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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur
Autoren: Jean Markale
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sois ou que tu ne sois pas, dis-moi du moins où tu es. – Je suis en un très beau lieu et j’y resterai jusqu’à ce que soit accomplie la prophétie de Merlin. Ensuite, j’irai dans un autre lieu encore plus beau et plein de délices, jusqu’à ce que Dieu récompense ceux qui lui ont été fidèles, malgré les tourments et les erreurs de la vie. »
    Bohort ne savait que penser de tout ce discours. « Écoute-moi bien, roi Bohort, reprit celui qui affirmait être Balin, car je ne saurais demeurer davantage et vais être obligé de te quitter : si tu m’en crois, passe la nuit sous l’arbre où tu te trouves. Prends l’une des fleurs que tu vois dans l’herbe et place-la sur ta poitrine, elle te garantira contre tout ce qui pourrait arriver. Sache que, cette nuit, tu verras d’étranges choses, mais garde-toi bien de répondre lorsqu’on t’appellera par ton nom et que des gens t’inviteront à les rejoindre. Si tu veux rester en vie, il faudra te retenir de les rejoindre, car tu serais alors frappé d’un coup mortel et par une arme telle qu’il n’est nul médecin au monde qui puisse en guérir même une égratignure. Demeure sous l’arbre, tu n’y risqueras rien, car son ombre, ainsi que l’odeur de ses fleurs, te protégeront. Et quand viendra le matin, tu sauras ce que tu dois faire. Maintenant, je te recommande à Dieu. » Ayant ainsi parlé, le chevalier disparut derrière les murs écroulés de la forteresse, et Bohort se retrouva seul.
    Il attacha son cheval à l’arbre et décida de dormir là. Il ramassa l’une des fleurs et la respira : elle répandait une senteur d’une suavité telle que l’on se croyait en un lieu céleste, et si nourrissante que l’on n’avait plus envie ni de boire ni de manger. Bohort alors s’allongea sous l’arbre et plaça la fleur sur sa poitrine.
    Une fois bien noire la nuit, il vit venir des jeunes gens et des serviteurs qui, dans la prairie, se mirent en devoir de dresser des pavillons, des tentes et des auvents de soie. Il vit ensuite venir à cheval des dames et des jeunes filles magnifiquement vêtues et qu’escortait une grande débauche de torches et de cierges, au son de vielles et de beaucoup d’autres instruments. À la suite des dames, il vit également s’avancer des chevaliers et des seigneurs, les mieux équipés qu’il eût jamais vus dans nulle cour, même celle du roi Arthur. Chacun mit pied à terre devant sa tente, et, après avoir pris un peu de repos, tous commencèrent un tournoi d’aspect aussi beau que plaisant. Au bout d’un moment, ils se mirent à crier d’une voix forte : « Où est le roi Bohort ? Pourquoi n’est-il pas à ce tournoi ? »
    Alors, les chevaliers qui fuyaient devant ceux qui les poursuivaient se précipitèrent vers l’arbre sous lequel était allongé Bohort, et ils s’écrièrent, de plus en plus fort : « Roi Bohort ! noble créature, seigneur, pitié ! Aide-nous contre nos ennemis, car si nous sommes défaits devant toi, dont nous implorons la pitié et à qui nous demandons si instamment de l’aide, tu en seras blâmé tous les jours du monde, aussi bien après ta mort que durant ce qui te reste à vivre ! »
    Ils insistèrent tellement que la pitié s’empara de Bohort, et il en oublia les conseils de celui qui prétendait être Balin. Il se leva et commença à équiper son cheval. Mais à peine s’apprêtait-il, ayant bridé et sellé sa monture, à se lancer dans cette folle entreprise qu’il entendit une cloche sonner, à travers les arbres, non loin de là. Au premier son de cette cloche, le tournoi s’évanouit si merveilleusement que Bohort ne put voir ni savoir ce qu’étaient devenus dames et chevaliers, tentes et pavillons. En un clin d’œil, tout avait disparu, et Bohort se retrouva seul sous les murailles de la forteresse en ruine, tandis que la lumière du jour se faisait de plus en plus claire.
    Se souvenant alors de l’avertissement qu’on lui avait donné, il enfourcha son destrier et décida d’aller dans la direction d’où était venu le son de la cloche. Il n’en était pas moins fort intrigué par ce qu’il avait vu pendant la nuit. Il chevaucha jusqu’au moment où il arriva près d’un très beau perron surmonté d’une croix. Il examina le perron avec attention et y découvrit des lettres gravées. Il les déchiffra facilement et voici ce qu’il put comprendre : « Toi qui me lis, apprends de moi qu’il existe trois grands
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