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La nièce de Hitler

La nièce de Hitler

Titel: La nièce de Hitler
Autoren: Ron Hansen
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le sofa à côté
de tante Johanna au moment où Kubizek attaquait la Symphonie nº 7.
    Angela fit basculer la bergère vers l’arrière
pour la tirer vers le sofa, et s’assit avec le petit Léo sur ses genoux.
    Tous écoutèrent en silence pendant quelques
minutes. Puis tante Johanna se pencha vers Angela et lui chuchota à l’oreille :
    — Adolf m’a demandé son héritage.
    — Quel héritage ?
    — Ce que j’ai l’intention de lui laisser
quand je ne serai plus là – il le veut maintenant. Et ta part également. Il dit
qu’il remboursera tout en temps voulu.
    Angela posa sur le sol le remuant bambin.
    — Et qu’avez-vous répondu ?
    — Que je ne savais pas ce qui était pire,
son avidité ou son effronterie.
    — Vous parlez de moi ? demanda Hitler.
    Les mains derrière le dos, il écoutait son ami,
mais son regard était dirigé vers les deux femmes.
    — Tu n’as donc pas de morale ? demanda
Angela.
    Hitler se tourna à nouveau vers son piano à
queue.
    Trop beschwipst pour faire attention à
la musique, l’évêque s’adressa à tante Johanna.
    — Pölzl, c’est de quelle nationalité ?
demanda-t-il.
    — Morave, répondit-elle. Tchèque.
    — Comme Hitler, pensons-nous, ajouta
Angela. Ça vient d’Hidlar, ou Hidlarèek. Ce qui veut dire « petit
propriétaire ». La sœur de tante Johanna et mon père étaient tous les deux
de la région autrichienne de Waldviertel.
    — Du village de Spital, précisa tante
Johanna.
    — Près de la frontière tchécoslovaque.
    — Je vois, dit l’évêque en croisant les
mains sur son ventre.
    Kubizek se rendit compte qu’ils parlaient et s’arrêta
après les premières pages de la partition.
    — Bref, vous voyez l’idée, dit-il sans se
formaliser.
    — Continue, Gustl ! s’exclama Hitler.
    — Il fait trop chaud pour se concentrer.
    L’évêque était toujours intéressé par la
généalogie.
    — Et quel était le nom de votre
grand-mère, Angela ?
    — Du côté de mon père ? Maria
Schicklgruber.
    — Un nom bien autrichien. Et votre
grand-père ?
    Hitler apparut alors, les mains croisées sur
le bas-ventre, une veine de colère se tortillant sur son front.
    — C’est une confession ? Publique ?
    — Attention à ce que tu dis, l’avertit
Raubal.
    — On ne sait pas, répondit Angela au
prêtre.
    L’évêque réfléchit un instant avant de
comprendre.
    — Votre père était illégitime ?
    — Nous avons entendu dire, commença
Raubal, que leur grand-mère était bonne chez un homme…
    — Tu n’en sais rien ! hurla Hitler. Ce
sont des ragots ! De la spéculation imprudente !
    — Pourquoi fais-tu toujours autant de
bruit ? demanda Raubal avant de poursuivre : chez un homme du nom de
Frankenberger, et qu’elle est tombée enceinte. Du patron ou du fils, nous ne
sommes pas sûrs.
    — Tu n’es sûr de rien du tout. Ce n’est
pas la vérité.
    — Cela arrive si fréquemment, dit le
vieux prêtre. Une jeune fille pauvre. Et l’ennui, la présence d’un garçon de
son âge, l’appât de la richesse.
    — On s’en va, Gustl, annonça Hitler en
allant chercher sa veste, son chapeau haut de forme en soie, sa canne à pommeau
d’ivoire.
    — Nous changerons de sujet, promit l’évêque.
    Angela se leva.
    — Ne sois pas comme ça, Adolf.
    — Comment veux-tu que je sois ? Sans
vergogne ?
    — Au revoir, oncle Adolf ! dit Léo
junior en agitant la main.
    Hitler vissa son haut-de-forme sur son crâne
et se pencha sur sa canne en demandant avec un faux sourire :
    — Et Frankenberger, monseigneur, quel
genre de nom est-ce ? Pourquoi vous êtes-vous abstenu de poser la question ?
Je me demande si c’est juif ?
    — Ça se pourrait.
    — J’ai rarement passé un après-midi si
désagréable, dit Hitler en s’arrêtant devant la porte d’entrée. Mais cela ne se
reproduira plus. Je ne veux plus rien avoir à faire avec ma famille.
    Sur ce, il s’enfuit de la maison sous les
sifflets et les applaudissements de Léo Raubal.

II
34, Schleissheimerstraße, 1913
    À l’automne 1913, craignant qu’Adolf ne soit
mort ou mourant, Angela Raubal laissa Léo junior avec Paula et emmena sa fille
de cinq ans à Munich, dans l’espoir de retrouver son demi-frère recherché par
les autorités fédérales d’Autriche pour défaut de présentation au service
militaire.
    Angela avait alors trente ans et était veuve
depuis trois ans. Léo Raubal avait succombé brutalement à un
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