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La règle de quatre

La règle de quatre

Titel: La règle de quatre
Autoren: Ian Caldwell
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veut dire que la partie est finie.
    — Sans blague, Charlie. Pourquoi ?
    — Parce qu’il y a un truc qui ne tourne pas rond.
    — Qui ne tourne pas rond ?
    Il lève un doigt, m’intimant l’ordre de me taire. Au loin, j’entends des voix.
    — C’est eux, dis-je.
    Il soulève son fusil.
    — Alors, allons-y.
     
    Charlie marche à grandes enjambées et je n’ai d’autre choix que de le suivre. Incroyable, cette capacité qu’il a de courir dans le noir. J’essaie de garder le faisceau de ma lampe braqué sur lui.
    Tout près d’une intersection, il s’arrête.
    — Ne bouge plus, chuchote-t-il. Éteins la lampe. Je ne veux pas qu’ils nous voient arriver.
    J’ai saisi le message. La radio crépite de nouveau.
    « Game over, Charlie. Nous sommes dans le couloir nord-sud , sous Edwards Hall. »
    La voix de Gil est plus claire, plus proche.
    J’esquisse un pas, mais Charlie m’empêche de continuer. Deux rais de lumière se dessinent au loin. Scrutant l’obscurité, je distingue enfin les silhouettes de Gil et de Paul. Ils se retournent en nous entendant arriver. Un faisceau nous aveugle.
    — Merde ! aboie Charlie en se protégeant les yeux.
    Il pointe son fusil et appuie sur la détente. J’entends le couinement mécanique du barillet.
    — Stop ! s’exclame Gil.
    — Que se passe-t-il ? s’enquiert Charlie quand nous discernons enfin Gil et Paul au milieu d’un halo de lumière.
    Un doigt sur les lèvres, Gil montre la grille au-dessus de leur tête. Deux hommes se tiennent devant Edwards Hall.
    — Bill me cherche, chuchote Paul, très agité, en brandissant son bipeur dans la lumière. Il faut absolument que je sorte d’ici pour lui passer un coup de fil.
    Charlie fait signe à Paul de se réfugier dans l’obscurité.
    — Il refuse de bouger, explique Gil à voix basse. Immobile sous la bouche d’égout, Paul scrute l’écran de son bipeur. Un peu de neige fondue coule à travers la grille. Il y a du mouvement au-dessus de nos têtes.
    — On va se faire prendre, dis-je dans un murmure.
    — Il prétend qu’il ne capte pas ailleurs, rétorque Gil.
    — Bill n’a jamais fait ça auparavant, remarque Paul d’une voix à peine audible.
    Je lui prends le bras, mais il se dégage d’une secousse. Il nous montre l’écran argenté de son bipeur. On distingue clairement trois chiffres : 911.
    — Et alors ? s’énerve Charlie.
    — C’est un code entre nous, s’impatiente Paul. Il a dû trouver quelque chose. Il faut absolument que j’y aille.
    Les gens qui marchent sur nos têtes projettent de la neige à travers la grille. Charlie semble de plus en plus tendu.
    — C’est du pipeau, conclut-il.
    Il est interrompu par la vibration du bipeur. Le message ressemble à un numéro de téléphone : 116-7718.
    — C’est quoi, ça ? demande Gil.
    Paul renverse l’écran. Aux chiffres se substituent des lettres, et nous déchiffrons un message : BILL-911.
    — Il faut que je sorte tout de suite, gronde Paul.
    — Pas par là, objecte Charlie en levant la tête vers la grille. On ne sera pas tranquilles.
    — Paul envisage de passer par l’Ivy, explique Gil. C’est trop loin, mais on peut rebrousser chemin jusqu’à Clio. Les proctors ne se relaient pas avant quelques minutes.
    Au loin, des paires de petites billes rouges s’assemblent peu à peu. Les rats, assis sur leurs pattes arrière, nous observent.
    — Mais qu’y a-t-il de si important, Paul ?
    — On a découvert un truc énorme et…
    Charlie l’interrompt :
    — D’accord, j’ai pigé, Clio est encore la meilleure solution. Il jette un coup d’œil à sa montre.
    — 19 h 24, on a intérêt à bouger.
    Nous lui emboîtons aussitôt le pas.

Chapitre 3
    Les pierres remplacent peu à peu le béton, mais la sensation est toujours aussi oppressante. Je me souviens de mon père m’expliquant l’étymologie du mot sarcophage. Du grec sarkophagos, c’est-à-dire mangeur de chair, parce que les cercueils des Grecs étaient composés de pierre calcaire qui finissait par ronger le corps tout entier, à l’exception des dents, en moins de quarante jours.
    Gil nous devance maintenant d’une bonne vingtaine de pas. Familier du terrain comme Charlie, il avance rapidement. La silhouette de Paul tour à tour apparaît et disparaît dans la lumière. Quand je vois ses cheveux mouillés, plaqués sur son front, je me rappelle qu’il n’a pas dormi depuis plusieurs jours.
    Un peu plus loin,
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