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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante
Autoren: Michel Zévaco
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serviteur le plus loyal, le plus dévoué, le plus désintéressé…
    – De qui veux-tu parler, Valois ? fit le roi chez qui déjà la colère commençait à bouillonner.
    – De qui voulez-vous donc que je parle, Sire, sinon de celui qui, après avoir ruiné mon frère, Philippe IV, cherche à vous ruiner vous-même ? De qui voulez-vous que je parle, sinon de celui qui me hait parce que j’ai surpris ses dilapidations, parce qu’il sait que je le surveille, parce qu’il a besoin d’ombre et de silence, et que je suis, moi, le flambeau qui éclaire, la parole qui accuse ? De qui voulez-vous que je parle, sinon du seul homme qui ait intérêt à ma disparition ?…
    – Crois-tu donc, gronda le roi, crois-tu que Marigny oserait…
    – Ah ! Sire, vous voyez bien que c’est vous qui prononcez son nom, son nom maudit ! C’est Marigny, Sire, qui m’a dépêché cette bande de truands avec mission de m’assassiner ! Les truands n’ont pas osé aller jusqu’au bout. Ils n’ont pas osé porter la main sur moi. Mais ils m’auraient laissé mourir de faim et de soif dans ce cachot d’où mon roi est venu me tirer comme l’ange envoyé par Dieu.
    – Par Notre-Dame, balbutia le roi, chez qui la fureur se déchaînait, si j’en étais sûr, je ferais saisir Marigny, je le ferais jeter dans un cachot où je le laisserais pourrir ou, plutôt, je le ferais pendre, oui, pendre, tout mon premier ministre qu’il est, pendre à ces fourches de Montfaucon qu’il m’a offertes comme don de joyeux avènement. »
    À ce moment, Valois comprit qu’il jouait sur un coup de dé sa puissance et, peut-être, sa liberté et sa vie.
    Il sentit qu’entré dans la voie de l’accusation, il lui fallait aller jusqu’au bout, il lui fallait écraser à jamais son rival sous une des formidables accusations dont on ne se relève pas.
    Son visage se fit plus sombre, sa voix se fit plus fielleuse :
    « Sire, dit-il, si je vous disais la vérité tout entière, si je vous disais pourquoi, depuis quelques jours, Marigny qui a toujours souhaité ma perte, s’est résolu à me tuer enfin, après avoir longtemps hésité…
    – Parle ! je te l’ordonne, fit le roi en voyant que Valois s’arrêtait.
    – Si Enguerrand de Marigny n’avait visé que le comte de la Marche, ou le comte de Poitiers, pardonnez-moi, Sire ! mais j’aurais laissé faire Enguerrand de Marigny ! »
    Le roi tressaillit et pâlit en voyant deviner ses pensées les plus secrètes.
    « Car alors, continua Valois de sa voix sifflante, j’aurais pensé que c’était Dieu même qui armait le bras de Marigny contre deux hommes qui attendent avec une trop visible impatience leur tour de monter sur le trône ! Mais je vous ai dit plus haut, cherchez plus haut encore !… Je vous vois pâlir, je vois que vous avez compris ! Oui, Sire ! c’est de vous qu’il s’agit ! C’est vous que Marigny ose menacer directement. Et si Buridan n’est que l’instrument de Marigny, qui sait si Marigny lui-même n’est pas l’instrument de vos deux frères ? »
    Le roi réfléchissait. Et Valois, avec le sourire de la haine satisfaite, le regardait réfléchir. Cette fois, Louis Hutin ne s’abandonnait pas à une de ces fureurs aussi vite apaisées que déchaînées : cette fois il songeait. Un pli dur barrait son front, ordinairement poli et sans rides comme un front d’enfant qui n’a pas encore connu le souci de la vie. Ses yeux, d’un bleu gris qui, généralement ne reflétaient que la joie de vivre, étaient devenus mauvais.
    « Marigny est perdu ! » songea le comte de Valois avec un rugissement de joie intérieure.
    Le roi releva longtemps la tête, jeta un regard autour de lui, comme pour s’assurer que l’ombre de Marigny n’était pas là pour le surveiller, et demanda :
    « Comment ferons-nous ?… »
    C’était la condamnation d’Enguerrand de Marigny.
    « Sire, dit Valois, si Votre Majesté veut me confier la direction de cette affaire, je me fais fort de trouver pour les juges un prétexte suffisant sans qu’il soit besoin d’instruire le peuple de la vérité, c’est-à-dire du danger qui a menacé vos jours. Les prétextes ne manquent pas ! Nous ferons fouiller les caves de l’hôtel Marigny et nous trouverons qu’elles regorgent d’or, alors que les coffres du roi sont presque vides. Nous lui demanderons d’où vient cet or. Nous l’accuserons d’avoir pillé et forfaité les deniers destinés à
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