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La fin Allemagne 1944-1945

La fin Allemagne 1944-1945

Titel: La fin Allemagne 1944-1945
Autoren: Ian Kershaw
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guerre (sous entendu, ils auraient pu l’y contraindre). Speer pensait à une démarche émanant de Göring, Keitel, Jodl, Dönitz, Guderianet lui-même  1318 . La proposition, il le savait, était absurde  1319 . Le groupe qu’il mentionnait était divisé individuellement et structurellement. En tout état de cause, hormis son éloignement croissant et celui de Guderian, tous étaient ultra-loyalistes. Trois d’entre eux approuvaient avec ferveur l’ordre hitlérien de « tenir ».
    Affronter Hitlerdans quelque instance organisée que ce fût, politique ou militaire, était totalement impossible. La dissolution de toutes les structures collégiales de gouvernement, qui avait été amorcée dès le début du III e  Reich et n’avait fait que se renforcer au cours de la guerre, l’interdisait. En juillet 1943, la déposition de Mussoliniétait venue du sein de son organisation, le Grand Conseil fasciste. Et au-dessus de Mussolini existait, tout au moins en principe, une autre personne à laquelle on devait être loyal : le roi d’Italie. Il n’y avait pas de telles structures dans l’Allemagnenazie. Hitler était chef de l’État, commandant en chef des forces armées, chef du gouvernement et chef du Parti. Il s’était systématiquement opposé aux demandes visant à rétablir une forme de gouvernement collégial et à créer un Sénat du parti nazi qui aurait décidé, entre autres choses, de sa succession. Les Gauleiterétaient périodiquement appelés à se réunir, mais ce n’était que pour entendre ses discours. Même au sein des forces armées, il existait une division préjudiciable entre le Haut Commandement de la Wehrmacht (responsable des opérations, hors front Est) et le Haut Commandement de l’armée de terre (qui ne s’occupait que du front Est).
    Que Hitlerfût non seulement commandant suprême de toute la Wehrmacht, mais aussi commandant en chef de l’armée de terre ne faisait qu’aggraver le problème. En comparaison des autres régimes autoritaires, la personnalisation du pouvoir était poussée à l’extrême dans le régime hitlérien. Les structures du pouvoir, qui étaient plus ou moins pénétrées des valeurs idéologiques nazies, étaient toutes liées à Hitler et tenaient leur légitimation de son « autorité charismatique ». La fragmentation de la gouvernance reflétait la nature de son pouvoir absolu, même quand celui-ci commença à décliner dans les toutes dernières semaines. Et si son aura de chef charismatique avait fortement faibli auprès des masses depuis le milieu de la guerre, la fragmentation de toutes les instances dirigeantes placées sous son contrôle, qui avait été dès le début la marque du pouvoir charismatique, dura jusqu’à la fin. C’est une des raisons fondamentales qui expliquent pourquoi l’effondrement du régime n’eut pas lieu plus tôt, et pourquoi il n’y eut pas de recours à un règlement négocié, en lieu et place d’un cheminement inexorable vers l’autodestruction.
    La tournure d’esprit de l’élite dirigeante s’était accordée à la forme charismatique de cette domination et sous-tendait les déterminants structurels qui empêchaient de défier Hitler. Parmi les dirigeants nazis, les liens personnels forgés à une époque antérieure avec Hitler se révélèrent presque impossible à rompre, même quand le halo d’infaillibilité inscrit dans le culte de la personnalité s’estompa. Il en allait de même de la dépendance absolue envers Hitler pour les positions de pouvoir. Speer, il est vrai, prit ses distances, mais très tardivement, et encore éprouva-t-il dans les tout derniers jours la nécessité impérieuse de risquer un dernier saut, aussi vain que périlleux, au bunker pour faire des adieux personnels au chef qu’il avait idolâtré. Même s’il fit les frais de la fureur de Hitler à cause de l’échec de la Luftwaffe,Göringne rompit jamais avec lui. La décision de le démettre de toutes ses fonctions, le 23 avril, fut l’effet d’un malentendu délibérément exploité par Bormann, l’un des ennemis jurés du maréchal du Reich. Bormann lui-même resta le fidèle bras droit de son maître, qui traduisait les tirades et explosions de Hitler en ordres et en règlements bureaucratiques. Himmlerétait le bras armé de la répression. Certes, il suivit furtivement, au cours des derniers mois, sa propre voie lorsqu’il essaya de se placer pour conserver un poste de pouvoir dans un
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