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La grande Chasse

La grande Chasse

Titel: La grande Chasse
Autoren: Heinz Knoke
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1941.
    L'état d'alerte commence à quatre heures du matin. La voiture du chef nous transporte de la petite localité de Middelkerke où nous sommes logés, au terrain encore envahi par la brume.
    On approvisionne les armes de mon appareil. Je lance le moteur qui tourne rond, avec un vrombissement égal.
    — Les pilotes, au bureau du chef !
    Rech annonce le programme de la journée. L'escadrille fera deux sorties de chasse libre au-dessus de la côte sud de l'Angleterre. Premier décollage à 8 heures, second vers 17 heures. Dans l'intervalle, l'escadrille restera en état de pré-alerte, afin de pouvoir remplir toute mission imprévue dont on pourrait la charger La 4e escadrille, notre voisine de terrain, maintiendra une section de quatre appareils en état d'alerte « assise » (pilotes installés dans leurs appareils, prêt. à décoller sur-le-champ).
    Pour la première sortie, je ferai partie de la 3e section, conduite par l'adjudant-chef Grünert. C'est un Berlinois flegmatique, pince-sans-rire, aussi peu martial que possible. Il a toujours l'air d'étouffer un bâillement.
    L'amphi terminé, tout le monde resquille une heure de sommeil, dans les fauteuils et transatlantiques du mess. Seul de tous, je suis incapable de dormir. Passablement ému, je sors pour arpenter les pistes, regarder les avions, inspecter le ciel. Quelques « rampants » me considèrent d'un air narquois. Revenu au mess, j'essaie vainement de m'intéresser aux revues entassées sur les tables. Après une dizaine de missions, je pourrai sans doute dormir, moi aussi. Comme j'envie les camarades qui ronflent tranquillement !
    Vers 7 heures, un ordonnance apporte, dans deux paniers, un petit déjeuner copieux. J'ai une faim de loup.
    Le lieutenant Rech enfile son gilet de sauvetage.
    — Encore dix minutes jusqu'au départ, annonce-t-il. Allons-y !
    Dehors, les rampants sortent les avions de leurs abris camouflés. Mon zinc se trouve à l'extrémité opposée du terrain, à côté de celui de Grünert. Je suis l'adjudant-chef qui, court sur pattes, se dandine comme un canard et bâille sans retenue.
    — S'il y a de la bagarre, arrangez-vous pour rester toujours à côté de moi, mon lieutenant. Autrement, vous risquez qu'un Spitfire vous brûle ce beau pantalon neuf.
    7 h. 55. Je m'attache, avec l'aide d'un mécanicien.
    7 h 58. J'ai un trac fou. Le chef lève le bras. Je lance le moteur. Le mécanicien referme le hublot du cockpit.
    Mon moteur démarre aussitôt. L'un après l'autre, les appareils roulent sur la piste. Une minute plus tard, l'escadrille au complet a pris l'air.
    Rech vire immédiatement vers la mer. La visibilité est mauvaise, une épaisse couche de nuages plane à tout au plus cent cinquante mètres. Au bout de quelques secondes, le brouillard a déjà happé la côte. Mon zinc est assez lent. Je suis obligé d'accélérer pour ne pas rester en arrière.
    Nous nous dirigeons droit vers l'ouest, volant presque au ras des vagues. La mer est plate et déserte. On ne voit pas un seul bateau de pêche.
    La radio reste silencieuse.
    Devant nous, émerge une bande grise — la côte anglaise. Nous la franchissons au nord de Deal.
    Pendant quelques minutes, Rech nous entraîne vers l'intérieur des terres, en direction de Canterbury. Puis, il oblique pour suivre une voie ferrée. Dans les villages, les gens s'attroupent et lèvent la tête pour nous regarder. Dans cette brume, ils doivent nous prendre pour des Spitfire.
    Soudain, sur notre gauche, surgissent des jets de traceuses orange. Rech dérape brutalement et pique sur un objectif que je n'arrive même pas à deviner. Puis, mon chef de section pique à son tour et mitraille une tache grise. A présent, je distingue une position de D.C.A. — des sacs de sable autour d'un canon de 20 mm., à affût quadruple. Une gerbe de balle passe juste devant le nez de mon appareil. Je descends très bas — encore plus bas — jusqu'à raser les ondulations d'un champ d'avoine. Grünert, après un rapide dégagement, attaque de nouveau. D'un geste nerveux, j'arme mes mitrailleuses et allume le collimateur. Autour de moi, les colliers des traceuses s'enchevêtrent de plus en plus, tissant une toile inquiétante devant le ciel gris.
    Crispé, ahuri, m'efforçant désespérément de suivre les manœuvres rapides de Grünert, je ne parviens pas à placer une seule rafale. A chaque instant, je m'attends à voir surgir du brouillard des nuées de Spitfire.
    Tout à coup, l'infernal
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