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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler
Autoren: Ron Hansen
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Hitler le privilège de le prendre ou de le cajoler ; d’ailleurs
leurs conversations étaient toujours plus faciles si Adolf en était le sujet. Klara
Pölzl était bonne chez les Hitler lorsqu’elle s’était trouvée enceinte d’Aloïs,
son oncle, qui l’avait épousée quatre mois plus tard, au décès de la mère d’Angela.
Plus jeune que son mari de vingt-trois ans, la docile Klara ne le considéra
jamais autrement que comme un être supérieur et tout au long de leur vie
commune, elle appela son tyrannique époux « mon oncle ». S’il était
absent et qu’elle avait besoin de gronder, Klara n’avait qu’à désigner le
râtelier de pipes d’écume de mer et de calebasses, symboles de l’autorité
paternelle. Angela raconta à Geli que la famille avait vécu trois ans à Passau
am Inn en Allemagne du Sud, et qu’elle avait souvent entendu Adolf parler de
son enfance dans cet endroit comme des années les plus heureuses de sa vie. D’ailleurs,
il avait encore une pointe d’accent bavarois. Elle lui avoua qu’à douze ans, elle
s’était entraînée à embrasser sur son petit frère, et que lorsqu’elle était
tombée passionnément amoureuse d’un garçon du lycée qui ignorait jusqu’à son
existence, elle avait trouvé une consolation en retournant son affection sur
Adolf, en lui faisant des mamours, en lui répétant combien il était beau, doué
et intelligent, à quel point tout lui était dû. Oh, comme elle l’avait adoré
alors ! Même leur père, Aloïs, qui était difficile à satisfaire et dont
les critiques incessantes avaient fait fuir de la maison son fils aîné, Aloïs
junior, même son père était outrageusement fier d’Adolf et rebattait les
oreilles de ses amis avec les excellentes notes que son fils obtenait à l’école
bénédictine de Lambach, sa superbe voix de ténor lorsqu’il chantait à l’église,
sa mémoire pour les faits de toutes sortes et ses dons artistiques. Mais Adolf
ne se souvenait que des réprimandes de son père, de ses critiques, de ses
raclées.
    — Il ne retient que la sainteté de sa
mère, dit Angela. Tu penseras toujours que je suis une sainte ? demanda-t-elle.
    — Mmm, mmm, fit Geli avec un sourire.
    À la Hauptbahnhof, la gare centrale de
Munich, Angela demanda à une femme qui vendait des bijoux d’occasion sur une
couverture où demeuraient les écrivains et les artistes.
    — Vous les trouverez tous à Schwabing, lui
dit celle-ci.
    Elle prit donc le tram avec sa petite fille
pour un trajet d’environ huit cents mètres, et descendit devant le premier café
du quartier. Là, Angela entreprit de montrer aux passants une vieille photo d’un
Hitler morose à la Realschule de Steyr. Au bout d’une heure, devant un
cabaret appelé Les Onze Bourreaux, elle avait trouvé un caricaturiste de rue à
la barbe blanche, qui, une fois certain qu’il n’avait pas affaire à une
créancière, lui raconta que, bien qu’il ne fût pas particulièrement ami avec
Adolf Hitler, il leur arrivait de discuter du communisme ensemble, et qu’Adolf
devait vendre ses aquarelles d’après cartes postales à la galerie d’art Stuffle,
Maximilianstraße. Et à la galerie elle apprit enfin que son demi-frère vivait
au 34, Schleissheimerstraße, au-dessus de la boutique de tailleur de Josef Popp.
    C’est une sympathique Frau Elisabeth Popp qui
souhaita la bienvenue en Allemagne à Angela et Geli, et, juste pour confirmer
qu’il s’agissait bien du même Herr Hitler, sortit une fiche qu’il avait remplie
de son écriture rapide et cinglante le 25 mai 1913 : « Adolf Hitler, peintre
d’architecture originaire devienne. »
    — Un vrai charmeur autrichien, dit la
propriétaire. Si chevaleresque et amusant. Mais également très mystérieux !
On ne sait jamais ce qu’il a en tête.
    Frau Popp pensait qu’il était sorti, mais les
emmena dans sa chambre meublée au deuxième étage pour qu’elles l’y attendent. Elle
confia à Angela qu’elle n’avait pas de souci à se faire, Herr Hitler était
tranquille, agréable, serviable et délicat, de plus elle ne l’avait jamais vu
avec des kangourous.
    Angela trouva ce compliment plutôt étrange, jusqu’à
ce qu’elle comprenne que kangourou était un mot d’argot pour désigner une
prostituée.
    La propriétaire ouvrit la porte avec un
passe-partout.
    — Il lui arrive souvent de rester chez
lui plusieurs jours d’affilée, sans pratiquement boire ni manger, le nez dans
ses
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