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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur
Autoren: Jean Markale
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malheurs en ce monde. Le premier consiste à ne connaître nul bien et à n’en pas vouloir apprendre. Le deuxième consiste à connaître le bien, mais à ne le point mettre en œuvre, ni pour soi-même ni pour autrui. Le troisième consiste à connaître le bien et à réprimander autrui sans se priver soi-même de mal faire. » Et l’inscription du perron ajoutait : « Si tu veux trouver une réponse à tes questions, chevauche vers la droite et ne t’attarde plus ici aujourd’hui. » {95}
    Sans plus attendre, Bohort dirigea son cheval vers la droite. Il sortit bientôt de la forêt et aborda une grande prairie dans laquelle il s’engagea. C’est alors qu’une nombreuse troupe de corbeaux surgit du ciel et s’en vint tournoyer autour de lui. Sans être agressifs, les oiseaux semblaient vouloir l’entourer pour lui signifier quelque chose. Il les regarda attentivement et les vit se rassembler de manière à former une flèche, laquelle désignait une colline qui se dressait de l’autre côté de la prairie. Bohort alla résolument de ce côté. Il parvint dans une vallée étroite d’où dévalait un torrent impétueux. Les oiseaux remontèrent le courant et Bohort les suivit. Peu après, il atteignit une sorte de clairière où se dressaient trois maisons solidement bâties en pierre grise, auprès d’une fontaine sur la margelle de laquelle se tenait assise une femme. Bohort, s’approchant de celle-ci, remarqua qu’elle était très vieille et avait des cheveux d’une blancheur étincelante.
    Il mit pied à terre, la salua courtoisement, mais elle ne bougea pas. Elle ne paraissait même pas avoir remarqué sa présence. Il lui demanda qui elle était et dans quel endroit il se trouvait. Elle ignora ses questions, comme si elle était sourde, et, sans même tourner la tête vers lui, parut poursuivre une intense méditation. Alors, sur le seuil d’une des maisons, il aperçut deux hommes qui, assis, devisaient entre eux. Tirant son cheval par la bride, il s’approcha d’eux et les salua. L’un des hommes alors bondit sur ses pieds et se précipita à sa rencontre en s’écriant : « Bohort ! Quelle joie de te revoir ! »
    Bohort l’examina et, malgré la longue robe grise qui le vêtait, malgré la barbe qui lui déparait le visage, finit par le reconnaître et, à son tour, s’exclama : « Girflet ! mon ami ! Quelle surprise de te retrouver en cet endroit ! » Tout heureux de leur rencontre, ils se donnèrent l’accolade. « Girflet, dit Bohort, je ne t’ai plus revu depuis la bataille de Caerwynt. Qu’est-il advenu de toi durant tout ce temps ? » Girflet demeura un instant silencieux. « Ce serait bien long à t’expliquer, dit-il enfin. Sache cependant qu’après la bataille, je suis parti comme un fou dans la forêt, bien décidé à tout ignorer désormais des affaires de ce monde-ci. C’est ainsi que je me suis retrouvé ici, où je vis depuis lors. – Mais où sommes-nous ? demanda Bohort.
    — Dans la forêt de Kelydon, répondit Girflet. Les maisons que tu vois furent construites pour Merlin, alors que, frappé de folie, il errait dans la forêt, avec pour seule compagnie les bêtes sauvages et les oiseaux. C’est la sœur de Merlin, celle qu’on appelle Gwendydd, qui en ordonna l’agencement, car elle voulait que son frère disposât d’un abri contre les rigueurs de l’hiver. Il y vint bien souvent, avec le loup gris qui ne le quittait jamais, et il conversait avec l’ermite Blaise à qui il dictait le récit des événements qui ont précédé le règne d’Arthur. Mais voilà bien longtemps que Merlin ne vit plus au milieu des hommes. Avant de s’éloigner pour jamais, il a transmis ses pouvoirs à sa sœur Gwendydd, la femme que tu as vue au bord de la fontaine, et qui a maintenant le don de prophétie, ainsi qu’à Taliesin, le barde, qui a tant chanté les hauts faits des hommes de Bretagne. » À ces mots, l’homme qui était assis au seuil de la maison se leva et vint saluer Bohort. « Sois le bienvenu, dit-il, Bohort, toi qui, pour avoir été l’un des témoins de l’aventure du saint Graal, pus révéler au monde que la coupe d’émeraude avait maintenant disparu de cette terre. »
    Bohort salua Taliesin, puis il demanda : « Mais pourquoi la sœur de Merlin ne répond-elle pas quand on lui parle ? – Elle demeure ainsi toute la journée, dit Taliesin, et elle ne s’exprime que lorsque l’esprit divin souffle sur elle.
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