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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante
Autoren: Michel Zévaco
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expérience, que jamais il ne revenait sur une décision une fois prise, ils le serrèrent dans leurs bras sans essayer de le détourner de son projet, quel qu’il fût…
    Buridan prit Stragildo par le bras, après avoir eu soin de le couvrir d’un grand manteau de couleur rouge dont il rabattit la capuche sur son visage.
    Stragildo se mit en marche, sans résistance.
    Ils traversèrent lentement une partie de Paris et arrivèrent enfin à la place du Martroi-Saint-Jean.
    Buridan traversa la place, toujours donnant le bras à Stragildo, et se dirigea droit sur l’entrée de la prison. Il comprenait que tout dépendait de la résolution qu’il mettrait à exécuter son projet insensé. La moindre hésitation pouvait le perdre. Il ne se demanda pas s’il serait reconnu, si un obstacle ne se dresserait pas tout à coup. Et même il s’efforçait de ne pas penser. Ou la chose réussirait, ou lui-même serait pris et irait rejoindre Gautier, voilà tout.
    Il entra dans le corps de garde, où une vingtaine d’archers dormaient ou jouaient.
    « Le capitaine ! » demanda-t-il d’un accent impérieux.
    L’officier fixa sur cet homme couvert de son manteau rouge un regard curieux et sur Buridan un regard interrogateur.
    « Messire, dit Buridan, de par le roi ! »
    L’officier, qui était assis, se leva aussitôt dans une attitude de respect. Nous avons expliqué déjà quelle était la puissance de ces mots : de par le roi !
    « Vous avez un prisonnier ? reprit Buridan.
    – Oui, le sire d’Aulnay.
    – Peu importe le nom. Ce prisonnier détient un secret d’État.
    – Je crois l’avoir deviné, fit l’officier. C’est pourquoi l’official sera ici demain pour recueillir les derniers aveux du condamné. »
    Buridan tenait toujours Stragildo par le bras. Il se pencha vers l’officier et murmura :
    « Le condamné ne dira rien à l’official puisqu’il n’a rien voulu dire à Monseigneur de Valois. L’homme que voici, messire, peut seul arracher la vérité au prisonnier. De par le roi, capitaine, cet homme doit être mis en communication avec le condamné ; je l’accompagnerai pour recueillir les aveux.
    – Il me faut un ordre écrit.
    – Le voici », dit Buridan.
    Et il jeta sur la table le deuxième des deux parchemins qu’il avait pris sur Stragildo. Le premier, on s’en souvient, avait été brûlé par Valois.
    L’instant fut suprême. L’officier déplia le parchemin et le lut. Buridan, raidi, livide, sentit que son cœur s’arrêtait de battre. À ce moment, l’officier releva la tête, salua Buridan et cria :
    « Huit hommes pour descendre aux cachots… »
    Et il tendit le parchemin à Buridan qui, étouffant un mugissement de joie, repoussa doucement le papier en disant :
    « J’ai ordre de laisser en vos mains ce parchemin que vous aurez à représenter demain à réquisition de messire Jean de Précy. Seulement, je vous préviens que l’entretien doit être secret.
    – Mes hommes n’entendront rien, soyez tranquille. »
    L’officier se dirigea vers une porte qu’il ouvrit. Là commençait un escalier que Buridan commença à descendre, Stragildo à son bras. Les huit archers suivaient. Deux d’entre eux portaient des torches. Une porte fut ouverte.
    « Donnez-moi la torche », dit Buridan à celui des archers qui se trouvait près de lui.
    Et il entra.
    Derrière lui, il repoussa la porte…
    Puis il planta la torche dans un coin du cachot.
    Alors seulement il se tourna vers le fond, et vit un homme couché sur les dalles, les mains et les pieds liés de cordes.
    Cet homme au visage de cire, affreusement maigri, c’était Gautier !… Il tenait ses yeux fermés, insensible, en apparence, à tout ce qui pouvait lui arriver.
    Buridan s’agenouilla, appuya fortement sa main sur la bouche de Gautier pour l’empêcher de crier, se pencha jusqu’à son oreille et murmura :
    « Tais-toi. Par le Ciel, si tu veux vivre, tais-toi ! Ouvre seulement tes yeux et regarde !… »
    Gautier ouvrit les yeux… des yeux hagards, des yeux d’agonie où la mort prochaine, déjà, projetait son ombre. Il vit Buridan !… Et quelque chose comme un faible gémissement souleva sa poitrine.
    « Pas un mot ! Pas un cri ! » gronda Buridan.
    Alors, de son poignard, Buridan trancha les cordes.
    L’instant d’après, Gautier était debout, si effaré, si tremblant, avec un visage si flamboyant que, pour la deuxième fois, Buridan lui appliqua sa main sur la
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