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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante
Autoren: Michel Zévaco
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aveugle : il était fou !
    Dès lors que Lancelot eut acquis cette conviction que le comte de Valois avait perdu la raison, il cessa de s’occuper de lui.
    Derrière le rideau que Valois, tout à l’heure, avait tiré, il y avait une fosse que, sans doute, Bigorne avait préparée dans la journée.
    Il y plaça le cadavre, ramena la terre, rajusta les deux ou trois dalles qu’il avait déplacées ; puis, n’ayant plus rien à faire dans le caveau, il alla à Valois qui continuait ses lamentations et le prit par la main.
    « Me conduisez-vous à Notre-Dame ? dit Valois. Oh ! faites que j’y puisse bientôt arriver ! Il me reste si peu de temps pour faire pénitence !…
    – Allons, il vous reste toute la vie pour cela. Soyez patient, par tous les diables ! »
    Bigorne remonta dans la salle du rez-de-chaussée de la tour, ouvrit la porte avec une clef qu’il avait gardée sur lui, et, toujours le tenant par la main, conduisit Valois au-dehors.
    Alors, il le lâcha et lui dit :
    « Allez, maintenant, monseigneur ! Vous avez failli me pendre. J’ai failli vous pendre. Voyez-vous, il fallait que l’un de nous y restât. J’aime mieux que ce soit vous. C’est plus juste, d’abord, et puis, maintenant que je suis riche, je tiens à la vie… »
    Valois s’éloigna. Longtemps Bigorne entendit sa lamentation qui se perdait dans le lointain.
    « Priez pour l’âme d’Enguerrand de Marigny !… »
    Puis lorsque cette voix funèbre se fut éteinte dans l’éloignement, il jeta un regard sur la vieille tour silencieuse et morne dans les ténèbres et il murmura :
    « Adieu, Tour de Nesle, sombre asile de spectres. Toi aussi, tour maudite, te voilà pardonnée, car nous ne te craignons plus… Tour de Nesle, adieu ! »
     
    P.-S. – Nous avons vu que Lancelot Bigorne put rejoindre ses compagnons au hameau du Roule. La petite troupe se mit en route à l’heure qu’avait fixée Buridan. Elle gagna la Bourgogne et s’établit aux environs de Dijon, où ses compères, unis de la plus étroite amitié, vécurent ensemble de longues années.
    Buridan épousa la fille de Marigny.
    Vers 1324, sa mère, la dame de Dramans, mourut après une paisible vieillesse. Alors, Buridan revint à Paris, où il supposait justement que tous ces événements devaient être oubliés depuis longtemps.
    Quant au malheureux Louis X, quant à celui que le peuple de Paris avait surnommé Hutin pour sa joyeuse humeur, il succomba, peu de temps après la mort de Marguerite, à une maladie de langueur, et fut remplacé sur le trône par un de ses frères connu dans l’histoire, à défaut d’autre illustration, sous le nom plutôt comique de Philippe le Long.

CONCLUSION
    Au printemps de l’an 1325, un jour, vers midi, plusieurs personnages étaient rassemblés dans une jolie taverne du bord de l’eau. Ces honnêtes Parisiens venaient d’achever un repas substantiel et varié comme peuvent en faire des voyageurs dont l’appétit a été aiguisé par une longue étape. La table avait été dressée sous une tonnelle que fleurissaient des chèvrefeuilles. À leurs pieds coulait la Seine, toute bleue et paisible. À leur droite, s’indiquait la masse confuse des tours, des clochetons et des girouettes du Louvre. Devant eux, par-delà le fleuve, se dressait la vieille Tour de Nesle. Ces voyageurs, qui venaient d’arriver dans Paris et qui avaient eu l’idée de s’arrêter là et non ailleurs, c’étaient Jean Buridan et sa femme Myrtille ; c’était Gautier d’Aulnay ; c’était Lancelot Bigorne ; c’étaient Bourrasque et Riquet Haudryot…
    Ils échangèrent leurs projets d’avenir ; Gautier parlait de se retirer dans ses domaines ! Guillaume et Riquet parlaient d’entreprendre un voyage à travers le monde. Myrtille parla alors d’une voix émue :
    « Pourquoi nous quitter ? Est-ce que la destinée ne nous a pas mis dans les mêmes douleurs et dans les mêmes joies ? »
    Il paraît que les compagnons ne demandaient, au fond, qu’à rester ensemble. Car il fut dès lors résolu qu’on ne se séparerait plus.
    Cependant, Buridan regardait d’un air pensif la vieille Tour de Nesle.
    « Maître, demanda-t-il à l’aubergiste, pourquoi la porte et les fenêtres de cette tour sont-elles condamnées de planches solidement clouées ?
    – C’est pour empêcher le spectre de sortir, dit l’hôte.
    – Quel spectre ? fit Buridan qui tressaillait.
    – Vous ne savez donc pas ? Ah ! oui,
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