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La règle de quatre

La règle de quatre

Titel: La règle de quatre
Autoren: Ian Caldwell
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stratégie.
    Je réfléchis quelques secondes.
    — Bien. Quelle est l’entrée la plus proche de l’endroit d’où ils sont partis ?
    — Il y en a une derrière Clio, m’informe Charlie.
    Cliasophic est le surnom donné au bâtiment de Princeton où se tiennent, tradition oblige, les débats et les joutes oratoires chers aux grandes universités américaines. J’essaie d’évaluer nos positions respectives, mais la chaleur m’embrouille les idées.
    — Sauf erreur de ma part, le tunnel qui part de Clio conduit en ligne droite jusqu’ici. Nord, sud.
    Charlie hésite un moment. La géographie n’est pas son fort.
    — Exact, admet-il enfin.
    — Et Paul ne va jamais droit au but.
    — Exact.
    J’imagine Paul, toujours partisan des stratégies retorses.
    — Alors, c’est ce qu’il fera, dis-je. Il viendra directement de Clio à ici. Et, avant qu’on ait eu le temps de se préparer, il nous aura tiré dessus.
    — Ouais, soupire Charlie.
    Il fronce les sourcils, le regard lointain. Un sourire se dessine sur ses lèvres.
    — Il suffit de les contourner, dis-je. On les surprendra par l’arrière.
    — Bien joué, Tom !
    L’œil de Charlie s’illumine. Il me tape dans le dos assez fort pour que, encombré par le poids de mon sac, je perde momentanément l’équilibre.
    — Allons-y, ajoute-t-il.
     
    Nous avançons dans le tunnel quand la radio émet un drôle de sifflement.
    Je saisis le combiné accroché à ma ceinture et j’appuie sur le bouton.
    — Gil ?
    Silence.
    — Gil ? Je ne t’entends pas.
    Toujours pas de réponse.
    — Ce n’est rien, grogne Charlie. De toute façon, ils sont trop loin pour qu’on capte.
    Je répète ma question dans le micro. En vain.
    — Tu m’avais raconté que ce truc captait à quatre kilomètres. Ils sont à moins de deux kilomètres.
    — Quatre kilomètres à l’air libre, rectifie Charlie. À travers le béton et la terre, ça n’a plus rien à voir.
    Nous avançons d’une centaine de mètres sans prononcer un mot, en évitant les flaques de boue et les petits monticules d’immondices. Charlie m’agrippe soudain par le col de la chemise et me tire violemment en arrière.
    — Qu’est-ce que tu fais, merde ! dis-je en tentant de récupérer mon équilibre.
    Il braque le faisceau de sa lampe de poche sur une passerelle de bois qui enjambe un trou assez profond. Ce n’est pas la première fois que nous passons par ici.
    — Il y a un problème ?
    Il appuie doucement le pied sur la passerelle.
    — Non, ça va, soupire-t-il. Heureusement, l’eau ne l’a pas abîmée.
    J’ai le front trempé de sueur.
    — On continue, décrète-t-il.
    Charlie traverse la passerelle en deux grandes enjambées. Si je veux arriver sain et sauf de l’autre côté du trou, je n’ai pas le choix : je le suis.
    — Tiens, lance-t-il en me tendant une bouteille d’eau. Bois un peu.
    J’avale quelques gorgées avant de le suivre dans la profondeur des tunnels. À perte de vue, dans toutes les directions, les murs sombres convergent discrètement vers une lueur imperceptible dans l’obscurité. On a la sensation d’évoluer à l’intérieur d’un long cercueil.
    — C’est partout comme ça dans cette section des tunnels ? On dirait des catacombes.
    J’ai l’impression que le combiné de la radio envoie des décharges qui me parasitent le cerveau.
    — Des quoi ? s’étonne Charlie.
    — Catacombes. Enfin, des tombes, quoi.
    — Pas vraiment. Dans les parties récentes, les parois sont en tôle ondulée, m’explique-t-il en mimant une vague pour mieux décrire la surface du métal. On dirait qu’on marche sur une cage thoracique. Comme si on avait été avalé par une baleine géante. Un peu comme…
    Il claque des doigts, cherche la comparaison idéale, une métaphore biblique, voire melvillienne, qui lui viendrait de son cours de littérature anglaise.
    —… comme Pinocchio !
    Il est déçu de ne pas me voir éclater de rire.
    — Ce n’est plus très loin, ajoute-t-il en reprenant la marche. Ne t’inquiète pas, on les coincera juste à l’angle et ce sera fini.
    La radio crépite de nouveau. Cette fois, pas de doute, c’est la voix de Gil.
    « Game over, Charlie. »
    — Qu’est-ce que ça signifie ?
    Charlie fronce les sourcils. Il attend que Gil répète le message, mais le combiné reste silencieux.
    — Je ne marche pas, siffle-t-il entre les dents.
    — Comment, tu ne marches pas ?
    —  Game over. Ça
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