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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur
Autoren: Jean Markale
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Attends seulement la fin de la nuit pour t’échapper, car, à ce moment-là, tes gardes auront succombé au sommeil. » Et la jeune fille s’en alla par l’escalier secret.
    Quand il vit le jour sur le point de se lever, Lancelot revêtit son haubert et attacha soigneusement son heaume. Puis, son bouclier au cou et son épée à la main, il s’engagea dans l’escalier. Il déboucha dans la cour, n’eut aucune peine à y repérer la citerne, y descendit et s’engagea dans un sombre corridor. Il parvint ainsi dans une vaste salle éclairée par des torches et où se trouvait le lion dont la jeune fille lui avait parlé. Dès qu’il le vit, le fauve se mit à rugir et l’attaqua si vivement que Lancelot ne parvint qu’à grand-peine à l’acculer enfin contre la paroi du fond et à lui plonger sa lame dans le poitrail. Une fois défait de cet adversaire, Lancelot reprit sa marche, et le corridor le mena dans une seconde salle où les griffons, dès qu’ils l’aperçurent, se préparèrent à bondir sur lui en poussant d’horribles grognements.
    Or, il lui suffit de montrer aux griffons le petit chien que la jeune fille lui avait confié pour que les monstres, immédiatement, cessent de gronder et se couchent sur le sol dans une attitude respectueuse, voire servile. Ainsi Lancelot traversa-t-il sans encombre la salle et, empruntant un autre couloir, déboucha-t-il à l’air libre parmi les arbres d’un verger merveilleux. Le soleil commençait à paraître et, dans la lumière rose du matin, Lancelot aperçut la fille du seigneur qui l’attendait.
    Comme il essuyait son épée, rougie du sang du lion, sur l’herbe fraîche, la jeune fille s’approcha. « Seigneur, dit-elle, serais-tu blessé quelque part ? – Non, demoiselle, Dieu merci. » Elle n’en persistait pas moins à l’examiner attentivement, et finit par reprendre : « Chevalier, il me semble que tu es bien triste ! – Non sans motif, répondit-il. J’ai perdu l’un des êtres que j’aimais le plus en ce monde. – Mais, reprit-elle, tu m’as gagnée, moi qui suis la plus belle femme du royaume ! Ne voudrais-tu donc pas de moi ? Je t’ai pourtant sauvé la vie dans le seul espoir que tu m’accordes ton amour. Le mien, sache-le, je te le donne sans réserve, et quelque attitude qu’adopte mon père à ton égard. »
    Lancelot fut de nouveau très embarrassé. « Demoiselle, répondit-il, je te suis très reconnaissant de tout ce que tu as fait pour moi. Sache que j’apprécie vivement ton amour et ta bienveillance. Mais ni toi ni nulle autre ne pourriez plus avoir confiance en moi si j’oubliais si vite l’amour de celle qui a toujours dominé mon cœur grâce à ses vertus et à sa courtoisie. Jamais de ma vie je n’aimerai une femme comme je l’ai aimée, et je puis seulement recommander toutes les autres à Dieu. Aussi vais-je maintenant prendre congé de toi en t’assurant que je me mettrais volontiers à ton service Si tu avais besoin que j’intervinsse, en quelque circonstance que ce soit, pour préserver ton honneur ou ta vie.
    — Ah ! Dieu ! s’écria la jeune fille, quelle déception que de perdre ainsi le meilleur chevalier du monde ! Oh ! Lancelot, toi qui as conquis le droit de me posséder, alors qu’aucun chevalier n’y était jamais parvenu, combien je suis triste que tu m’échappes, alors que moi je t’ai sauvé la vie ! Je préférerais te voir mort et en mon pouvoir plutôt que de te savoir vivant auprès d’une autre femme. À présent, je regrette que l’on ne t’ait pas coupé la tête : elle figurerait à côté de toutes les autres, et je pourrais la contempler autant que je voudrais ! » Sur ce, elle se mit à pleurer d’abondance, et Lancelot, de plus en plus gêné, s’empressa de la remercier de nouveau, puis, non sans la recommander à Dieu, bondit en selle et, par une porte qui s’ouvrait dans le mur du verger, entra directement dans la forêt.
    Une fois le jour bien levé, le seigneur des Griffons se rendit quant à lui dans la cour et ordonna d’amener Lancelot. Il s’imaginait en effet que celui-ci n’osait se présenter spontanément par crainte de la mort. « Eh bien ! dit-il à ses chevaliers, puisqu’il ne veut pas descendre, montons lui trancher la tête là-haut ! » Interloqué par la chambre vide, il le fit rechercher partout à travers la maison et, constatant que c’était en vain : « Ah ! dit-il enfin, il a sans doute tenté de
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