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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante
Autoren: Michel Zévaco
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procédons avec ordre, ma reine. Que voulez-vous savoir ?
    – Tout !…
    – Madame, dit-elle, je vous avais promis un élixir d’amour, vous l’avez eu.
    – Mais tu as dit que c’était un poison mortel…
    – Mon élixir est un poison. J’ai dit la vérité…
    – Mais Buridan n’est pas mort !…
    – Et qui vous dit qu’il ne l’est pas à cette heure ? »
    La reine frémissait.
    Et Mabel songeait :
    « Ô mon fils, tu es sauvé ! Tant que l’infâme ribaude te croira mort, tu es à l’abri du mortel amour qu’elle t’a voué ! Mais qu’est-il devenu mon Jehan ? Que s’est-il passé après mon départ de la Tour de Nesle ? »
    « Ma chère reine, reprit-elle tout haut, sans doute, vous l’avez fait saisir ? Sans doute, vous le tenez dans quelque cachot du Louvre ?
    – Tu ne sais donc rien ! gronda Marguerite. Tu ne sais donc pas qu’ils m’échappèrent ! qu’ils ont failli me tuer à la Tour de Nesle ! que Philippe et Gautier d’Aulnay sont vivants, qu’ils ont voulu me faire dévorer par mes lions, et qu’enfin ils se sont emparés de Valois ! »
    « Emparés de Valois ! murmura sourdement Mabel, qui pâlit sous son masque. Pourquoi Buridan a-t-il voulu s’emparer de Valois… Est-ce que Myrtille ?… »
    « Madame, continua-t-elle, je ne sais rien. En sortant de la Tour de Nesle, j’ai été saisie par une bande d’archers et conduite au Temple. Là, on m’a dit que j’étais accusée de sorcellerie… le roi est venu en personne m’interroger…
    – Et tu n’as rien dit ? fit anxieusement Marguerite.
    – Qu’aurais-je pu dire !… La nuit, j’ai vu la porte de mon cachot s’ouvrir tout à coup, comme je songeais au moyen de vous prévenir que j’étais au Temple, que le roi avait peut-être quelque soupçon, puisqu’il fait surveiller la Tour de Nesle…
    – Oui, oui !… c’est sûr… il a des soupçons… Tu me sauveras, Mabel ! Toi seule peux me sauver !
    – Ne craignez rien ! J’ai donc été emmenée et conduite dans la chambre du roi, puis enfermée dans ce cabinet secret dont je serais sortie si la porte s’ouvrait de l’intérieur. J’étais persuadée qu’on allait me conduire au bûcher dès que le jour paraîtrait, et je me résignais de mon mieux lorsque vous m’êtes apparue… mais…
    – Mais quoi ? Parle, ma chère. As-tu quoi que ce soit à me demander ?… C’est vrai, Mabel, je te voulais la male-mort parce que je me croyais trahie par toi… et je suis heureuse de t’avoir retrouvée… »
    Mabel put mesurer à ce moment toute l’influence qu’elle avait acquise sur l’esprit de la reine.
    « Madame, reprit-elle, pouvez-vous au moins me dire ce qu’est devenu Lancelot Bigorne ?
    – Je vais te le dire. C’est Bigorne qui a enlevé le Valois. Et c’est Bigorne qui, lui-même, vient de faire délivrer Valois par le roi. Pourquoi ? C’est ce que je me demande en vain…
    – Je le saurai, moi ! dit Mabel. Ma chère reine, je vois que, pendant mon absence forcée, il s’est passé d’étranges événements. Je sens que vous êtes menacée… il était temps que je m’occupe de vous sauver… »
    En disant ces mots, Mabel s’éloigna rapidement, laissant la reine à la fois rassurée et inquiète.
    Quant à Mabel, elle tremblait de l’effort qu’elle avait dû faire pour parler de Buridan avec la même indifférence qu’autrefois.
    Elle tremblait parce qu’elle se posait cette question :
    « Pourquoi Buridan s’est-il attaqué à Valois ? Est-ce donc que Valois, malgré son serment, aurait enlevé Myrtille ? Et Buridan l’aurait-il appris ? Mais par qui ? Et comment ?
    Mabel était sortie de l’appartement de la reine par la porte officielle, afin que chacun pût constater sa présence.
    À la porte, elle se heurta à un archer qui semblait guetter.
    « Que fais-tu là, toi ? demanda-t-elle rudement.
    – J’attends madame la reine, dit le soldat.
    – Et que veux-tu à la reine ? La reine est fatiguée. Elle ne paraîtra pas de la journée hors de ses appartements.
    – Je voulais lui remettre ceci, dit l’archer en montrant dans sa main ouverte un paquet minuscule.
    – Donne ! je le lui remettrai moi-même.
    – C’est que madame la reine devait me donner une forte récompense… du moins, le gentilhomme qui m’a chargé de remettre ce paquet me l’a assuré.
    – N’est-ce que cela ? Tu seras récompensé, va. Mais qu’est-ce que ce
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