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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante
Autoren: Michel Zévaco
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foule accourue à ce spectacle ne pût élever aucune réclamation.

XLVIII
 
LE TRÉSOR D’ENGUERRAND DE MARIGNY
    Dans la matinée du jour où périt Stragildo, Charles de Valois, gouverneur du Temple, se mit à calculer sa propre fortune.
    Il était plongé dans cet intéressant calcul, lorsqu’on vint lui annoncer qu’un homme demandait à le voir en particulier et à l’instant même. Cet homme disait se nommer Tristan.
    Au nom de Tristan, Valois sursauta, et, au lieu de donner l’ordre de chasser à coups de fouet de chien l’insolent qui prétendait lui parler sur-le-champ, le fit introduire.
    « Qu’as-tu à nous dire ? demanda rudement Valois.
    – Monseigneur, répondit Tristan, j’ai appris que vous avez donné l’ordre de me chercher comme étant le détenteur des trésors de mon défunt maître.
    – C’est vrai. Et tu n’ignores pas que tu seras pendu pour n’avoir pas restitué au roi ce qui appartient au roi ?…
    – C’est pour cela que je viens vous trouver, monseigneur. Je viens donc humblement faire acte de soumission ; et, comme vous êtes chargé des affaires de l’État, vous supplier de me faire conduire en présence de notre sire, auquel je révélerai l’endroit où se trouve caché le trésor de mon maître.
    – Ce trésor existe donc ?
    – En avez-vous douté, monseigneur ?
    – Et à combien se monte-t-il ?…
    – J’ai essayé de compter un jour que mon maître m’avait informé de sa résolution de fuir Paris ; j’ai compté depuis le soleil levant ; j’ai aligné les piles d’or ; mais, à la nuit close, je n’avais pas fini. »
    Valois frissonna. Déjà, il songeait activement au moyen de s’emparer de cette énorme fortune. Tristan continuait :
    « Contre le service que je rends en restituant un trésor que je pouvais garder, je ne demande que deux choses.
    – Parle ! fit avidement Valois.
    – D’abord vie sauve, et liberté de sortir de Paris.
    – Tu tiens donc bien à ne pas être pendu ? »
    Le vieux serviteur répondit d’une voix tremblante :
    « Je suis vieux, monseigneur ; mais, toujours absorbé par un dur service, j’ignore tout de la vie ; si Dieu a décidé que je dois vivre quelques années encore, je tiens à ce peu qui me reste à vivre…
    – Et ensuite, que demandes-tu ?
    – Ensuite, monseigneur, si le roi m’accorde vie sauve, je voudrais pouvoir vivre enfin quelques années en repos et sans souci. Je demande six mille livres, qui me seront comptées le jour même où j’indiquerai le trésor.
    – Écoute, si je te fais conduire au roi, ta mort est assurée, soit qu’il te fasse pendre, soit que tu t’empoisonnes. Si tu veux me révéler ton secret, je te fais conduire hors Paris avec dix mille livres, au lieu de six que tu demandes. »
    Tristan semblait réfléchir à cette proposition et Valois attendait sa réponse en frémissant.
    « Ainsi, monseigneur, vous jureriez sur la croix ? »
    Valois regarda autour de lui. Et comme il ne vit pas de croix, il tira sa lourde épée et en présenta la poignée à Tristan.
    « Voici une croix, dit-il. Je te jure sur mon âme que tu seras conduit sain et sauf hors de Paris, avec dix mille livres pour ta part.
    – C’est bien, monseigneur, je me rends. Venez ce soir au pied de la Grosse Tour du Louvre, et je vous conduirai au trésor. Mais, vous l’avez dit vous-même : la chose doit demeurer entre nous. Venez donc seul, ou du moins accompagné de peu de gens…
    – Non, non, fit vivement Valois. Je serai seul. Et il faudra que tu sois seul aussi. Maintenant, par où veux-tu quitter Paris, et quand veux-tu le quitter ?
    – Quand ? Au plus tôt. Demain matin, à la pointe du jour. Par où ? J’ai l’intention de me diriger sur Orléans. Je sortirai donc par la porte Bourdelle.
    – C’est bon, dit Valois. Ce soir, à dix heures, je serai au pied de la Grosse Tour du Louvre. Demain matin, à six heures, un de mes hommes t’attendra hors de la porte Bourdelle, avec un cheval dont je te fais présent et les dix mille livres promises. Va-t’en, maintenant. »
    À peine fut-il hors du Temple que Valois fit venir son capitaine des gardes et lui dit :
    « Ce soir, je vais en expédition. Il me faut quatre hommes sûrs qui me suivront à distance et n’approcheront que si je crie ou les siffle. Demain matin, à l’ouverture des portes, vous placerez dans les terrains maraîchers qui se trouvent hors de la porte Bourdelle, deux de vos
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