vous n'avez rien fait de mal. Vous avez, à
votre insu, vu la réalité.
    —       Vous, Fulvio, l'homme de
science, admettez une force supérieure ? s'étonna Zéphyrine.
    —       La force supérieure, mon
amour, est dans l'homme. Les découvertes qu'il va faire sont illimitées. Comme
l'a prédit messire Leonardo da Vinci, l'homme planera dans les airs à bord de
machines volantes, qu'il actionnera avec ses pieds. Il ira peut- être même sous
les flots...
    Zéphyrine,
effrayée, se signa.
    —       Faites attention, Fulvio,
de ne pas parler comme ça, on pourrait vous entendre !
    —       Bah, ma douce, j'ai déjà
été condamné par l'Inquisition, on ne prend pas le diable deux fois ! dit
Fulvio en riant.
    Il
embrassa sa femme et, l'enlaçant, ils rentrèrent dans l'auberge que Luigi
mettait à sac.
    —       Moi, Madame, je rends mon
tablier si nous continuons à vivre comme des bohémiens ! menaça Pluche, qui
avait toutes les peines du monde à faire obéir Luigi le terrible.
    —       Bousu ! Mordu ! Tout 1'
portrait d'mam'zelle Zéphy ! déclara La Douceur, ce qui eut pour effet de
beaucoup amuser Fulvio.
    Le
roi avait séjourné au palais des Tournelles [161] près de la forteresse de Bastille, mais, toujours remuant, il était parti
chasser au donjon de Saint-Germain-en-Laye.
    Les
princes Farnello prirent la même direction... François I er avait
levé le camp pour le Val de Loire.
    Au
fur et à mesure que Zéphyrine avançait sur les routes de France, elle avait
l'impression d'accomplir un voyage initiatique. Aux côtés de Fulvio, elle
redécouvrait son pays, admirait les villages nichés dans les bois, les flèches
des clochers, les vignobles et la Loire capricieuse qui coulait entre les rives
argentées.
    A
Meung, les princes et leurs compagnons eurent un grand chagrin. Pando-Pando
s'éteignit brusquement. Depuis plusieurs jours, il ne parlait plus, ne
s'alimentait plus. Sans bruit, il s'était laissé mourir.
    Aucun
prêtre ne voulut bénir sa dépouille de païen. Fulvio et Zéphyrine eurent
beaucoup de mal à trouver un endroit pour l'enterrer décemment. Finalement, un
jeune abbé moins intransigeant accepta de le mettre de nuit dans son cimetière.
Il dit même une courte prière, accompagnée d'un signe de croix.
    Fulvio
et Zéphyrine firent graver sur sa tombe ces mots à double sens :
    «
Que le Seigneur et le Soleil emmènent notre ami au ciel. »
    Ils
laissèrent des écus pour fleurir sa sépulture et on reprit son chemin.
    Zéphyrine
était affectée par la mort de
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