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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante
Autoren: Michel Zévaco
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dit rudement le capitaine. Mais un brave, je vous le garantis. Et un brave homme ! Je lui dois la vie, en somme, il pouvait emporter ce parchemin, et c’est lui-même qui m’a conseillé de le garder, – mieux : il m’en a donné l’ordre. – Mais, sire prévôt, que devons-nous faire du Stragildo, maintenant ? Faut-il le relâcher ?
    – Le relâcher ! fit Jean de Précy avec le grognement du chien à qui on retire un os. Écoutez ! Ce Stragildo, j’avais l’ordre de le rechercher pour le faire pendre, car il paraît que notre bon sire Louis a reçu de lui un grave affront.
    – Eh bien, donc, le voilà tout trouvé. Prenez ce Stragildo, messire, et m’en débarrassez.
    – Hum !… Donc, ce Stragildo qui, entre nous, est un horrible mécréant et mérite la hart depuis le jour de sa naissance à tout le moins, ce Stragildo est de bonne prise et, comme il est condamné, il n’y a qu’à le faire pendre…
    – Faites-le pendre, sire prévôt. Emmenez-le à la Croix du Trahoir ou à la Grève. Ici, il n’y a pas de potence.
    – Hum !… Et voici déjà le bon peuple de Paris qui s’impatiente et veut voir écorcher. Écoutez, mon digne capitaine, je vais m’occuper de faire rechercher aussitôt le Gautier du diable et l’effronté écolier Buridan qui l’a tiré de cette prison. Les deux gaillards ne perdront rien pour attendre. D’autant que nous avons de vieux comptes à régler avec le damné Buridan. Mais, quant à reculer le supplice de Gautier, voyez-vous, c’est impossible. »
    L’officier ouvrit des yeux énormes.
    « Par la Vierge, grommela le prévôt, ces gens d’armes sont d’obtuse intelligence. Vous ne comprenez pas ?
    – Non, sire prévôt, je ne comprends pas, fit le capitaine, je n’ai pas le droit de comprendre, moi ; je n’ai que le droit d’obéir, si vous commandez.
    – Eh bien, donc, je commande. Prenez-moi ce Gautier, que j’entends hurler d’ici. Il ne s’est rien passé cette nuit, capitaine. Je vais faire pendre ce Gautier et vous en débarrasser. »
    Là-dessus, le prévôt alla regagner sa place au pied de l’échafaud et donna l’ordre d’exécuter Philippe d’Aulnay.
    Sur quoi, les aides de Capeluche saisirent une sorte de mannequin qui était déposé dans un grand panier, le mirent debout et le montrèrent à la foule. L’un d’eux saisit la hache, dont il porta un coup sur la tête, laquelle roula aussitôt.
    Il se fit une grande huée d’éclats de rire, puis aussitôt le silence s’établit, tragique cette fois… car c’était un vivant, un être de chair et d’os qu’on allait supplicier !… Tous les regards se tournèrent vers la porte de la prison.
    Là, dans cette prison, au fond des cachots, une scène terrible se passait, tandis que là-haut, sur l’échafaud se déroulait le simulacre grotesque de l’exécution de Philippe. En effet, après son entretien avec le prévôt, le capitaine était rentré au corps de garde en criant :
    « Qu’on saisisse le sire d’Aulnay et conduisez-le-moi à l’échafaudage. »
    Une douzaine d’archers se mirent en devoir d’exécuter cet ordre.
    « Mais je ne suis pas d’Aulnay ! hurlait Stragildo.
    – Allons, compère, laissez-vous faire en douceur ! répétaient les aides.
    – Faisons donc savoir audit Gautier, sire d’Aulnay… glapissait l’homme noir.
    – La peste soit de l’enragé qui fait de la rébellion, vociféraient les archers.
    – Je vous dis que je m’appelle Stragildo ! »
    Tous ces cris se fondirent en un sourd grognement. Stragildo, acculé dans un angle, cessait de clamer son désespoir, il se défendait.
    Dans cet angle noir, les torches renversées, il y eut une mêlée sans nom ; de sourds jurons, des hurlements brefs, des insultes, une lutte formidable de l’homme qui ne voulait pas mourir. Puis, brusquement, tout s’apaisa.
    « Là ! Là ! faisait l’aide en train de ligoter Stragildo.
    – Ces d’Aulnay étaient de rudes sacripants, se disaient les archers l’un à l’autre.
    – … Et finalement, la tête tranchée par la hache », achevait en nasillant l’homme noir qui savait son parchemin par cœur.
    Stragildo ne disait plus rien. On l’emporta tout garrotté…
    Et lorsqu’on le déposa dans le corps de garde, à la lumière du jour, on s’aperçut qu’il était mort.
    Nous devons ajouter que le cadavre du gardien des fauves fut porté sur l’échafaud et qu’il y subit le supplice annoncé, afin que la
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